Farida Foodista est une véritable passionnée de cuisine. Touche à tout culinaire, elle explore les cultures des pays à travers leur gastronomie et fait ensuite découvrir ses différentes trouvailles culinaires. Farida est également une maman comblée qui transmet à ses enfants son amour du goût et des bonnes choses. Son fil conducteur ? « Partager ma passion » explique-t-elle. Entretien avec l’auteur des « Coups d’food de Farida » qui, à l’occasion de la Fête des Mères, nous parle de sa découverte de la gastronomie française à l’âge de cinq ans, de ses meilleurs souvenirs culinaires et de son envie de transmettre sa passion à ses enfants.
Comment êtes-vous tombée dans la cuisine ?
Farida : Je cuisine depuis que je suis petite, depuis l’âge de cinq ans. Je suis d’origine kabyle, algérienne, et ma Maman cuisinait essentiellement maghrébin kabyle. A la télévision, je regardais des films comme « Le Grand Restaurant » avec Louis de Funès ou « L’Aile et la Cuisse», ces films français où l’on parlait de sauce hollandaise ou de sauce bourguignonne. J’avais envie de connaître cette cuisine qui fait partie du patrimoine du pays dans lequel je vivais. J’ai donc commencé à faire des sauces et à regarder des émissions de cuisine, notamment celle de Michel Oliver, un peu le Joël Robuchon de l’époque, un grand chef qui s’est mis aux fourneaux devant la télé dans la première émission de télé de cuisine dans les années 1970, et je suivais attentivement ce qu’il disait. A cinq ou six ans, au lieu de regarder des dessins-animés, je regardais la cuisine de Michel Oliver ! C’est comme ça que j’ai commencé à cuisiner. Mes premiers cobayes étaient mon petit frère et ma petite sœur. En fait, j’ai commencé à cuisiner autre chose que ce que je mangeais à la maison. J’étais vraiment attirée par la cuisine traditionnelle française et les plats – les bœufs bourguignons, les plats en sauce, les sauces – qui font quand même partie du patrimoine français, de la gastronomie française. J’ai regardé d’autres films, notamment ceux qui se passaient au Japon ou en Inde, et là j’ai eu envie de découvrir la cuisine du monde, petit à petit. C’est comme ça que j’ai commencé à cuisiner, comme ça que m’est venue l’envie de cuisiner.
Partagiez-vous, dans votre enfance, des moments en cuisine avec votre mère ?
F : La cuisine a quand même commencé avec elle ! Effectivement, j’étais attirée par la cuisine traditionnelle française mais j’étais toujours collée à elle dans la cuisine, à regarder ce qu’elle faisait. A l’origine, c’est elle qui m’a donné envie de cuisiner. Elle-même cuisinait beaucoup la cuisine du sud à base d’huile d’olive, de tomates, de poivrons… Il y a les couscous, évidemment, mais en Kabylie on fait aussi beaucoup de ratatouilles, énormément de plats qui se déclinent, notamment avec les légumes. Ma mère m’a donné le goût pour la cuisine. Quand on partait en vacances en Algérie, en Kabylie, j’étais collée à mes tantes, au lieu d’aller jouer avec mes cousins, à regarder ce qu’elles cuisinaient ! J’ai des moments en cuisine avec mon papa aussi. Il m’emmenait au marché de Barbès, dans le XVIIIe arrondissement de Paris, pour aller faire les courses à partir de l’âge de quatre ou cinq ans. J’allais avec lui choisir les fruits et les légumes. Sentir la menthe, choisir une pastèque…
Quel est votre meilleur souvenir culinaire en famille ?
F : Il y en a plusieurs ! Il y a un plat en particulier qui s’appelle le « Kalbabine », de grosses boules de semoule fourrées de menthe et de pois chiches, et qui baignent dans un bouillon avec de la viande. C’est un plat Kabyle et c’était vraiment un moment de convivialité ! On est tous autour de la table, à manger ensemble. C’est vraiment un beau souvenir ! C’est un petit peu ma « Madeleine de Proust » ! Un autre très bon souvenir, c’est la première fois que j’ai fait un bœuf bourguignon à la maison. Ça c’était quelque chose ! Mes parents ne connaissaient pas du tout la cuisine au vin ! Mon père, qui ne buvait pas d’alcool, me disait « Non, non, non, je ne mangerais pas ton bœuf, tu as mis du vin ! » Alors je lui ai expliqué que le vin s’était évaporé et ils ont découvert la cuisine au vin. Ça a été un vrai moment de partage. Ces deux anecdotes sont un peu aux antipodes, finalement ! J’ai vraiment la double culture au sens propre comme au sens figuré.
A votre avis, quelles sont les qualités des femmes en cuisine ?
F : L’émotion. Même si les hommes ont aussi de l’émotion, elles ont l’émotion maternelle. Elles ont encore plus envie de transmettre. Cette envie de transmission intergénérationnelle, ça compte beaucoup. Je parle surtout de moi, mais je le vois à travers les autres femmes chefs, elles aiment transmettre. C’est une autre émotion que les hommes. C’est plus une transmission intergénérationnelle. Comme les femmes sont très disposées à être Mamans, même si elles ne le sont pas toutes car il y en a qui choisissent de ne pas l’être, je pense que l’on a cette envie, en cuisine, de transmettre à l’autre, transmettre une culture et une histoire.
Justement, cette passion de la cuisine la transmettez-vous à vos enfants ?
F : Oui. Absolument. J’ai un petit garçon de trois ans et une petite fille de six mois. Déjà tous petits, j’ai initié mes enfants au goût et à la nourriture. Ils mangent, pour les trois-quarts du temps, de la nourriture que je leur ai préparés. Même pour ma petite fille de six mois, je fais cuire et je mixe des légumes bio que j’ai fait cuire à la vapeur. Mon fils de trois ans, lui, participe vraiment ! Quand on fait une pizza, c’est lui qui veut étaler la pâte, mettre la garniture. Même maintenant, spontanément, il vient me voir et me dit « ça sent bon par là ! » Il regarde, il touille la sauce, il goûte. Pour moi ce côté sensoriel est vraiment très important. J’essaie de développer la sensibilité des mes enfants au goût, d’éduquer leurs papilles. Mon fils, par exemple, adore les épinards ! Il suffit de mettre un peu de crème, un peu de tomate, d’assaisonner un peu, de faire une assiette rigolote ou de mettre des couleurs. Pour moi la transmission par la cuisine c’est vraiment très important. Passer des petits moments autour de la cuisine, ça renforce les liens. Même s’ils sont petits, que leurs goûts évolueront, tôt ou tard mes enfants reviendront à ces bases de partage et de transmission.
Les femmes ont-elles une sensibilité particulière avec le goût ?
F : Je ne pense pas. Je pense Les hommes ont une sensibilité à eux, quand on voit ce que certains sont capables de faire en cuisine. Les hommes sont peut-être plus techniques que les femmes, les femmes peut-être cuisinent encore plus avec leur cœur, avec les émotions. C’est pour ça d’ailleurs qu’il y a énormément de chefs pâtissiers hommes, la pâtisserie étant extrêmement technique et précise sur les proportions. En terme de sensibilité au goût, je pense que les hommes et les femmes l’ont tout autant.
Visuels : © Farida