L’art de recevoir : Leçon 2, le plan de table

Dans cette nouvelle leçon sur l’art de recevoir, nous nous penchons sur le plan de table. Élément absolument indispensable dans la bonne réussite d’un dîner, le plan de table se travaille et se pense à l’avance: où placer les hommes et les femmes, les jeunes couples, comment éviter les accrochages entre les invités, comment respecter les préséances… Voici donc quelques règles simples à respecter qui contribueront à faire un dîner plus que parfait…

Choix des invités

La réussite d’un dîner repose en grande partie sur le choix des convives. Il est donc très important d’y faire attention. Pour se faciliter la tache, on peut dresser une liste des invités avant de lancer les invitations, en veillant aux affinités de goûts, d’intérêts et d’opinions des uns et des autres tout en osant la variété et la nouveauté.

Afin de laisser aux invités le choix de refuser l’invitation, il faut donner le nom des autres participants au dîner. Si jamais l’un des invités est passagèrement déprimé ou de caractère susceptible, il faut prévenir les autres invités afin d’éviter certains sujets qui pourraient causer des frictions et nuire à l’ambiance.

Tenir un livre de dîners est un moyen efficace pour garder à l’esprit les « plus » et les « moins » de chaque dîner: la liste des invités, le plan de table, le menu et les vins servis, les liens qui se sont créés, quelques commentaires…

Le nombre d’invités

En ce qui concerne le nombre d’invités, il n’existe pas de chiffre idéal, la réussite d’un dîner dépendant de l’ambiance générale de la soirée. Cependant, il faut éviter de composer des tables de plus de 16 personnes. Au delà de ce nombre, il vaut mieux prévoir des tables plus petites et plus propices à l’échange et à la discussion.

D’une manière générale, il faut éviter les nombres impairs et les disparités hommes-femmes trop importantes, car ils s’accommodent mal avec les plans de table généralement équilibrés et symétriques.

Aussi, même si vous n’êtes pas superstitieux, quelqu’un d’autre peut l’être : il ne faut donc jamais réunir treize personnes à la même table. Cette superstition n’est pas née de la Cène, où Jésus et ses Apôtres étaient treize à table, mais des fabricants de porcelaine du XIXe siècle. A l’époque, les services de table en porcelaine étaient tous vendus avec douze assiettes et les assiettes rarement vendues à l’unité. Conséquence: le treizième convive avait souvent une assiette dépareillée.

En règle générale, deux personnes peuvent tenir dans un m² sans se sentir trop oppressées. Si le salon fait 50 m² (la surface dépourvue de meubles et décorations), une centaine de convives peuvent cohabiter confortablement. Attention à ne pas se tromper dans les comptes…

Le placement des invités

Passons aux choses sérieuses: le plan de table. Celui-ci est souvent un casse-tête mais bien réussi, il permet à chacun de passer un agréable dîner dans une bonne ambiance.

Voici quelques règles générales à suivre:

– On alterne toujours les hommes et les femmes, en évitant que les membres d’un même ménage ne se retrouvent l’un à côté de l’autre sauf bien sûr lorsqu’il y a disparité des sexes.
– On sépare les couples sauf les fiancés et les jeunes mariés de moins d’un an tout en respectant l’alternance « homme-femme ».
– On réserve les places les plus confortables aux femmes.
– On veille à ce que les invités n’aient pas vue sur la porte du débarras ou sur la poubelle.
– La maîtresse de maison, s’il n’y a pas de personnel de maison, se place en général le plus près de la porte de la cuisine pour pouvoir s’éclipser discrètement sans gêner les convives.
– La place d’honneur pour un homme est à droite de la maîtresse de maison, la deuxième place d’honneur à sa gauche. Pour une femme, c’est à la droite et à la gauche du maître de maison. Les places d’honneur sont généralement réservées aux invités ayant la préséance (ordre hiérarchique) la plus élevée.
– A partir de 8 personnes, on peut poser à la place de chacun un petit carton avec son nom.
– Si la maîtresse de maison est célibataire, elle ne doit en aucun cas se placer en face d’un homme marié mais en face d’un parent ou d’une amie.
– Un homme célibataire placera en face de lui la personne à qui il veut faire honneur, mais pas une femme mariée si son mari est absent.
– Le maître de maison ne se placera pas en face d’une femme mariée dont le mari est absent. Même si ce dernier est censé être son meilleur ami.
– L’hôte(sse) de la soirée ne doit jamais se trouver entre un couple marié, afin d’éviter de concentrer toute l’attention des convives sur ce couple.
– Dans le cas où il y ait deux tables dressées, il faut que chaque table soit présidée par la maîtresse de maison d’une part, et son époux d’autre part.

Comme pour le dressage de la table, il existe des nuances entre un plan de table « à la française » et un plan de table « à l’anglaise ». A la française, le maître et la maîtresse de maison se placent au centre de la table. A l’anglaise, le maître et la maîtresse de maison se placent aux extrémités de la table.

Plus qu’un simple placement des invités, le plan de table est une manière subtile d’inviter à la conversation et à l’échange. La table est dressée, le plan de table fignolé, il ne reste plus qu’à attendre la venue des invités, notre troisième leçon dans l’art de recevoir, à découvrir la semaine prochaine …

Visuels: (c) Jean Riz

Source: Le Bottin Mondain.