La recette du jeudi : la galette Frangipane au Caramel au Beurre Salé

Christophe Felder fait partie de cette jeune génération de pâtissiers français talentueux. A l’occasion de l’épiphanie, il nous propose de détourner la traditionnelle galette des rois avec une Frangipane au Caramel Beurre Salé.

Maître pâtissier, Christophe Felder a grandi dans un univers gourmand. Son père, boulanger pâtissier en Alsace, lui apprend la qualité, la simplicité, le travail et la rigueur et lui transmet le goût pour la formation.

“Dans l’avenir il y aura les grandes surfaces et les artisans de qualité” disait son père. Christophe Felder a pris le parti de la qualité depuis plus de 20 ans et ne cesse d’inventer de nouvelles recettes et de peaufiner les anciennes, dans un souci de renouvellement perpétuel.

A l’occasion de l’épiphanie, Chritophe Felder détourne la traditionnelle galette des rois avec une Frangipane au Caramel Beurre Salé.

La galette Frangipane au Caramel au Beurre Salé

Pour 8 personnes
Préparation : 45 minutes
Cuisson : 30 à 40 minutes

Ingrédients

350 g de pâte feuilletée d’excellente qualité

Pour la crème d’amande
1 œuf
60 g de poudre d’amande
60 g de sucre semoule
60 g de beurre AOC
1 cuillerée à café de rhum ST James

Caramel Beurre Salé

250 g de sucre semoule
120 g de crème liquide minimum 32% MG

200 g de beurre 1/2 sel
Arôme naturel

Cuire le sucre au caramel, versez doucement la crème tout en mélangeant à la spatule en bois. Ajoutez le beurre et recuisez 1 minute. La consistance finale dépendra de la cuisson. Laissez refroidir.

Pour la dorure
1 œuf entier + 1 jaune
1 Pomme AOC du Limousin

Réalisation

Préchauffez votre four à 180°C (th. 6).

Préparez la crème d’amande. Faites légèrement ramollir le beurre dans un saladier placé au bain-marie ou au four à micro-ondes, puis travaillez-le à l’aide d’un fouet pour obtenir une pommade bien lisse. Ajoutez l’œuf, mélangez, puis versez le sucre, le rhum et la poudre d’amande. Lissez cette crème à l’aide d’un fouet. Réservez.

Epluchez la pomme et coupez-la en lamelles

Etalez la pâte feuilletée en deux abaisses de 26 cm de diamètre et d’une épaisseur de 2 mm.

Répartissez la crème d’amande sur la première abaisse en laissant tout autour une bande de 3 cm de largeur. Disposez les pommes et le caramel sur la crème.

Cassez un œuf dans un bol, battez-le rapidement, puis, à l’aide d’un pinceau, badigeonnez-en les 3 cm de pâte vierge. Posez délicatement la seconde abaisse par-dessus, afin qu’elle vienne recouvrir le tout. Appuyez sur tout le pourtour afin de bien souder les deux abaisses,mettre au frais quelques minutes,ensuite retourner la galette ce qui vous permettra d’avoir une surface bien lisse et nette.

Dorez la surface de la galette au jaune d’œuf, puis réservez-la 20 minutes au réfrigérateur. En refroidissant, la pâte durcira et il vous sera beaucoup plus facile de la décorer. Dorez-la au jaune d’œuf une seconde fois, puis, avec le dos d’un couteau, dessinez-y de jolies rayures en prenant soin de ne pas fendre la pâte. Faites cuire au four de 35 à 40 minutes. Laissez refroidir sur une grille avant de servir.

Visuels: (c) Les Ateliers d’Hys

Ollivier Christien : « Un bon pâtissier, c’est un équilibriste »

C’est la gourmandise qui caractérise Ollivier Christien. C’est elle qui l’a poussé à mener une carrière de pâtissier et c’est encore elle qui est l’ingrédient principal de chacune de ses créations. Entretien avec l’associé de Christophe Felder, qui évoque son parcours, revient sur les émissions télévisées sur la pâtisserie et expose ses inspirations premières dans cette discipline.

Quel est votre parcours ?

Ollivier Christien : Je suis tombé dans la pâtisserie par gourmandise ! C’est vraiment ça. Je suis issu d’une famille de restaurateurs sur Lamballe, dans les Côtes d’Armor qui s’appelle la Tour d’Argent. Ma grand-mère était la cuisinière. Automatiquement, mon oncle a repris l’affaire. Le restaurant était à cinquante mètres de la maison. Donc on parle tout le temps de manger, des entrées, des plats, des desserts ! J’ai commencé ma formation dans la boulangerie aussitôt la troisième finie, pour apprendre les bases du métier. Très rapidement, je me suis dirigé vers la pâtisserie de restauration. J’ai commencé dans le restaurant Tirel Guérin à côté de Cancale, un macaron au Michelin et 200 couverts. C’était le début des desserts à l’assiette, une mode qui commençait à prendre son envol, vers la fin des années 1980. Ensuite, j’ai gravi les échelons avec Guy Martin pour lequel j’ai travaillé trois ans. Ensuite, j’ai été le chef pâtissier de Pierre Gagnaire et de Christophe Felder au Crillon. J’ai fait un petit tour à Londres au Worcester pendant trois ans avant de revenir avec Christophe Felder. J’ai ensuite travaillé pour une société qui fabrique des purées de fruits surgelés, pour fabriquer des glaces, des pâtisseries et des cocktails. Ils m’ont fait voyager de part le monde pour faire des ateliers pour les professionnels, aux Etats-Unis, au Japon et au Moyen-Orient. Il y a trois ans, j’ai décidé de lancer, conseillé par Christophe Felder, l’Atelier Macaron, où l’on vend de très bons macarons. Toutes les recettes sont originales et tirées des livres de Christophe Felder.

Cet atelier est-il une manière de démocratiser la pâtisserie ?

OC : Les cours pour les professionnels et pour les gourmets sont toujours ancrés sur de la pâtisserie de gâteaux. C’est un peu pour démocratiser ces gâteaux que l’on pensait inaccessibles et au contraire de les rendre accessibles. Travailler avec Christophe Felder, c’est travailler une pâtisserie qui me touche. C’est une pâtisserie vraiment de gâteaux avec un grand « G », à l’image des gâteaux à la crème. On revient aux sources, on fait des gâteaux moins architecturés, bien que le look et le design aient une très grande importance, mais c’est en second lieu. La priorité c’est le bon. Je remarque que les gâteaux très design sont à l’intérieur trop gélatineux, trop apprêtés. On voulait retrouver des gâteaux modernes traditionnels, où l’on retrouve l’âme d’un baba, l’âme d’un macaron ou l’âme d’une galette des rois.

La pâtisserie est au cœur d’émissions télévisées. Que pensez-vous de cet engouement?

OC : Je trouve vraiment sympa de voir des émissions qui mettent la pâtisserie à l’honneur, de mettre en avant le côté ludique d’une pâtisserie. Ces émissions sont vraiment positives car je trouve qu’en France, nous avons une image archaïque du pâtissier. C’est un métier qui nécessite de bons repères, un bon apprentissage, une bonne éducation, un respect du produit, un tour de main et une écoute. On peut concevoir la pâtisserie comme du yoga : on se détend en la faisant. C’est à l’encontre d’autres métiers où l’on peut être stressé. Evidemment, en période de Noël, il y a du stress mais on ne peut pas être tendu et en même temps faire une jolie pâtisserie. A mes yeux c’est incompatible.

Qu’est-ce qui vous inspire dans cette discipline?

OC : Ce que j’aime le plus faire ce sont les gâteaux les plus connus : le Succès de chez Le Nôtre, la Forêt Noire, les Mille-feuille, les Babas. Ce qui m’inspire ou ce qui me rassure, c’est que des gâteaux très connus ont peut-être maintenant 200 ans et ont toujours une telle réputation. Et s’ils sont bien faits, ils sont très très bons. Dans ce genre de desserts, il faut mettre toute sa gourmandise, il faut avoir la connaissance du produit et surtout travailler des produits frais. C’est indéniable. On peut faire des desserts très simples. Ce n’est pas la peine de les rendre compliqués. Par contre, il faut qu’ils soient tous juste faits, ou comme pour les macarons, avoir une ou deux journées de maturation au frigo pour être au top. La pâtisserie m’inspire aujourd’hui un retour aux sources. On voit la pâtisserie comme un passe-temps: on fait du bricolage, des sorties en famille et de la pâtisserie. Comme cela s’est toujours fait en Europe de l’Est, y compris en Alsace, en Allemagne, en Autriche et en Pologne où à Noël les sablés se font en famille. Je ne sais pas si on en arrive là, mais l’ayant vécu, on passe vraiment de jolis moments à partager et fabriquer de la pâtisserie. Et surtout aller jusqu’au bout de la famille, jusqu’au bout de la démarche en les présentant dans des petits sachets, dans une jolie tarte ou dans un joli plat, dresser une table. La pâtisserie c’est vraiment une notion de partage, surtout en famille.

Les pâtissiers sont-ils des artistes ?

OC : Oui et non, c’est un équilibre. Pour moi un bon pâtissier doit être un bon équilibriste entre ce côté artiste et ce côté rationnel. Comme le dit très bien Christophe Felder, il faut se « hâter doucement ». Une fois avoir fait sa sélection de produits, il faut trouver une recette, suivre les méthodes. Ensuite, c’est du bon sens. C’est vrai que dans une recette il y a des pesées et des températures à respecter. Mais il faut également utiliser ses cinq sens, il ne faut pas hésiter à regarder ce qu’on est en train de faire, à couper, à goûter, à tapoter un biscuit pour savoir s’il est bien cuit. C’est un exercice rassurant quand on le fait : on se détend réellement. Quand vous faites une pâtisserie en toute détente, le résultat final s’en ressent.

La pâtisserie c’est donc une discipline de l’émotion ?

OC : Oui. La pâtisserie c’est vraiment une notion de partage à tous les niveaux. On peut partager le moment pour la faire ou le moment pour la déguster.

Visuels: (c) DR; Mealmaven.blogspot.fr.