Le coup de cœur de la semaine : le Sac Picnic Kelly d’Hermès

Icône du luxe à la française, marque presque bicentenaire, Hermès est un incontournable de la mode. Horlogerie, prêt à porter, arts de la table, orfèvrerie, parfumerie, la maison a su diversifier ses activités au fil des demandes, des tendances et des saisons. Cependant, il est un secteur où la marque est aussi innovante qu’elle est intemporelle : la maroquinerie. A l’occasion de cette semaine « Pique-nique Chic », retour sur un classique de la maison, revu à la mode estivale, le Sac Picnic Kelly d’Hermès. C’est notre coup de cœur de la semaine.

L’histoire de la maison Hermès commence en 1837. Thierry Hermès, alors âgé de 36 ans, ouvre la première boutique à son nom en tant que maître artisan-harnacheur sellier. Son métier consiste alors à concevoir, confectionner et vendre des harnais et des équipements pour chevaux. Cette industrie est florissante au milieu du XIXe siècle, les chevaux étant le moyen de transport le plus courant.

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La Maison Hermès se fait rapidement remarquer dans le monde des selliers de luxe. Elle gagne même la Médaille Première Classe à l’Exposition Universelle de 1867. Cette récompense contribue à son succès et permet à la marque d’attirer une clientèle aisée et élitiste. Même le tsar Nicolas II lui passe commande pour équiper ses chevaux royaux. La clientèle d’Hermès évolue et devient de plus en plus prestigieuse, constituée de rois et de présidents du monde entier. La marque gagne sa place dans le monde du luxe.

À la mort de Thierry Hermès en 1878, Charles-Émile Hermès prend la succession de son père à la tête de l’entreprise. Dès la fin du XIXe siècle, Hermès devient la référence en matière de sacs, de pochettes, de ceintures, de gants et de sacoches en cuir pour les cavaliers. Le « Sac haut à courroie » qui sort en 1892, qui permettait aux cavaliers de ranger leurs bottes et leurs selles Hermès, ancêtre du très fameux « Kelly », est un gros succès.

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En 1914, les petits fils du fondateur, Adolphe et Emile Maurice, donnent un nouvel élan à Hermès en identifiant un nouveau marché : celui de la carrosserie et de la maroquinerie adaptés aux nouveaux moyens de locomotion, grâce à la démocratisation de la voiture personnelle. Émile-Maurice Hermès est également le premier à rapporter des États-Unis le système de fermeture à glissière (ou fermeture Éclair) inventé outre-Atlantique et dont il obtient l’exclusivité d’utilisation en France.

Dans les années 1920, Hermès créé des collections d’accessoires de voyages, pour automobile ou pour le sport, de la couture, des gants, des ceintures, des écharpes en soie, des bijoux, des montres et même des colliers pour chien. Cette orientation stratégique se confirme dans les années 1930 avec un développement important de lignes de vêtements féminins. Cette période est aussi celle où les plus célèbres créations d’Hermès voient le jour : le Sac Kelly en 1935, dont Grace Kelly est une inconditionnelle, et le Carré d’Hermès en 1937, un foulard de soie de 90×90 cm trèsrapidement adopté par toutes les célébrités de l’époque comme Jackie Kennedy ou Grace Kelly.

En 1978, le petit-fils d’Émile Maurice Hermès prend la tête de la maison. Il poursuit son désir de développement en étendant le savoir-faire de la marque à d’autres secteurs commele prêt-à-porter ou l’orfèvrerie.

Aujourd’hui, Patrick Thomas est à la tête de la marque. Même si, pour la première fois depuis plus de 150 ans, ce n’est plus un membre de la famille qui dirige la maison, Hermès reste une affaire de famille et de savoir-faire.

L’artisanat est l’une des particularités de la marque : certaines opérations de fabrication ne peuvent être réalisées qu’à la main, comme le découpage et les ourlets des fameux carrés de soie. C’est en partie ce goût de la perfection qui fait d’Hermès une marque luxueuse et prestigieuse.

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La famille Hermès a également su constamment adapter ses produits à l’ère du temps, alliant à la perfection tradition et modernité, et renouvelant régulièrement ses pièces emblématiques. C’est ainsi que le Sac Kelly, l’un des emblèmes du luxe à la Française, est devenu le Sac Picnic Kelly, le temps d’une collection estivale.

Le sac Kelly est l’un des sacs les plus mythiques de la maison Hermès. Le fondateur Thierry Hermès, créé en 1892 le « Haut à Courroies », sac initialement destiné aux cavaliers pour transporter des équipements équestres. Robert Dumas-Hermès revisite le sac équestre en 1935 : ce nouveau « sac de voyage à courroie » ou « Sac à Dépêches » a une taille réduite et une coupe plus féminine. La légende du sac naît en 1956, lorsque la princesse Grace Kelly, descendant de son avion, cache sa grossesse avec son sac Hermès. Les clientes se ruent en boutique, appelant et demandant le sac sous le nom de « Kelly ».

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Les frères Dumas-Hermès décident alors de changer le nom du sac et de le nommer « Kelly » en 1977 en hommage à la Princesse de Monaco. Ce sac possède une fermeture caractéristique avec deux courroies en cuir et un petit cadenas. Sa base est protégée de l’usure par quatre clous. Le sac Kelly se décline en maintes couleurs et une vingtaine de matières (cuir, toile de cuir, autruche, crocodile…), le cuir restant la matière de prédilection. Il existe huit tailles, lesquelles varient de 15 à 50 cm de largeur.

Le Kelly est aujourd’hui fabriqué avec les matières les plus luxueuses. A la fois souple et solide, élégant et classique, simple et travaillé, le Kelly est le fruit d’un savoir-faire unique ; il faut compter trois à quatre années d’attente pour obtenir un Kelly neuf. En effet, sa fabrication nécessite environ 20h de travail manuel et les coutures sont en fil de lin.

Tombé dans le domaine public en 1985, le modèle Kelly est la source d’inspiration de nombreux designers et créateurs. En 2004, par exemple, Jean Paul Gaultier revisite ce sac emblématique avec le « Shoulder Kelly », porté à l’épaule. En 2007, le « Kelly Flat » fait son apparition; plus mou il se plie à volonté.

La maison Hermès elle-même propose une nouvelle version du sac, estivale et pratique : le Picnic Kelly. Jouant sur les matières, mêlant osier tressé sur les faces et cuir de veau pour la base, le rabat et la poignée, ce sac est tel un panier de pique-nique, mais en plus chic.

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Au moment de la sortie du Sac Picnic Kelly, la Maison de Mode Hermès a décidé de mettre en avant le contenu du panier tressé. Légumes, fruits, pâtisseries, charcuterie ou encore baguettes de pain sont assemblés en des collages colorés et reproduisent la forme de l’emblématique sac spécialement créé pour des weekends en pleine nature.

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Visuels: © Hermès

La sélection de la semaine du 18 février 2013

La sélection de cette semaine est très éclectique: Hermès côtoie les Hipsters, un frigo intelligent se met au Harlem Shake… Ce sont les lois de la planète web !

« Vive le sport » clame Hermès dans sa nouvelle campagne publicitaire. La maison de luxe met en scène les pièces ses plus importantes – maroquinerie, vaisselle et linge de maison – et dédie trois spots à trois sports : le croquet, le saute-mouton et le ping-pong. Ainsi, le service de la porcelaine de la collection Printemps-Été aux motifs gris et aux couleurs bleu, jaune, vert, rouge et noir fait des échanges sur une table dressée, encouragée par trois sacs à main de la griffe assis sur des chaises de jardin. La publicité est une référence directe à l’origine du ping-pong. En effet, ce jeu a été inventé à la fin du XIX siècle, dans la haute société victorienne et souvent joué en fin de repas avec un bouchon de champagne en guise de balle, des boites de cigares pour les raquettes et des livres en tant que filet…

Plus besoin de faire ses courses quand le frigo le fait à notre place… Un délire du futur ? Non, une réalité du présent avec ce frigo intelligent. Grâce aux systèmes d’exploitation Evernote et Android et à la tablette incrustée dans la porte, il est possible de contrôler l’état du réfrigérateur et synchroniser toutes les données avec son Smartphone pour suivre en direct l’état de l’appareil et connaître ce qu’il manque…

C’est le buzz de cette semaine sur la planète web culinaire voguant sur le succès de la photographie culinaire : le Tumblr « Pictures of Hipsters taking Pictures of Food ». Le principe est on ne peut plus simple : il s’agit de prendre en photos ceux qui prennent la nourriture – qu’ils n’ont pas cuisinée – en photos. Et cela donne parfois des résultats plutôt surprenants…

Et en bonus, puisqu’on ne peut pas y échapper, même l’Atelier des Chefs s’est mis au Harlem Shake … A voir ici !

Bruno Richard : « Quagliotti est dans la différence, non dans la concurrence »

Bruno Richard est un grand passionné. Passionné du beau produit, de la qualité d’une trame, de la finesse d’un coton peigné, de la suavité d’une teinte. Spécialiste sur l’éponge depuis trente ans avec la société Bailliencourt, professionnel du linge de maison «double fil retors chaîne et trame» avec Quagliotti, Bruno Richard se démarque par son savoir-faire. Rencontre avec un expert technique, esthétique et perfectionniste des intérieurs haut de gamme…

Quel est votre cœur de métier?

Bruno Richard: Bailliencourt est l’associée de Quagliotti, tisseur et producteur de tissus italiens, situé dans le Piémont, à quinze kilomètres d’Alba. Quagliotti est l’un des seuls producteurs qui possède un savoir-faire dans le tissage, notamment dans la construction de produits faits en double fil retors, en chaîne et en trame. Cette technique donne un aspect incomparable aux produits. Tout le monde a les mêmes machines mais il y a une patte à part que nous utilisons dans la finition du produit. Toutes les finitions, les « pipings », sont coordonnées, les satins de coton sont trempés dans les mêmes bains de teinture que les tissus, les ourlets sont parfaits, les contrastes élégants et dans les mêmes couleurs. Nous avons un savoir-faire qui date d’une centaine d’années et en cela, nous sommes uniques.

Quelles matières premières utilisez-vous?

BR: On utilise deux provenances de coton : un coton qui vient d’Egypte, qui est un coton peigné longues fibres, qualité Maco, et un autre coton qui vient du Pérou, qui s’appelle coton Pima, très utilisé pour faire des chemises en popeline très haut de gamme. Notre coton est ensuite filé, tissé, puis teint, soit en pièce, soit en fil. On est sur un produit très pointu, très exclusif.

Le tissage varie-il d’un produit à l’autre ?

BR: Bien sûr. La construction est différente. On doit donc ajuster les métiers (ndlr. à tisser) et changer quotidiennement le nombre de fils en trame et en chaîne quand on monte les métiers selon les différents produits. Quagliotti produit également des tissages selon la méthode Jacquard, du nom de son inventeur français, qui permet de faire des inserts et des reliefs dans le tissu. Traditionnellement, les métiers utilisaient des cartes perforées: on faisait la carte du dessin, avec des piquages, à l’image des cartes utilisées dans les Orgues de Barbarie, et en fonction de la chaîne et de la trame, on obtenait des dessins. Aujourd’hui, les techniques sont automatisées mais le résultat est traditionnel.

Ces techniques traditionnelles de tissage trouvent-elles leur place dans les styles de vie d’aujourd’hui ?

BR: On a un style qui est devenu contemporain depuis sept à huit années. Nous sommes les seuls à faire des produits très contemporains en linge de maison. Nous n’avons rien de vraiment très classique. Nous avons, en parallèle du linge de maison, développé une ligne d’éponge et de peignoirs, de sortie de bain, avec des coupes créées par des designers à Milan. Des produits de «Home Interior», très légers, qui correspondent à la vie d’aujourd’hui. On équipe des villas, des appartements, des maisons, des hôtels très haut de gamme et on s’est beaucoup développés ces dernières années dans le «yachting». On équipe donc beaucoup de bateaux de 60 à 140 mètres, cabine par cabine. Avec tout le linge de lit et le linge de bain, on peut équiper toute la chambre. Mon associée Judith et moi-même sommes positionnés très en avant des clients et nous faisons souvent les installations. Notre savoir-faire, c’est également notre conseil, mais c’est un métier difficile. Nous rentrons dans l’intimité des gens, nous les conseillons et nous travaillons en cohésion avec les propriétaires ou les décorateurs. On est la solution industrielle textile pour ce genre de secteur d’activités. On apporte des solutions techniques que les clients ne connaissent pas forcément.

Comment intégrez-vous des produits dans un intérieur ?

BR: On est comme un architecte qui s’occupe d’un environnement et créé un projet. On est toujours en phase avec le décorateur. Dans chaque environnement, on fait des décors différents. Il n’y a pas de standard. Nous adaptons tous nos produits en fonction des lieux. Pour le Ritz Paris, par exemple, on a fait les 180 chambres, les salles de bains, les nappages et toute la collection Ritz Boutique. Nous avons fait les produits un par un, pour une clientèle très exigeante. Quand on travaille avec Hermès, on fait de l’Hermès. Pour Hermès d’ailleurs, on a fait des Twill soie et coton, et on développe actuellement une collection. On propose ainsi une « Histoire de Soie » avec un drap soie-coton qui a une très belle durée de vie et correspond complètement à leur image. Quand on travaille avec Gucci, on fait du Gucci. On travaille également pour Louis Vuitton, pour Fendi et pour Missoni, et on leur construit des produits. On travaille avec des designers des différentes maisons. Eux nous donnent leur voix, on les écoute, et on essaie de construire un produit qui leur correspond, tout en apportant le côté technique. Le décorateur a de très bonnes idées mais il est plus dans l’esthétique; nous sommes dans la technique et le savoir-faire. Nous voulons que les produits durent, qu’ils aient zéro défaut, qu’ils soient parfaits. On ne peut pas se permettre de faire des produits qui ne correspondent pas à ça. Notre métier c’est de construire des tissus pour des designers et pour un environnement.

Ce savoir-faire, cette qualité du tissu, rendent-ils les clients dépendants aux produits ?

BR: Oui, tout à fait. Par leur construction et leur renouvellement régulier, nous faisons de nos produits des produits sensuels. Quand vous dormez dans nos draps, vous revenez ! Pourquoi ? Parce-que le produit est différent. C’est pour cela que nous nous positionnons dans la différence et non la concurrence. On a un produit que les clients redemandent en particulier : Smeraldo. Il est tissé en 120a2, c’est-à-dire que c’est un tissage fait à partir d’un fil au numéro métrique très fin. Il y a donc beaucoup de fils dans la chaîne et dans la trame, ce qui en fait un tissu comme une seconde peau. Ce tissage a une construction phénoménale. J’ai créé ce produit il y a vingt ans et j’ai décidé de le refaire cette année en le rendant plus contemporain en revisitant les couleurs et en ajoutant des rayures. Et le produit trouve une nouvelle jeunesse.

Comment faire, justement, pour que les produits gardent leur jeunesse éternelle ?

BR: On fait un produit que l’on estime abouti. En revanche, il y a un maillon de la chaîne, vis-à-vis du consommateur, que l’on ne maitrise pas: le lavage. Dans le lavage, et on le remarque avec l’hôtellerie, on voit de tout. Et il y a des gens capables du meilleur comme du pire ! Le lavage est un peu l’ennemi de notre produit. Bien que l’on donne des conseils d’entretien très pointus pour éviter d’altérer les fibres, il est difficile de respecter ces conseils, dans l’hôtellerie en particulier. Il y en a qui vont faire 50 lavages sur un produit ; nous on va en faire 100. Nous sommes plus chers au départ mais nous avons produit qui dure plus et qui ne réserve aucune mauvaise surprise. On a des retours positifs de la part des utilisateurs. Chaque produit a reçu des analyses techniques. On étudie par exemple le degré de polymérisation de la cellulose, qui rentre dans la composition du coton, et après on fait des tests techniques et chimiques sur nos produits, comme le test des cendres (ndlr. Savonnage à la cendre), pour que le consommateur ait, entre le premier lavage et le vingt-cinquième lavage, un produit de qualité identique. Notre philosophie est d’avoir un produit qui résiste au fil du temps et on s’engage sur cette durabilité. Tous les jours on progresse, tous les jours on s’enrichit de plein de choses, et on peut toujours faire mieux. Je suis très exigeant sur les détails, sur tout. On a un œil expert maintenant . C’est notre métier.


Comment réussissez-vous à vous renouveler ?

BR: Les produits de linge de maison sont des produits qui vivent, qui bougent. Avec l’un de nos partenaires de l’Himalaya, on a fait des couvre-lits en yack, animal qui se trouve à 5000 mètres d’altitude, dans les montages de l’Himalaya et on a fait la teinture qui correspond à nos produits existants pour que tout soit en harmonie. Nous travaillons en ce moment avec une société suisse, Elite Bed, un fabriquant de lits où tout est fait à la main dans les ateliers suisse. On a créé notre lit, avec nos produits, nos tissus, notre « piping ». Aujourd’hui, notre philosophie est d’apporter à un décorateur une chambre ou une suite complète: il y aura le lit, que l’on dressera avec les draps, les taies et les couvertures, les plaids et on s’occupera ensuite de la salle de bains avec les draps de bain et les peignoirs. Nous allons vers des projets globaux qui nous correspondent, qui sont à notre image.

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