L’Analytique de l’Aliment : «S’intéresser à la culture culinaire aujourd’hui, c’est bien plus qu’aimer manger et cuisiner. »

Derrière l’Analytique de l’Aliment se cachent Eve et Julien. Au départ, ce couple de blogueurs voulait philosopher sur la culture culinaire, parler de tendances et de découvertes. De fil en article, L’Analytique de l’Aliment est devenu une référence dans la blogosphère culinaire : une source inépuisable d’anecdotes, de réflexions et de nouveautés sur l’aliment, au sens large. Entretien.

Quelques mots de présentation pour nos lecteurs qui ne vous connaîtraient pas ?

L’Analytique de l’Aliment : Nous sommes deux derrière L’Analytique de l’Aliment, Eve & Julien, amoureux l’un de l’autre et de la bonne chaire. Dans la « vraie vie » on fait des jobs plutôt très sérieux à tendance rasoir : webmarketing dans la finance en ligne pour l’un, conseil en innovation pour l’autre. Du coup le soir et le week-end, on prend un grand plaisir à se consacrer à notre blog dont le seul mot d’ordre est, justement, de se faire plaisir.

(c) L'Analytique de l'Aliment

Quelle est la genèse de l’Analytique de l’Aliment ?

LADLA : Au départ, c’est l’histoire d’un petit Blogger né lors de longues vacances d’été qui n’en finissaient pas. Les blogs culinaires commençaient à gagner du terrain, et on s’est dit que ça serait une occupation marrante, qui permettrait d’allier écriture, photo, et alimentation, trois trucs qui nous parlent. On a mis une petite dose de philo là-dedans, en choisissant un nom complètement pourri pour le référencement, mais finalement, nous avons dépassé Kant et son Analytique Transcendantale dans Google (ce qui est quand même un peu scandaleux).

Très vite on s’est aperçu qu’il y avait énormément de choses à dire sur la place de l’aliment dans la société, les évolutions et les nouvelles cultures culinaires, le travail des artistes, photographes, designers autour de la food…

Au début on faisait ça uniquement pour s’amuser, et puis petit à petit, on a développé un peu le projet, le design du blog, les réseaux sociaux, les interviews d’entrepreneurs ou d’artistes culinaires, la Carte du Tendre, les reportages en immersion, le lancement de notre ligne de tabliers… et aujourd’hui ça occupe la majeure partie de notre temps libre !

(c) L'Analytique de l'Aliment

Contrairement aux nombreux blogs existants sur internet, pourquoi souhaitez-vous explorer une approche alternative des tendances culinaires ?

LADLA : Ce n’est pas spécialement une volonté de notre part d’être « en marge », mais on ne veut pas non plus refaire ce que d’autres font très bien, on veut proposer un autre point de vue, une autre manière de voir les aliments. L’idée de monter un blog « culinaire » qui ne parle pas de cuisine est venue très naturellement : la culture food touche tout le monde, pas seulement les apprentis cuistots, ni même les fous de gastronomie. On peut adorer manger et être un piètre cuisinier, ou s’intéresser aux traditions gastronomiques sans être spécialement un gros gourmand. S’intéresser à la culture culinaire aujourd’hui, c’est bien plus qu’aimer manger et cuisiner.

(c) L'Analytique de l'Aliment

Comment dénichez-vous les tendances culinaires qui apparaissent sur votre blog ? Où se situe la limite des sujets dont vous parlez, et ceux que vous n’abordez pas ?

LADLA : Les tendances on les découvre comme tout le monde, dans la rue, en discutant avec les gens, et aussi, bien sur, sur les blogs ! Comme le sujet nous passionne, on est en veille permanente, mais on n’est pas tellement dans la recherche des tendances, plutôt dans l’imagination ou l’interprétation, comme quand on explore le premier degré du Food Porn, l’explosion des régimes mono-maniaques ou la force de la communication politico-culinaire en période d’élection.

On aime aussi traiter de choses beaucoup plus intemporelles : le quotidien d’un vigneron champenois ou d’un éleveur d’esturgeons, les œuvres d’une plasticienne de la gelée alimentaire

Des limites, on n’en a pas vraiment ! Le seul critère, c’est que ça doit nous amuser ou nous toucher. On revisite, à notre sauce, des sujets de tous les jours : et c’est comme ça qu’on en vient à parler politique, rap, ou éducation sexuelle… toujours en partant de l’aliment !

(c) L'Analytique de l'Aliment

Vidéos, projets artistiques, campagnes de pub… La culture food est donc bien plus que de simples recettes ?

LADLA : Ca fait bien longtemps maintenant que la food est sortie de la cuisine et a envahi les rues, le monde de l’art, la télé, la musique ou la politique… C’est devenu un phénomène ces dernières années, mais au fond rien n’est aussi universel que l’aliment et ça n’a rien d’un effet de mode. La food concerne tout le monde, et touche tous les secteurs d’une manière ou d’une autre. Il y a tellement de choses à dire et à faire avec l’aliment, et autour de l’aliment, et c’est ce qu’on essaye de montrer avec ce blog !

Expliquez-nous cette « esthétique de l’aliment » ?

LADLA : L’esthétique de l’aliment, c’est ce à quoi on s’est intéressés en premier, et c’est ce qu’on a le plus de plaisir à aborder. Pour nous l’aliment est, avant tout, beau, avant même d’être bon. C’est d’abord un visuel, et ça doit être pour ça que l’aliment est une source d’inspiration artistique sans bornes. On est très souvent bluffés par des projets artistiques hyper géniaux qui naissent en partant d’une tranche de lard ou d’un plateau repas. Le potentiel esthétique des aliments est vraiment énorme !

Visuels : © L’Analytique de L’Aliment