Le coup de cœur de la semaine : la Brasserie Meteor

La Brasserie Meteor fait partie intégrante du patrimoine gastronomique de l’Alsace. Depuis près de 4 siècles, le savoir-faire ancestral des brasseurs Meteor se transmet et se cultive de générations en générations dans le respect de la tradition familiale. C’est notre coup de cœur de la semaine.

La Brasserie Meteor trouve ses racines en terre d’Alsace. Aujourd’hui le plus ancien site brassicole de France, Meteor met tout son savoir-faire au service du goût.

(c) Meteor

C’est en 1640 que Jean Klein créé sa brasserie dans le petit village d’ Hochfelden, à quelques kilomètres au nord de Strasbourg, même si la ville produit de la bière depuis 870. En 1844, des brasseurs d’origine strasbourgeoise, acquièrent la brasserie montée par Klein. L’union de sa fille, Marie-Louise Metzger, avec Louis Haag en 1898 donne naissance à la brasserie METZGER-HAAG. La brasserie est encore aujourd’hui dirigée par cette même famille. Son patronyme de Meteor lui a été attribué, bien plus tard, en 1925 par Louis Haag suivant le conseil de ses deux fils, une dénomination jugée plus attractive par ces trois brasseurs étant très porteur sur le territoire français et adapté au marché européen. En 1927, Louis Haag crée avec son fils Frédéric la célèbre Meteor Pils, qui s’inspire de la bière Tchèque Pilzen. Elle est la première bière Pils brassée en France avec du houblon tchèque, qui fait la renommée de la marque. Depuis les années 1950, Meteor développe son exploitation et ses volumes, créé de nouvelles bières et saveurs, tout en restant fidèle à sa tradition et son savoir-faire.

(c) Tavern Trove

La bière est le résultat de la fermentation d’un moût de céréales dont les sucres complexes ont été rendus fermentescibles. Brassée jadis dans chaque maison de façon artisanale, la bière est aujourd’hui fabriquée à diverses échelles dans des brasseries, par des maîtres brasseurs, à l’image de Meteor.

Plusieurs composantes entrent dans la fabrication de la bière :

– L’eau, absolument de bonne qualité. Il en faut six à huit litres pour fabriquer un litre de bière. Meteor utilise de l’eau pure alimentée par le bassin des eaux vosgiennes ;
– Le malt, en général de l’orge germé caramélisé, parfois du froment ou du seigle. Dans le cas de Meteor, les malts sont issus des meilleures orges de France, de Brie, de Beauce et du Gâtinais ;
– Le houblon, une plante vivace grimpante, jadis utilisé pour ses vertus conservatrices, mais aujourd’hui utilisé pour préserver une certaine tradition dans la fabrication de la bière. Il est nécessaire pour l’amertume, les arômes, l’aseptisation et la digestibilité. Meteor utilise un houblon d’exception cultivé en Alsace (Strisselspalt) et en République Tchèque (Saaz).;
– Les levures, qui permettent la fermentation alcoolique mais donnent aussi le goût et le parfum ;
– Éventuellement des grains crus, comme le maïs, le riz, le seigle, l’avoine ou l’épeautre.

Une fois tous les ingrédients réunis, la bière est fabriquée en 5 étapes.

(c) DR

La première étape est le maltage. Ce principe consiste à reproduire le développement naturel du grain d’orge afin qu’il produise certaines enzymes nécessaires à la transformation de l’amidon en sucres et donc, à la fabrication d’alcool lors de la fermentation. Il peut être précédé ou suivi d’une torréfaction. Le maltage se déroule en quatre étapes : le trempage (qui consiste à mettre l’orge à tremper pendant une dizaine d’heures), la germination (période durant laquelle l’orge va commencer à germer et produire des enzymes, donnant naissance au « malt vert »), le touraillage (qui consiste à sécher le malt vert dans un four à air à une température de 40 °C durant une trentaine d’heures. Le malteur effectue un « coup de feu » où le malt vert est chauffé entre 85 °C et 105 °C. Cette étape est cruciale, la durée du « coup de feu » déterminant la couleur de la robe de la bière) et le dégermage (qui consiste à débarrasser le malt de ses radicelles).

Vient ensuite la saccharisation, qui consiste à transformer les sucres complexes contenus dans le grain en sucres simples fermentescibles, grâce à l’action des enzymes du malt, activées par chauffage. Le malt est concassé grossièrement avant d’être hydraté avec de l’eau, formant la « maische ». Ce mélange va ensuite être chauffé. Le « moût primitif » de la maische est extrait en filtrant et en percolant avec de l’eau chaude dans une cuve spéciale appelée « cuve filtre ». Le résidu solide s’appelle la « drêche » et est recyclé pour nourrir le bétail.

Troisième étape dans la fabrication de la bière, l’aromatisation (aussi appelé le houblonnage). C’est à cette étape que l’on incorpore le houblon et parfois des épices. Le mélange est porté à ébullition, qui fait apparaître des saveurs amères. Cette étape est réalisée durant la « cuisson » du moût. L’ébullition a pour principal intérêt de détruire les enzymes dont le rôle est alors terminé.
La fermentation est la quatrième étape cruciale dans la fabrication de la bière. Cette fermentation se décompose en deux stades : la fermentation principale, qui dure de 3 à 10 jours à une température de 18 à 26 °C et la fermentation secondaire (haute ou basse), dépendant des levures utilisées et de la température de fermentation. La fermentation est l’étape à laquelle on ajoute des levures afin de produire l’alcool. Le « levain » est la quantité de levure nécessaire pour ensemencer tout ou partie du moût destiné à la fermentation. La fermentation est généralement (sauf pour les blanches) suivie par une « clarification » qui permet de retirer les levures et les impuretés.

Une fois le produit final atteint, il ne reste que le conditionnement. Pour ce faire, il faut éviter tout contact avec des agents pathogènes et avec l’oxygène afin de minimiser la dégradation de la bière. Dans le cas de bières artisanales ou de microbrasseries, la bière est dite « sur lie » ou re-fermentée. En effet, la gazéification (« carbonatation ») de la bière se fait naturellement avec des levures actives dans la bouteille, procédé qui ne permet pas la pasteurisation. Les levures inactives se déposent dans le fond de la bouteille formant une lie.

Chaque bière Meteor est conçue selon ce processus de fabrication maîtrisée. La brasserie fait vivre son idéal de la bière en proposant une grande diversité de recettes et de bières spéciales : Bière de Printemps, « Meteor Mars », bière brune, bière de Noël, l’Ackerland, bière spéciale d’Alsace, Blanche de Meteor, Mortimer (bière au malt à Whisky), Wendelinus (bière à la recette Abbaye), Meteor Grand Malt, Panaché du brasseur, Muse (bière faiblement alcoolisée aromatisée à la cerise en 2008)…

(c) Meteor

Chaque étape de fabrication, du choix des ingrédients au conditionnement des produits, respecte les méthodes acquises et affinées par les brasseurs de Meteor au fil des siècles. Un savoir-faire unique qui révèle toute la saveur et la subtilité de recettes précieusement conservées depuis 7 générations. Un trésor durement conservé, qui fait de Meteor « le plus grand des petits et le plus petit des grands brasseurs»…

Visuels : © Brasserie Meteor

L’abus d’alcool est dangereux pour la santé. A consommer avec modération.

Le coup de cœur de la semaine : la Guinness

1 million de pintes en sont vendues chaque jour en Irlande et 5 millions de pintes dans le monde, soit un total de 25 000 hectolitres quotidiennement… De quelle boisson s’agit-il ? De la Guinness, bien évidemment ! Cette bière noire coiffée d’une mousse blanche a fait le tour du monde depuis sa création grâce à sa saveur et son aspect si particuliers. Première boisson alcoolisée vendue en Irlande, la Guinness est aussi le symbole d’un pays qui fête cette semaine la Saint Patrick ; c’est notre coup de cœur de la semaine.

HISTOIRE

La Guinness est née en 1759 à Dublin, en Irlande. Arthur Guinness signe cette année-là un bail de 9 000 ans pour une brasserie désaffectée de St. James’s Gate. En contrepartie, il doit initialement verser £100 puis un loyer annuel de £45 – ce qui inclut les droits d’accès à la voie navigable. La brasserie a une superficie de 4 acres et comprend une chaudière à houblonner, un moulin, deux malteries, une écurie de douze chevaux et un grenier pour entreposer 200 tonnes de foin. Arthur Guinness commence à produire une bière de type « porter », bière de fermentation haute et ancêtre de la Guinness, ainsi qu’une « ale », autre bière de fermentation haute. En 1769, six barils et demi de bière Guinness quittent Dublin à bord d’un voilier à destination de l’Angleterre. Vu le succès de son breuvage, Arthur Guinness produit en 1799 la dernière « ale » à Dublin et décide de se concentrer uniquement sur la production de « porter », bière de plus en plus populaire.

Profitant de l’expansion de l’Empire britannique, la Guinness s’exporte aux quatre coins du globe : en 1811 elle atteint Lisbonne, au Portugal, en 1820 elle s’établit à Guernesey, Barbade,Trinité-et-Tobago et au Sierra Leone, en 1840 elle met le pied à New York et en 1858 c’est la Nouvelle Zélande qui profite de cette boisson maltée. Dès 1870, 10 % des ventes de la société s’effectuent hors d’Irlande et en 1886, la brasserie Guinness s’impose comme la plus importante brasserie au monde avec une production annuelle de 1,2 million de barils et presque 3 millions de barils en 1914.

En 1929, la première publicité Guinness portant le slogan « Guinness is good for you » est publiée dans la presse nationale britannique. La campagne « My Goodness, My Guinness » (Mon Dieu, Ma Guinness), créée par John Gilroy – série d’affiches d’un gardien de zoo affolé et de ses animaux espiègles – fait la renommée de Guinness et pose les fondations d’une communication basée sur l’humour et l’originalité.

Encore aujourd’hui, Guinness dispose d’une forte identité publicitaire et use des caractéristiques gustatives et esthétiques de la boisson pour s’associer à des valeurs de force, de patience et bon vivre. Guinness a d’ailleurs reçu de nombreux prix lors de concours publicitaires internationaux.

Depuis novembre 2000, l’ancienne brasserie de St. James a été reconvertie en musée et en magasin. Outre un espace en forme de pinte géante au centre de l’édifice, le visiteur peut découvrir l’histoire de la Guinness, une collection de publicités (films et affiches), une exposition sur l’artiste John Gilroy et profiter des espaces de dégustation et de relaxation pour pleinement comprendre le processus de fabrication de la boisson.

SECRETS DE FABRICATION

La Guinness est un stout, bière de fermentation haute issue des bières « porter », produite à partir d’eau, de malt d’orge, de houblon et de levure de bière. Sa couleur brune presque noire et sa saveur proviennent de l’utilisation de malts hautement torréfiés et de grains d’orges cuits à la vapeur puis grillés. L’orge utilisée provient exclusivement d’Irlande, tout comme l’eau qui est pompée à la source Lady’s Well dans les montagnes de Wicklow. La couche de mousse couleur crème caractéristique de la Guinness est le résultat d’un ajout d’azote durant le tirage (le service à la pression).

La Guinness Draught est la variété phare de la gamme Guinness et la bière la plus vendue en Irlande. Peu alcoolisée et rafraîchissante, elle est brassée à partir d’un moût dont la teneur en grains hautement torréfiés lui donne une couleur foncée ainsi qu’un goût de café ou de cacao. L’autre gamme de la maison Guinness est les Extra Stout, plus forte, plus « corsée », à l’amertume plus marquée. Actuellement, la Extra Stout est brassée sous licence dans certains pays à travers le monde. Cependant, la matière première est préparée à Dublin puis envoyée afin d’être mélangée avec de la bière produite localement.

LE SAVIEZ-VOUS ?

• La Guinness est une bière particulière qui supporte mal le transport. Pour l’exporter vers un pays à climat tropical, il est nécessaire d’en augmenter le degré d’alcool ; une Guinness irlandaise fait 4,2° alors qu’une Guinness antillaise en fait 7,5°. La Guinness a également une saveur et une caractéristiques différentes selon le pays (variation du degré d’alcool), le conditionnement (bouteille, canette, fût), le service (pression ou non) et la variante du produite (draught, extra cold, gold, pilsner,…).

• En dépit de sa réputation de «repas dans un verre», la Guinness ne contient que 125 kilocalories par pinte, ce qui est inférieur à une portion égale de lait écrémé ou de jus d’orange.

• Une équipe de chercheurs d’une université du Wisconsin aurait mis en évidence un effet bénéfique pour le cœur de la consommation de Guinness, comparativement à la consommation de lager. Ils attribueraient cet effet à la présence dans cette bière d’éléments antioxydants similaires à ceux trouvés dans certains fruits et légumes, ralentissant le dépôt de cholestérol dans les artères.

CONSOMMATION

Idéalement, la Guinness est servie fraîche, à 6 °C dans une pinte en verre. Servie à la pression, il lui faut une tireuse spécifique à azote, les autres bières utilisant principalement du dioxyde de carbone. L’action de l’azote exige plus de temps que le dioxyde de carbone et forme de plus petites bulles. Ces bulles forment une mousse dense, crémeuse et relativement persistante. Selon les « règles » du service d’une Guinness, une pinte demande près de 2 minutes – 119,53 secondes selon la brasserie – pour être tirée. Traditionnellement, les barmen remplissent la pinte aux ¾, attendent que les bulles se stabilisent et que le chapeau de crème redescende avant de terminer de servir la pinte. Guinness a d’ailleurs fait de ce service particulier un slogan: « Good things come to those who wait. » (Les bonnes choses viennent à ceux qui savent attendre). Normalement, lorsqu’une Guinness est servie à la pression, on doit pouvoir dessiner un trèfle dans la mousse, celle-ci devant être épaisse. Si le trèfle s’efface ou qu’il est impossible de le dessiner, le client peut, s’il le veut, ne pas payer sa Guinness…

GASTRONOMIE

La Guinness, au même titre que les vins, les spiritueux ou le cidre, est un ingrédient idéal en cuisine. Spécialité irlandaise, la Guinness entre dans la composition de certaines préparations locales: ragoût de bœuf à la Guinness, pain de Guinness, saumon irlandais mariné à la Guinness, moules à la crème et à la Guinness. Parallèlement, certains plats irlandais s’accompagnent traditionnellement d’une pinte de stout.

La Guinness est aussi une base idéale à l’élaboration de cocktails, baptisé « Black Stuff » (du noir) ou « Devil’s Nectar » (nectar du diable) par les barmen. Le plus célèbre cocktail est le Black Velvet, fait à base de Guinness et de champagne brut. Cette boisson célèbre vit le jour en 1861 au Brook’s Club à Londres. Le Prince Albert venait de mourir et tout le monde était en deuil. L’histoire raconte que le stewart du club, saisi par l’’émotion, ordonna que même le champagne devait porter le deuil et il y ajouta de la Guinness. Le goût se révéla si délicieux que le Black Velvet ne tarda pas à devenir extrêmement populaire.

Autre cocktail populaire, le Guinness Shandy. Ce cocktail aurait été inventé par hasard par les All Blacks, l’équipe de rugby à XV de Nouvelle-Zélande, pendant une tournoi mondial. Après un match, les joueurs auraient commandé de la Guinness avec de la limonade en guise de panaché. L’équipe trouva le mélange très rafraîchissant et l’adopta immédiatement !

Historique, symbolique d’une culture et d’un patrimoine culinaire, versatile dans son utilisation et sa dégustation, riche en couleur et en saveurs, la Guinness est aujourd’hui l’une des « stout » les plus vendues et les plus appréciées au monde, et ses arômes caramélisés ne cessent de ravir les gosiers des amateurs du monde entier. My Goodness, get me a Guinness !

Visuels: (c) DR