L’art de recevoir : leçon 4, l’après-dîner

Le dîner touche à sa fin. Après avoir dressé la table dans les règles de l’art, élaboré le plan de table et donné une réception inoubliable, il reste une dernière étape non moins cruciale : l’après-dîner. Comment occuper ses invités? Que faut-il offrir aux invités après le repas? A quel moment partir ? Comment remercier les hôtes? Pour notre quatrième et dernière leçon dans l’art de recevoir, nous explorons les bienséances dans l’art de parfaitement clore une réception et les subtilités de l’après-dîner… …

Les assiettes à dessert sont vides, les ventres au contraire bien repus, la maîtresse de maison donne alors le signal de la fin du dîner en se levant, puis invite ses convives à se rendre au salon. Ce changement de pièce permet à certains de se dégourdir les jambes, à d’autres d’allumer une cigarette ou un cigare, ou pour les dames de discrètement se repoudrer le nez.

Une fois que les invités sont passés au salon, on proposera alors du café, des infusions – de plus en plus appréciées y compris par les hommes – et des digestifs. Pour faciliter cette tâche, l’on peut préparer à l’avance un plateau avec tasses à café, tasses à thé, verres à liqueur, à armagnac, à cognac… Si un invité a apporté quelques chocolats ou douceurs, c’est à ce moment qu’il faut les offrir.

L’usage est d’apporter des rafraîchissements une demi-heure à une heure après les boissons chaudes – qui doivent être interprétés par les gens bien élevés comme le signe du départ – mais certains convives auront déjà émis le souhait de partir, surtout en semaine si le dîner a commencé tard.

Cependant, il n’est pas rare d’être confronté à des invités que ni le départ des autres, ni les signes évidents de fin de soirée ne semblent convaincre de se retirer. Il peut alors arriver que les maîtres de maison usent de techniques, disons, alternatives pour se débarrasser des sans-gênes : s’éclipser et revenir au salon en robe de chambre, se mettre à ranger la cuisine, dire franchement que l’on aimerait bien se coucher, apporter les manteaux dans le salon…

Chacun trouvera la technique qui lui conviendra le mieux pour se débarrasser des grossiers personnages… et se rappellera de ne plus jamais les réinviter !

Finalement, que le dîner ait été excellent ou tout juste médiocre, il faut obligatoirement remercier la maîtresse de maison dans les jours qui suivent et rendre l’invitation rapidement. Aussi, il est coutume d’envoyer la fameuse « Lettre de Château » habitant ou non dans un château. Adressée à la maîtresse de maison dans les jours qui suivent l’invitation ou le séjour, la « Lettre de Château » a pour but de remercier de l’accueil, de vanter l’ambiance de la maison, la beauté de la région et les talents de cuisinière de l’hôtesse entre autres. Cette lettre se doit d’être sincère et flatteuse et insister sur des détails plaisants du séjour, quels que soient le nombre d’invitations. La « Lettre de Château », souvent considérée comme une corvée par la jeune génération, a tendance à se faire trop rare, et c’est fort dommage. Elle reste d’ailleurs un signe indispensable de bonne éducation !

Ainsi se termine notre série de leçons sur l’art de recevoir. Les dîners et réceptions n’ont désormais plus de secrets pour vous… A qui la prochaine invitation?

Visuels : © Jean Riz
Source : © Le Bottin Mondain

L’art de recevoir : Leçon 3, la réception

Dans la leçon du jour dans l’art de recevoir, nous passons à table. De la réception des invités à leur présentation, de la composition du menu à son service, du choix des vins à la tenue à adopter à table, nous explorons toutes les étapes d’un dîner réussi…

Que l’on soit invité ou celui qui invite, la première règle dans l’art de recevoir est d’être à l’heure. Les convives se doivent d’être ponctuels et l’hôte d’être prêt à l’heure convenue. Il existe un «quart d’heure de politesse», ajouté à l’heure de rendez-vous, mais si le retard dépasse une demi-heure, il faut prévenir. Attention à ne pas arriver un quart d’heure en avance, cela risque d’embarrasser la maîtresse de maison…

Invité à dîner, il semble naturel de s’y rendre les mains pleines. Et pourtant, il ne faut normalement rien apporter, surtout si c’est une première invitation. Trois éléments font exception à la règle : les fleurs, toujours appréciées, préférablement envoyées la veille ou le matin de la réception, accompagnées d’une carte, de façon à ce que la maîtresse de maison puisse les exposer; une bouteille de vin qui aura été convenue à l’avance avec la maîtresse de maison; le dessert, préférablement fait soi-même et spécifié à l’avance, sinon il peut signifier que l’on s’attend à ne pas en avoir. Aussi, apporter systématiquement un cadeau au dîner rend les hôtes redevables du même geste alors qu’il suffit normalement de rendre l’invitation dans les mois qui suivent.

Seule exception à cette règle: si l’on a une nouvelle à annoncer et que l’on dîne chez des bons amis, pourquoi ne pas apporter une bouteille de champagne ? Ou si l’on a su par hasard que c’était l’anniversaire du maître de maison, pourquoi ne pas lui apporter un petit cadeau ? Il faut cependant que ces attentions restent ponctuelles.

Les premiers invités sonnent à la porte, aussi le maître et la maîtresse de maison doivent être préparés afin que les invités ne soient jamais seuls au salon. Les invités sont accueillis avec un mot aimable, puis la maîtresse de maison va ranger les manteaux tandis que le maître de maison conduit les invités au salon et leur sert un verre.

Si les hôtes reçoivent un cadeau, ils l’ouvrent devant eux et les remercient avec discrétion pour ne pas gêner ceux qui sont arrivés les mains vides. Si ce sont des fleurs, il convient de les mettre immédiatement dans un vase et de les porter dans la salle de réception; si ce sont des chocolats ou confiseries, il faudra en proposer une fois le dîner terminé.

Il faut saluer le maître et la maîtresse de maison en premier avant de saluer une connaissance ou d’entamer une conversation. En ce qui concerne les présentations, les hôtes s’en chargent. En règle générale, on présente un homme à une femme, un jeune à un moins jeune et la personne au statut le moins important à celle qui a le statut le plus important. Ceci dit, le rang a le dessus sur le sexe et l’âge, et l’âge a le dessus sur le sexe.

Une fois les présentations faites, place à l’apéritif !

L’apéritif – du latin aper(i)tivus, dérivé d’aperire «ouvrir» – est destiné à ouvrir l’appétit avant le dîner. Certains prétendent qu’il est d’origine bourgeoise; d’autres qu’il remonte au Moyen Age où l’on aimait déguster avant le repas du vin aromatisé aux herbes et aux épices; d’autres encore soutiennent que les Romains déjà s’y adonnaient en buvant du vin sucré au miel… L’apéritif fait aujourd’hui partie intégrante de la vie sociale et familiale, et il semble impensable de recevoir à dîner sans proposer d’apéritifs.

Au fur et à mesure des arrivées, le maître de maison propose un apéritif parmi la gamme d’alcools qu’il aura eu soin de préparer à l’avance. Plus il y a de choix, plus on est sûr de pouvoir contenter ses invités. Voici quelques exemples d’apéritifs à toujours avoir dans son bar: du champagne, des alcools forts (type whisky, gin, vodka…), des vins doux ou cuits (type porto, pineau, martini…), du vin rouge, en général le premier qui sera servi à table, des cocktails préparés à l’avance (punch ou sangria), du pastis et divers jus, sodas et eaux pour ceux qui ne désirent pas d’alcool. Les types de verres correspondant aux boissons, les glaçons ainsi que les amuse-gueule sont prévus à l’avance. Un deuxième service peut être proposé dans le cas d’un retard de l’un des convives.

Après un apéritif fort agréable, la maîtresse de maison se lève et invite les invités à la suivre à la salle à manger. Si c’est un repas protocolaire, le maître d’hôtel annonce la fameuse phrase «Madame est servie». Dans les deux cas, les invités sont placés: soit indiqués par la maîtresse de maison directement, sinon placés selon les cartons au nom de chacun.

Pour ce qui est de la conversation au long du repas, c’est aux hôtes de la mener, de la raviver quand elle s’éteint, de la rattraper quand elle dérape et veiller à ce que chacun y participe. Trois sujets sont à proscrire en dehors d’un cercle familial ou intime: la religion, la politique et l’argent.

Jusqu’à 8 personnes, la conversation est générale; au-delà de ce nombre, les conversations sont divisées et portées sur les gens eux-mêmes. Et même si l’on ne s’entend pas avec son voisin ou sa voisine, il faut faire un effort ! Pour ceux qui aiment monopoliser la conversation, attention à laisser la parole aux autres ; pour les timides, ne pas discuter est tout aussi mal-élevé que trop discuter. A chacun de trouver le bon équilibre selon l’ambiance de la soirée.

Venons-en à un aspect délicat dans une réception: l’élaboration du menu. Traditionnellement, un menu comporte cinq plats: potage ou entrée, plat de résistance composé de viande ou de poisson et de légumes, salade, fromages et dessert. Il faut éviter de servir certains mets spéciaux, qui pourraient incommoder les convives comme les huîtres, les abats et les plats très épicés ou sucrés-salés, sauf si c’est le thème du dîner et qu’il y a des amateurs.

Attention également au temps de chaque préparation, puisqu’il serait dommage d’organiser une réception et de passer son temps à la cuisine. Aussi, il est pratique d’alterner plats chauds et plats froids, plats en cocotte et plats au four. Il faut varier les types de plats au cours du menu, sauf pour certains dîners à thèmes (soirée crêpes, fondue savoyarde…). Pour ce qui est du dessert, celui-ci est la touche finale du dîner, palliant un manque ou atténuant les excès. Si le dîner est riche, il vaut mieux proposer un sorbet ou une salade de fruits mais si le dîner est léger, on peut proposer un fondant au chocolat.

Dernier élément indispensable au menu: le vin. Il faut bien évidemment harmonieusement marier les mets et les vins, en changeant de vin en même temps que les plats.

Voici quelques règles générales d’œnologie :

– Les vins blancs secs, servis très frais, accompagnent les poissons et les crustacés.
– Les viandes rôties et les volailles apprécient les vins rouges légers (bordeaux, pays de la Loire).
– Les bourgognes capiteux se marient avec les gibiers et les plats relevés.
– Les vins blancs liquoreux accompagnent le foie gras et certains desserts.
– Quant au champagne, il apprécie tous les mets sauf les viandes rouges.
– Le vin rosé enfin est réservé aux déjeuners d’été ou dîners entre intimes.
– Les salades et crudités tolèrent mal le vin en général.
– Il faut servir les vins les plus légers en premier et finir par les plus corsés.


Le service du vin et des boissons en général s’effectue toujours par la droite. Les bouteilles doivent être ouvertes à l’avance pour laisser le vin s’aérer; on peut même le décanter dans une carafe à vin. Si le vin est servi dans une carafe, on laisse visible une bouteille de manière à ce que chaque convive puisse connaître le nom du vin qu’il déguste. Le maître de maison se sert lui-même un fond de verre afin de goûter le vin et vérifier ainsi qu’il n’est pas bouchonné et le service reprend ensuite son cours normal. Contrairement à l’eau, une femme ne se sert jamais de vin toute seule, elle attend que son voisin le fasse. Si le voisin ne la sert pas du tout au cours du repas, l’invitée peut faire une remarque sur son verre vide. C’est aussi le rôle du maître de maison de veiller à ce que les invités ne manquent de rien. A noter qu’un verre doit être toujours plein (aux trois-quarts).

Côté pratique, le service à table doit suivre certaines conventions – sauf si la maîtresse de maison est servie. Chaque mets doit être présenté dans le plat adéquat (creux pour les mets en sauce, allongés pour les poissons ou les rôtis, ronds pour les entrées froides, soupière, raviers, légumier, saucière etc…). Seuls les gratins, réservés aux dîners intimes, peuvent être présentés dans leur plat de cuisson.

La présentation doit être soignée, les rôtis découpés en tranches, les volailles en morceaux; on peut néanmoins avant de la découper, présenter la pièce de viande, s’il s’agit d’un gibier ou d’une volaille. Les fromages que l’on aura choisis nombreux et variés se présentent sur un plateau à fromage que l’on peut décorer de feuilles de vigne ou d’un paillasson en tiges de blé. On découpe à l’avance une part dans les grands fromages entiers afin de ne pas dissuader les amateurs d’y goûter.

Dans le service « à la française », couramment pratiqué, le plat est présenté à la gauche de la personne qui se sert elle-même, contrairement au service « à l’anglaise » où c’est le personnel qui sert les convives. L’ordre du service est celui de la Préséance, c’est-à-dire qu’il suit le plan de table: les femmes d’abord se servent, de la plus respectable jusqu’à la maîtresse de maison ; les hommes ensuite, du plus élevé jusqu’au maître de maison; les enfants quand ils sont présents se servent en dernier. Dans les dîners très intimes et pour les plats familiaux, il est possible de pratiquer le service « plat sur la table », où chacun se sert dans le plat posé au milieu de la table.

Chaque convive doit se servir modérément, ni trop ni trop peu, et se resservir lors du second passage du plat – sauf du potage et du fromage qui ne se re-proposent jamais. Mieux vaut proscrire les « j’ai plus faim », « j’aime pas », ou « ça fait grossir » terriblement vulgaires. En revanche si l’on est obligé pour des raisons de santé de refuser un mets, on le dira discrètement.

Pour les assiettes, il faut les changer entre chaque plat. Seule la salade peut éventuellement être servie dans la même assiette que celle du plat de résistance.

Voici quelques astuces pour déguster certains mets selon l’étiquette :

– Le pain se découpe à la main par petits morceaux qui vont tout entier dans la bouche. Pas question de le déchirer avec ses dents ni d’en faire des boulettes.
– Le foie gras ne s’étale pas comme du pâté sur du pain, il se découpe à la fourchette et rejoint sous le palais un morceau de toast.
– Après les fruits de mer, il est d’usage de mettre des rince-doigts (petites coupelles posées sur des soucoupes à la gauche de chaque convive, et remplies d’eau tiède parfumée au citron). On trempe ses doigts dedans avant de s’essuyer les mains dans sa serviette, et on ne boit pas son contenu en pensant que c’est une infusion !
– Les asperges se dégustent à la fourchette en abandonnant dans l’assiette la partie plus ferme qui ne cède pas au tranchant de la fourchette. Plus familièrement on peut les saisir à la main et les tremper dans la sauce.
– Les œufs et la salade ne se coupent jamais avec un couteau. Autrefois les lames n’étaient pas en acier inoxydable et noircissaient au contact de la vinaigrette et du jaune d’œuf. Rien n’empêche de le faire aujourd’hui direz-vous ? Certes, si ce n’est la preuve de votre bonne éducation.
– Le fromage se coupe à l’aide d’un couteau à fromage et se dépose sur un petit morceau de pain préalablement découpé.
– Les gâteaux se mangent de préférence avec une fourchette, plus raffinée que la cuiller que l’on réserve pour recueillir la sauce s’il y en a.
– Les pommes, poires, pêches et autres fruits à peau fine, s’épluchent et se coupent avec un couteau et une fourchette et ne se croquent à pleines dents qu’au jardin…

En cas de doute sur l’attitude à adopter face à tel ou tel aliment, contentez-vous d’imiter votre hôtesse.

Pour être agréable à ses voisins, il suffit de :

– Se tenir droit sur sa chaise, sans s’avachir ni se balancer.
– Poser les mains sur la table, poignets de part et d’autre de l’assiette et ne pas mettre son coude devant ni derrière son assiette
– Se servir du morceau qui est devant soi et ne pas retourner tout le plat pour choisir son préféré.
– Attendre que la maîtresse de maison ait commencé de manger pour soi-même commencer.
– Ne pas saler avant d’avoir goûté.
– Lever son coude vers la bouche et ne pas se pencher sur son assiette.
– Mâcher la bouche fermée et sans bruit et ne jamais prendre la parole la bouche pleine.
– Ne pas toucher les aliments de ses mains excepté le pain.- S’essuyer la bouche avant de boire et après avoir bu.
– Ne pas boire la bouche pleine.
– Ne jamais porter son couteau à la bouche.
– Ne se resservir que lorsque la maîtresse de maison invite à le faire.
– Demander le sel plutôt que de se coucher sur la table pour l’attraper.
– Ne jamais passer le bras devant son voisin.
– Couper un petit morceau de pain avant de le porter à la bouche, et non croquer dedans, ou le déchirer avec ses dents.
– Ne pas saucer son assiette.
– Ne pas incliner son assiette pour récupérer la dernière goutte.
– Ne pas racler son assiette jusqu’à la dernière miette pour la rendre aussi propre qu’au début du repas.
– Ne pas poser, entre les plats, ses couverts perpendiculairement de part et d’autre de l’assiette, comme des oreilles de cockers.
– Ne pas croiser ses couverts dans son assiette lorsque l’on a fini, mais les ranger parallèlement en travers de l’assiette.
– Vider son verre (de vin) à la fin du dîner.

Le dîner est terminé, les hôtes ont veillé à ce que leurs convives ne manquent de rien, les invités semblent repus et ravis. Tous se joignent en cœur pour complimenter la cuisine du ou de la maîtresse de maison. Mais comment réagir à un compliment après un repas ? Pas la peine de s’étendre sur la recette ou les secrets de fabrication du repas : un simple sourire et des remerciements suffisent amplement pour satisfaire la personne vous ayant complimenté.

Rendez-vous la semaine prochaine pour connaître tous les secrets de l’après-dîner…

Source : Le Bottin Mondain.

Visuels : © Jean Riz

L’art de recevoir: Leçon 2, le plan de table

Dans cette nouvelle leçon sur l’art de recevoir, nous nous penchons sur le plan de table. Élément absolument indispensable dans la bonne réussite d’un dîner, le plan de table se travaille et se pense à l’avance: où placer les hommes et les femmes, les jeunes couples, comment éviter les accrochages entre les invités, comment respecter les préséances… Voici donc quelques règles simples à respecter qui contribueront à faire un dîner plus que parfait…

Choix des invités

La réussite d’un dîner repose en grande partie sur le choix des convives. Il est donc très important d’y faire attention. Pour se faciliter la tache, on peut dresser une liste des invités avant de lancer les invitations, en veillant aux affinités de goûts, d’intérêts et d’opinions des uns et des autres tout en osant la variété et la nouveauté.

Afin de laisser aux invités le choix de refuser l’invitation, il faut donner le nom des autres participants au dîner. Si jamais l’un des invités est passagèrement déprimé ou de caractère susceptible, il faut prévenir les autres invités afin d’éviter certains sujets qui pourraient causer des frictions et nuire à l’ambiance.

Tenir un livre de dîners est un moyen efficace pour garder à l’esprit les « plus » et les « moins » de chaque dîner: la liste des invités, le plan de table, le menu et les vins servis, les liens qui se sont créés, quelques commentaires…

Le nombre d’invités

En ce qui concerne le nombre d’invités, il n’existe pas de chiffre idéal, la réussite d’un dîner dépendant de l’ambiance générale de la soirée. Cependant, il faut éviter de composer des tables de plus de 16 personnes. Au delà de ce nombre, il vaut mieux prévoir des tables plus petites et plus propices à l’échange et à la discussion.

D’une manière générale, il faut éviter les nombres impairs et les disparités hommes-femmes trop importantes, car ils s’accommodent mal avec les plans de table généralement équilibrés et symétriques.

Aussi, même si vous n’êtes pas superstitieux, quelqu’un d’autre peut l’être : il ne faut donc jamais réunir treize personnes à la même table. Cette superstition n’est pas née de la Cène, où Jésus et ses Apôtres étaient treize à table, mais des fabricants de porcelaine du XIXe siècle. A l’époque, les services de table en porcelaine étaient tous vendus avec douze assiettes et les assiettes rarement vendues à l’unité. Conséquence: le treizième convive avait souvent une assiette dépareillée.

En règle générale, deux personnes peuvent tenir dans un m² sans se sentir trop oppressées. Si le salon fait 50 m² (la surface dépourvue de meubles et décorations), une centaine de convives peuvent cohabiter confortablement. Attention à ne pas se tromper dans les comptes…

Le placement des invités

Passons aux choses sérieuses: le plan de table. Celui-ci est souvent un casse-tête mais bien réussi, il permet à chacun de passer un agréable dîner dans une bonne ambiance.

Voici quelques règles générales à suivre:

– On alterne toujours les hommes et les femmes, en évitant que les membres d’un même ménage ne se retrouvent l’un à côté de l’autre sauf bien sûr lorsqu’il y a disparité des sexes.
– On sépare les couples sauf les fiancés et les jeunes mariés de moins d’un an tout en respectant l’alternance « homme-femme ».
– On réserve les places les plus confortables aux femmes.
– On veille à ce que les invités n’aient pas vue sur la porte du débarras ou sur la poubelle.
– La maîtresse de maison, s’il n’y a pas de personnel de maison, se place en général le plus près de la porte de la cuisine pour pouvoir s’éclipser discrètement sans gêner les convives.
– La place d’honneur pour un homme est à droite de la maîtresse de maison, la deuxième place d’honneur à sa gauche. Pour une femme, c’est à la droite et à la gauche du maître de maison. Les places d’honneur sont généralement réservées aux invités ayant la préséance (ordre hiérarchique) la plus élevée.
– A partir de 8 personnes, on peut poser à la place de chacun un petit carton avec son nom.
– Si la maîtresse de maison est célibataire, elle ne doit en aucun cas se placer en face d’un homme marié mais en face d’un parent ou d’une amie.
– Un homme célibataire placera en face de lui la personne à qui il veut faire honneur, mais pas une femme mariée si son mari est absent.
– Le maître de maison ne se placera pas en face d’une femme mariée dont le mari est absent. Même si ce dernier est censé être son meilleur ami.
– L’hôte(sse) de la soirée ne doit jamais se trouver entre un couple marié, afin d’éviter de concentrer toute l’attention des convives sur ce couple.
– Dans le cas où il y ait deux tables dressées, il faut que chaque table soit présidée par la maîtresse de maison d’une part, et son époux d’autre part.

Comme pour le dressage de la table, il existe des nuances entre un plan de table « à la française » et un plan de table « à l’anglaise ». A la française, le maître et la maîtresse de maison se placent au centre de la table. A l’anglaise, le maître et la maîtresse de maison se placent aux extrémités de la table.

Plus qu’un simple placement des invités, le plan de table est une manière subtile d’inviter à la conversation et à l’échange. La table est dressée, le plan de table fignolé, il ne reste plus qu’à attendre la venue des invités, notre troisième leçon dans l’art de recevoir, à découvrir la semaine prochaine …

Visuels: (c) Jean Riz

Source: Le Bottin Mondain.

L’art de recevoir: Leçon 1, le dressage de la table

Le repas mijote sur le feu, les grands crus ont été mis à décanter dans la carafe, les invités sont attendus d’une minute à l’autre… Tous les éléments sont réunis pour réaliser un dîner plus que parfait. Seulement, il existe des règles très précises à suivre en termes de dressage de table, de placement des invités et de comportements à adopter au cours du repas.

En cinq épisodes, nous allons donc explorer l’art de recevoir à la française, sous toutes ses coutures. Leçon numéro 1, le dressage d’une belle table …

La petite Histoire

« Dresser la table » est une expression qui vient du Moyen-âge. A l’époque, les salles à manger n’existaient pas et l’on déjeunait ou l’on dînait sur des planches posées sur des tréteaux. C’est seulement à la fin du XVIIIe siècle que sont apparues les premières salles à manger dans les demeures nobles ou riches bourgeoises. Dans les années 1950, la salle à manger disparaît petit à petit et laisse la place à des « coins repas », plus ou moins spacieux. Dans nos espaces contemporains, la salle à manger se décline de diverses manières: coin salle à manger, table relevable, cuisine équipée ou pièce à part à fonction unique.

La table

Il faut s’occuper en premier lieu du cœur la réception: la table. Elle donne le ton de la soirée, est décorée à l’image des hôtes et doit impérativement être installée avant l’arrivée des invités.

Le choix du linge, de la vaisselle, des couverts, des verres et de la décoration dépend non seulement de l’état de fortune mais aussi des connaissances de l’organisateur en matière d’argenterie, de style, de textile, de classes sociales ou d’us et coutumes. Le manque de connaissance ou d’argent peut être compensé, lors des repas familiaux ou d’amis, par l’expression de la personnalité dans la créativité de la décoration.

Le linge de table

Premier élément de la table: la nappe. Blanche, noire ou colorée, elle donne le ton et l’ambiance de la soirée. Le tombant de la nappe doit être égal de chaque côté de la table et la nappe posée sans plis. Le cas échéant, les plis sont repassés à même la table afin d’obtenir une surface totalement plate.

En ce qui concerne les serviettes, elles doivent être en tissu, généralement assorties à la nappe et posées à la gauche de l’assiette, pour un dîner, et sur l’assiette pour un déjeuner. Les couleurs peuvent varier mais elles doivent rester de bon goût (couleurs complémentaires ou dans la même gamme que la nappe).

Depuis le XVIIIe siècle, les serviettes se posent sur les genoux. Avant cette période, elles se nouaient autour du cou, ce qui paraîtrait plus que surprenant aujourd’hui ! A la fin du dîner, l’invité pose sa serviette sur la table et ne la plie pas; cela donnerait l’impression qu’il compte rester au repas suivant. Le rond de serviette, d’usage plutôt familial, peut être utilisé pour l’accueil d’amis et servir à la décoration.

La vaisselle

En Occident, on réserve à chaque convive un espace de 60 cm sur lequel on dispose assiettes, couverts et verres. Cet espace, souvent mesuré, permet à chacun de se sentir à l’aise. Pour une table ronde, l’espace est de 30 cm minimum entre chaque assiette. Celles-ci sont placées à 2 cm du bord de la table, éventuellement sur une sous-assiette – qui ne sera retirée que pour le dessert. Il est important de veiller à ce que les assiettes ne soient pas en face d’un pied de la table.

Un service classique comprend généralement trois types d’assiettes : des creuses pour les potages, des plates pour les entrées et les plats de résistance, et des plates plus petites pour le fromage et les desserts. On peut également disposer sous les assiettes des assiettes de présentation, très larges, qui décorent joliment la table mais ont l’inconvénient de prendre beaucoup de place. Seules les assiettes creuses peuvent être placées à l’avance sur les assiettes plates.

Au cours d’un dîner très élégant, on change d’assiettes pour chaque plat. Dans l’usage courant, on change pour le fromage et/ou le dessert, et éventuellement après l’entrée. Tout est une question de discernement. Si l’on sert un plat qui risque d’altérer le goût du suivant, on change nécessairement les assiettes.

Les couverts

La fourchette et la cuillère étaient collectives jusqu’à ce que Louis XIV vulgarise leur usage individuel à la Cour. A partir de là, les couverts n’ont cessé d’évoluer et de se diversifier jusqu’à prendre les formes variées qu’on leur connaît aujourd’hui.

Les couverts basiques comprennent couteaux et fourchettes de table, et cuillers à soupe; couteaux à fromage, fourchettes à desserts, cuillers à entremets et à moka. Tous ces couverts ont leurs équivalents en couverts de service. Il existe une multitude de couverts aux usages très précis, qu’il est très rare de nos jours d’avoir au complet : fourchettes à poisson, à huîtres, à melon, à escargots, à gâteaux, à homard, couteaux à poisson, tartineurs, pinces à sucre…

Les couverts peuvent être en acier inoxydable, en métal argenté, en argent massif ou, plus rare et plus raffiné, en vermeil (argent recouvert d’or). Quels que soient leurs matériaux, les couverts doivent être essuyés avant d’être disposés sur la table afin de leur rendre toute leur brillance et d’effacer toutes éventuelles traces de doigts.

Les couverts sont placés de part et d’autres de l’assiette dans l’ordre où ils doivent être utilisés, de l’extérieur vers l’assiette. Il ne doit pas y avoir plus de trois sortes de couverts en même temps sur la table ; il est de toutes façons assez rare d’en utiliser davantage, sauf dans les dîners très protocolaires. Plus concrètement, la fourchette se place à gauche de l’assiette, pointes vers la table, le couteau à droite de l’assiette, tranchant vers l’assiette, la cuiller à potage à droite du couteau, creux vers la table. Pour les couteaux à fromage et les fourchettes à dessert, ils sont posés sur les assiettes au moment où ils sont utilisés. Les couverts de service sont placés devant la maîtresse de maison, ou mieux à proximité sur une desserte.

Fait intéressant, les porte-couteaux ne sont admis qu’aux dîners intimes car ils impliquent que la maîtresse de maison n’a pas l’intention de changer les couverts entre chaque plat.

Les verres

A l’instar du linge de table et des couverts, la verrerie apporte une élégance supplémentaire à la table. En effet, le verre permet de sublimer la robe d’un vin et d’en saisir toutes les subtilités. Il doit donc être transparent et sans salissures.

Deux verres obligatoires sont placés devant les assiettes, quelle que soit la nature du dîner: un verre à eau et un verre à vin. Pour un dîner plus mondain, jusqu’à quatre verres sont placés sur la table, par ordre décroissant de taille de gauche à droite : la flûte à champagne, légèrement décalée vers le centre de la table, le verre à eau, le verre à vin rouge (ou à bourgogne) puis le verre à vin blanc (ou à bordeaux).

Les accessoires

Pour que le couvert soit complet, il faut prévoir un certain nombre d’objets indispensables au bon déroulement du dîner: les carafes à eau en nombre suffisant pour que les hommes puissent se servir et servir leurs voisines, les bouteilles ou carafes à vin posées devant le maître de maison afin qu’il puisse aisément faire le service, les salières et poivrières ainsi que corbeilles à pain, rince-doigts et porte-menu, débarrassés avant le dessert.

A noter qu’une table un peu mondaine ne doit pas avoir de dessous de plats, réservés à la table familiale, car ils impliquent l’intention de se resservir de la nappe.

 

 

La décoration

Le dernier élément pour une table plus que parfaite est la décoration, véritable touche finale qui traduit la personnalité de la maîtresse de maison. Chaque détail compte et ajoute à l’ambiance du dîner. Aucune règle n’existe en cette matière si ce n’est le bon goût et l’imagination de chacun.

Des bougies allumées sur la table donnent une grâce spéciale à la table et créent une atmosphère feutrée et tamisée. Les bougies (bougeoirs, chandeliers, photophores) devront être en harmonie avec la nappe ou le décor intérieur.

Les fleurs peuvent également décorer la table. Placées au centre de la table, elles peuvent évoquer une saison et ajouter une touche de naturel à l’ensemble. Attention cependant à veiller à ce que le parfum des fleurs choisies ne soit pas incommodant et que les fleurs ne soient pas allergisantes, que les couleurs créent une unité avec le service et la nappe et que le bouquet n’empêche pas les invités de se voir.

 

La table est maintenant impeccablement dressée, prête à recevoir les invités. Il reste cependant un point crucial pour passer une agréable soirée : le plan de table. Rendez-vous la semaine prochaine pour tout savoir sur le placement idéal des convives…

Visuels: (c) Jean Riz; Yada Photographies.
Source: Le Bottin Mondain.