Mariana Garcia Cano : « Les objets Origen incarnent la Patagonie. »

Origen, entreprise de design venue tout droit de Patagonie, est une véritable ambassadrice du savoir-faire d’ébénistes, menuisiers et tisseurs argentins. Couvertures en peaux de chèvre, plateaux en argent massif, porte-bouteille en corne, lustres en bois de cerfs, tables en bois et en cuir, chaque objet est inspiré de l’histoire et de la culture argentine. Rencontre avec la créatrice d’Origen, Mariana Garcia Cano.

Qu’est-ce qu’Origen ?

Mariana Garcia Cano : Origen est une marque de Patagonie Argentine. Nous habitons au sud, dans la montagne. Je suis moi-même née à Ushuaia. La Patagonie est dans mon sang. Il y a 22 ans, j’ai commencé avec la décoration d’hôtels, de maisons d’étrangers installés en Argentine. Il y a énormément de Français qui habitent en Patagonie, qui possèdent des résidences secondaires, des maisons extraordinaires avec d’immenses terrains – de plusieurs hectares ! Nous avons commencé par faire de la décoration typique, avec de nombreux objets originaires d’Argentine, du peuple indien argentin.

(c) Jean RiZ

Ce qui est intéressant en Patagonie, c’est cette influence incroyable de l’Europe. Cette région est très jeune. La ville où j’habite a été fondée en 1903 et avant cette date, il n’y avait que des peuples autochtones ! Les Espagnols ne sont arrivés qu’en 1880 et ont découvert la Patagonie très tard, contrairement au reste de l’Amérique du Sud. C’est l’influence des Allemands, des Suisses, des Autrichiens, des Italiens, arrivés en 1920, puis pendant la guerre, qui se répercute aujourd’hui sur la décoration intérieure et sur l’architecture. En effet, on retrouve des similarités avec la décoration des Alpes. J’ai donc trouvé très intéressant de travailler avec des produits originaires de Patagonie : les fourrures (le renard gris et roux de la Terre de Feu, le lapin), les poils de guanaco, de lama, d’alpaca, la chèvre des plateaux de Patagonie, les bois de cerf trouvés dans les forêts, les plateaux en métal massif ornés de cornes inspirés d’objets vieux de 400 ans… C’est pour cela que ma marque s’intitule « Origen », qui signifie « Origine », mon origine.

(c) Jean RiZ

Comment sont fabriqués les produits Origen ?

MGC : Des artisans originaires de Patagonie travaillent tous les produits. Ces produits luxueux sont travaillés par des gens très simples. Tous nos objets sont fabriqués à la main. Il n’y a pas de production à la chaîne. Un hôtel nous dit « J’ai besoin de dix seaux à champagne de 37cmx43cm », nous répondons à leur demande sur-mesure. Tout est artisanal.

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Cette origine, cette artisanat, cette qualité, sont-ce des qualités que vos clients recherchent?

MGC : Oui. J’en ai constamment la preuve ! Les personnes me connaissent et reconnaissent mon travail car il est vraiment typique de l’Argentine. Et le bouche-à-oreille fonctionne ! Je pense qu’en plus, les clients attendent un certain niveau d’exigence. Mes produits représentent véritablement l’Argentine.

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Visuels : © Jean RiZ

Nicolas Masse : « Aux Sources de Caudalie, mets, vins et soins se complètent. »

Aux Sources de Caudalie, Nicolas Masse, le chef du restaurant La Grand’ Vigne allie sincérité et équilibre dans le plus grand respect des produits du terroir. Cet équilibre se retrouve tout au long de l’expérience qui réunit bien-être, hôtellerie et restauration. Entretien.

Qu’est-ce que la vinothérapie ?

Nicolas Masse : La vinothérapie, c’est les soins par les vignes, par les produits de la terre. Nous avons la chance au domaine Château Smith Haut Lafitte d’avoir un vin incroyable. Il y a une quinzaine d’année, Mathilde Thomas a découvert qu’il était possible de soigner par le raisin, grâce aux polyphénols présents dans le fruit. Elle a ainsi créé la vinothérapie. Les polyphénols sont très actifs sur la santé. Ils ont des vertus très intéressantes au niveau de la peau, de la fermeté du corps et du bien-être, au travers de massages à base de moûts de raisin, d’infusions. Aux Sources de Caudalie, le raisin est omniprésent, que ce soit au château, au spa ou dans la cuisine.

(c) Rdv Communication

Quels sont les bienfaits des raisins et pépins de raisin sur le corps?

NM : Les polyphénols, un composant du raisin, a des vertus très intéressantes pour le corps et pour la peau, surtout en ce qui concerne la fermeté de la peau, les peaux grasses, les lèvres, les ongles, les taches de la peau. Il y a encore beaucoup de découvertes de crèmes très haut de gamme qui apparaissent chaque année et qui ont beaucoup de vertus de plus en plus intéressantes. Aux Sources de Caudalie, la clientèle se déplace pour le vin, la cuisine et les chambres, mais aussi pour le spa.

Justement, en quoi les mets, les vins et les soins se complètent-ils aux Sources de Caudalie ?

NM : Dans le haut de gamme, dans le luxe. Le vin Château Smith Haut Lafitte est un vin très haut de gamme. Le spa est un établissement très haut de gamme, l’hôtellerie est un établissement très haut de gamme et à la cuisine, nous essayons d’être à la hauteur des vins. C’est un beau challenge. Cette exigence m’a permis d’avoir une source d’inspiration. Et c’est vrai que toutes les structures des Sources de Caudalie ont la même ligne directive : le respect du produit, l’envie de faire le meilleur, le besoin d’être dans la pureté, la tradition, la saisonnalité et de respecter le rythme de la nature.

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Ce respect du terroir et l’utilisation de produits régionaux (gastronomie, vin, bien-être) guident-ils votre travail ?

NM : Nous sommes entourés de beaux produits au quotidien. De nombreuses terres sont prises par les vignes mais il y a énormément de petits producteurs : les d’asperges blanches à Martillac, l’agneau de Pauillac, le caviar d’Aquitaine, le bœuf de Bazas, les huîtres du bassin d’Arcachon, le foie gras des Landes… Il y a quand même de quoi s’amuser et réaliser de belles assiettes !

Votre cuisine en trois mots ?

NM : C’est une cuisine sincère, axée sur la tradition et la modernité et qui a les pieds sur terre. Pas besoin de décodeur pour comprendre ma cuisine. C’est aussi une cuisine fine et créative, où le produit est toujours mis en avant. Faire simple, c’est parfois plus compliqué que faire des assiettes sophistiquées. On essaie d’avoir des assiettes linéaires avec une touche de créativité, une cuisine qui mêle tradition et modernité.

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L’Analytique de l’Aliment : «S’intéresser à la culture culinaire aujourd’hui, c’est bien plus qu’aimer manger et cuisiner. »

Derrière l’Analytique de l’Aliment se cachent Eve et Julien. Au départ, ce couple de blogueurs voulait philosopher sur la culture culinaire, parler de tendances et de découvertes. De fil en article, L’Analytique de l’Aliment est devenu une référence dans la blogosphère culinaire : une source inépuisable d’anecdotes, de réflexions et de nouveautés sur l’aliment, au sens large. Entretien.

Quelques mots de présentation pour nos lecteurs qui ne vous connaîtraient pas ?

L’Analytique de l’Aliment : Nous sommes deux derrière L’Analytique de l’Aliment, Eve & Julien, amoureux l’un de l’autre et de la bonne chaire. Dans la « vraie vie » on fait des jobs plutôt très sérieux à tendance rasoir : webmarketing dans la finance en ligne pour l’un, conseil en innovation pour l’autre. Du coup le soir et le week-end, on prend un grand plaisir à se consacrer à notre blog dont le seul mot d’ordre est, justement, de se faire plaisir.

(c) L'Analytique de l'Aliment

Quelle est la genèse de l’Analytique de l’Aliment ?

LADLA : Au départ, c’est l’histoire d’un petit Blogger né lors de longues vacances d’été qui n’en finissaient pas. Les blogs culinaires commençaient à gagner du terrain, et on s’est dit que ça serait une occupation marrante, qui permettrait d’allier écriture, photo, et alimentation, trois trucs qui nous parlent. On a mis une petite dose de philo là-dedans, en choisissant un nom complètement pourri pour le référencement, mais finalement, nous avons dépassé Kant et son Analytique Transcendantale dans Google (ce qui est quand même un peu scandaleux).

Très vite on s’est aperçu qu’il y avait énormément de choses à dire sur la place de l’aliment dans la société, les évolutions et les nouvelles cultures culinaires, le travail des artistes, photographes, designers autour de la food…

Au début on faisait ça uniquement pour s’amuser, et puis petit à petit, on a développé un peu le projet, le design du blog, les réseaux sociaux, les interviews d’entrepreneurs ou d’artistes culinaires, la Carte du Tendre, les reportages en immersion, le lancement de notre ligne de tabliers… et aujourd’hui ça occupe la majeure partie de notre temps libre !

(c) L'Analytique de l'Aliment

Contrairement aux nombreux blogs existants sur internet, pourquoi souhaitez-vous explorer une approche alternative des tendances culinaires ?

LADLA : Ce n’est pas spécialement une volonté de notre part d’être « en marge », mais on ne veut pas non plus refaire ce que d’autres font très bien, on veut proposer un autre point de vue, une autre manière de voir les aliments. L’idée de monter un blog « culinaire » qui ne parle pas de cuisine est venue très naturellement : la culture food touche tout le monde, pas seulement les apprentis cuistots, ni même les fous de gastronomie. On peut adorer manger et être un piètre cuisinier, ou s’intéresser aux traditions gastronomiques sans être spécialement un gros gourmand. S’intéresser à la culture culinaire aujourd’hui, c’est bien plus qu’aimer manger et cuisiner.

(c) L'Analytique de l'Aliment

Comment dénichez-vous les tendances culinaires qui apparaissent sur votre blog ? Où se situe la limite des sujets dont vous parlez, et ceux que vous n’abordez pas ?

LADLA : Les tendances on les découvre comme tout le monde, dans la rue, en discutant avec les gens, et aussi, bien sur, sur les blogs ! Comme le sujet nous passionne, on est en veille permanente, mais on n’est pas tellement dans la recherche des tendances, plutôt dans l’imagination ou l’interprétation, comme quand on explore le premier degré du Food Porn, l’explosion des régimes mono-maniaques ou la force de la communication politico-culinaire en période d’élection.

On aime aussi traiter de choses beaucoup plus intemporelles : le quotidien d’un vigneron champenois ou d’un éleveur d’esturgeons, les œuvres d’une plasticienne de la gelée alimentaire

Des limites, on n’en a pas vraiment ! Le seul critère, c’est que ça doit nous amuser ou nous toucher. On revisite, à notre sauce, des sujets de tous les jours : et c’est comme ça qu’on en vient à parler politique, rap, ou éducation sexuelle… toujours en partant de l’aliment !

(c) L'Analytique de l'Aliment

Vidéos, projets artistiques, campagnes de pub… La culture food est donc bien plus que de simples recettes ?

LADLA : Ca fait bien longtemps maintenant que la food est sortie de la cuisine et a envahi les rues, le monde de l’art, la télé, la musique ou la politique… C’est devenu un phénomène ces dernières années, mais au fond rien n’est aussi universel que l’aliment et ça n’a rien d’un effet de mode. La food concerne tout le monde, et touche tous les secteurs d’une manière ou d’une autre. Il y a tellement de choses à dire et à faire avec l’aliment, et autour de l’aliment, et c’est ce qu’on essaye de montrer avec ce blog !

Expliquez-nous cette « esthétique de l’aliment » ?

LADLA : L’esthétique de l’aliment, c’est ce à quoi on s’est intéressés en premier, et c’est ce qu’on a le plus de plaisir à aborder. Pour nous l’aliment est, avant tout, beau, avant même d’être bon. C’est d’abord un visuel, et ça doit être pour ça que l’aliment est une source d’inspiration artistique sans bornes. On est très souvent bluffés par des projets artistiques hyper géniaux qui naissent en partant d’une tranche de lard ou d’un plateau repas. Le potentiel esthétique des aliments est vraiment énorme !

Visuels : © L’Analytique de L’Aliment

Julien Lemarié : « En cuisine, on prend des risques. »

Équilibrée, précise et actuelle, la cuisine de Julien Lemarié fait pétiller les papilles. De retour sur ses terres bretonnes, ce chef globe-trotter, riche de ses expériences auprès des plus grands, propose à sa Coquerie rennaise, une gastronomie sensuelle et limpide. Entretien avec un chef qui émerveille en permanence grâce à sa complicité avec les saisons, les producteurs locaux et les richesses du territoire breton.

Quelles sont les caractéristiques de la cuisine de la région Bretagne ? Ces caractéristiques se retrouvent-elles dans votre propre cuisine ?

Julien Lemarié : Nous sommes sur une cuisine généreuse, essentiellement sur une cuisine de produits de saison. C’est vraiment cela qui nous caractérise. Mon retour en France a été bénéfique à ce niveau-là. En Bretagne on a des poissonniers, des volaillers, des producteurs de légumes qui sont superbes. Nous avons la chance d’avoir ces petits producteurs à proximité. Et qui font les choses bien.

(c) Rdv Communication

Vos passages à la tête d’établissements à Tokyo, Singapour et en Angleterre influencent-ils encore votre carte aujourd’hui ?

JL : Je suis encore influencé par toutes les destinations par lesquelles je suis passé, mais pas seulement. Je suis marié à une japonaise, je mange japonais à la maison…cela transpire forcément ! Maintenant, je ne m’en rends pas trop compte quand je cuisine, car c’est devenu naturel. Au Coq-Gadby, on n’est pas, dans tous les cas, sur une cuisine fusion. On est vraiment sur une cuisine de saison, de produits, bretons essentiellement, avec des petites touches exotiques, des rappels, des virgules – un gingembre sur un pigeon, par exemple.

Quelles associations de produits et de saveurs ne vous lassez-vous jamais de cuisiner ?

JL : Les algues ! Le nori, le konbu, j’en mange et j’en cuisine tout le temps et il y en a tout le temps sur mon menu ! J’aime la texture, l’iode. Les produits de la mer, c’est quelque chose qui me tient à cœur.

(c) Rdv Communication

La cuisine n’est-elle finalement qu’une fusion d’éléments empruntés ?

JL : On essaie de se mettre en danger tous les jours. On a un menu de saison, où l’on propose des choses pendant un temps déterminé. Si l’on part sur un menu dégustation, on est sur un menu carte blanche, où c’est au gré des produits et de ce qu’il me passe par la tête !

Votre cuisine en trois mots ?

JL : Précise, saisonnière, bretonne.

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