Manuel Peyrondet : « En tant que chef sommelier, je dépasse la notion de service pour celle du partage. »

Meilleur Sommelier de France, Master of Port et Meilleur Ouvrier de France, Manuel Peyrondet est un virtuose du vin. Chaque jour, à l’hôtel Royal Monceau-Raffles Paris, le chef sommelier sélectionne avec minutie les quelques 1200 références que l’hôtel propose dans ses restaurants et son bar. Passionné, il aime faire partager ses dernières découvertes, évoquer un plaisir, un accord méconnu, la fraîcheur ou la finesse d’un grand cru, raconter l’histoire du vin et des gens qui le font et trouver le vin qui plaira, surprendra… Rencontre.

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Le coup de cœur de la semaine : la Maison du Chocolat

Pour clore cette semaine chocolatée, il est une institution qui est plus qu’une référence auprès des gourmands du monde entier : la Maison du Chocolat. A l’occasion des fêtes de Pâques, les ateliers ont créé une délicieuse gamme dont les personnages principaux sont deux moutons en chocolat, Frisoton et Frisette. C’est notre coup de cœur de la semaine.

Pour Robert Linxe, le chocolat était plus qu’une passion, c’était le travail d’une vie. Né au pays Basque français, il apprend son métier de chocolatier à Bayonne puis part parfaire son art en Suisse. Homme au palais exceptionnel, grand connaisseur de vins, amateur de musique et particulièrement d’opéra, artiste dans l’âme sensible au « beau », Robert Linxe assemble et orchestre les saveurs du chocolat comme une partition musicale dans des créations à la signature unique.

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En 1977, Robert Linxe décide d’ouvrir la première boutique uniquement dédiée au chocolat sur le prestigieux Faubourg Saint-Honoré, à Paris. Il choisit de l’installer à l’emplacement d’une cave à vin qui offre les conditions de conservation idéales pour les chocolats. Il y développe également son laboratoire au sous-sol, pendant plus de 10 ans, avant d’ouvrir les ateliers de la Maison du Chocolat à Nanterre.

Surnommé « le Sorcier de la Ganache », Robert Linxe donne ses lettres de noblesse à la ganache, texture fondante réalisée à partir de chocolat et de crème fleurette puis enrobée d’une fine couche de chocolat, bonbon signature de la Maison. Robert Linxe fait alors découvrir une facette nouvelle du chocolat au public français : moins doux, moins friandise, plus adulte, libéré de ses excès de sucre et de crème.

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Depuis 2007, Nicolas Cloiseau, Meilleur Ouvrier de France Chocolatier 2007, est le Chef de la Maison du Chocolat. Il sublime les recettes de ganache, innove au niveau des textures et des saveurs, affirme sa différence et sa créativité tout en cultivant le savoir-faire artisanal empreint d’élégance et de finesse de la Maison.

Au fil des saisons, Nicolas Cloiseau explore les sources de goût et de dégustation. A l’heure de Pâques, le chef chocolatier a fait appel à ses souvenirs d’enfance et a créé une collection éphémère empreinte de tendresse.

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Rendant hommage au thème bestiaire de la Maison du Chocolat, récurrent à chaque fête de Pâques – poules cachées dans des œufs, scène de ferme où les lapins prennent le volant de voitures anciennes, lions et girafes dans un zoo chocolaté – , Nicolas Cloiseau a cette année fait un clin d’œil à ses origines bretonnes et son enfance en créant un duo gourmand de pâquerettes: Frisoton et Frisette. Ces deux moutons, inspirés des moutons noirs d’Ouessant dans le Finistère, pleins de rondeurs et de poésie, sont les symboles même de ces fêtes pascales.

Façonné, lissé, roulé, soufflé, moulé et sculpté, entièrement réalisé à la main, ce joyeux troupeau est le fruit d’un travail long et minutieux de maîtrise du chocolat. Les boucles parfaites des toisons proviennent de gouttes de chocolat roulées sur elles mêmes. Les pâquerettes des près sont peintes à la main, les cornes en chocolat des béliers sont lustrées, les pelotes de laine mousseuses sont savamment pulvérisées, des gouttes de chocolat noir et ivoire cristallisent les regards uniques et attachants, les planches de la palissade sont finement rainurées et patinées au beurre de cacao, les sols irréguliers sont en chocolat soufflé…

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C’est une véritable prouesse technique et artistique qu’a réalisé le chef Nicolas Cloiseau en reproduisant un paysage bucolique et pastoral en 100% chocolat. Plus besoin d’être le Petit Prince pour demander à ce qu’un mouton nous soit dessiné…

Les dix commandements de la Maison du Chocolat :

1. La robe d’un bon chocolat doit être brun acajou, légèrement brillante.
2. Un très bon chocolat ne doit être ni trop noir, ni terne.
3. Un chocolat doit être dégusté entre 18 et 20°C.
4. Grâce à la finesse de son enrobage, un bon chocolat ne doit pas croquer mais fondre dans la bouche.
5. Une bonne dégustation de chocolat doit être faite par petits morceaux.
6. Un chocolat ne doit jamais être acide, âcre ou astringent.
7. Le parfum associé au chocolat ne doit jamais couvrir la puissance du cacao, ce qui nécessite une recherche d’équilibre.
8. Un chocolat doit être long en bouche pour mieux saliver.
9. Toutes les matières premières et surtout la couverture de chocolat doivent être d’une qualité irréprochable.
10. Seule importe la qualité du chocolat utilisé, non son pourcentage de cacao.

© RDV Communication; La Maison du Chocolat.

Nicolas Cloiseau : «Le chocolat, c’est une seule matière première qui permet une variété de créations.»

Oeufs en chocolat blanc, lapins en chocolat au lait et cloches en chocolat noir, Pâques est aujourd’hui absolument indissociable de la fève cacaotée. A l’occasion de cette fête, Nicolas Cloiseau, chef de la Maison du Chocolat et également Meilleur Ouvrier de France Chocolatier de l’année 2007, nous parle de son parcours, de sa passion pour le chocolat et de son travail de création au sein de la Maison du Chocolat.

D’où vous vient cette passion du chocolat ?

Nicolas Cloiseau : Ma passion du chocolat a démarré par la pâtisserie. J’ai grandi dans les cuisines de mon oncle qui était cuisinier. J’allais donc les weekends l’aider, je touchais aussi bien aux entrées, qu’aux plats de résistance et aux desserts. Très jeune, vers l’âge de 5 ou 6 ans, j’ai été vite attiré par la partie des desserts. Quand j’ai terminé mes études, je suis donc parti tout naturellement vers une formation de pâtissier, CAP puis Brevet de maîtrise. Quand vous faites une formation en pâtisserie, vous touchez à tout et faites un tout petit peu de chocolat, un peu de traiteur, de la confiserie et de glace. Après ma formation de pâtissier, j’ai voulu me perfectionner dans le chocolat. J’ai envoyé mon CV à la Maison du Chocolat. Déjà, à l’époque, c’était une référence dans le domaine du chocolat. Ensuite, ça a été très vite. Dans les quinze jours, Robert Linxe, le fondateur de la Maison du Chocolat m’a appelé et j’ai débarqué. Dans mon idée, je voulais me perfectionner pendant deux ans pour ensuite me mettre à mon compte – comme font beaucoup de professionnels. Au fur et à mesure des années, la Maison du Chocolat a grandi et j’ai grandi avec elle. Au bout de quelques années, Robert Linxe a souhaité mettre en place un atelier de décor et il m’a confié la tâche de le créer et de former des talents. Le challenge m’a plu, j’ai accepté et ça s’est fait. Par la suite j’ai souhaité passer mon concours de Meilleur Ouvrier de France. La Maison du Chocolat m’a soutenu dans cette démarche. J’ai obtenu le titre en 2007. Suite à ça, j’ai intégré l’atelier de création. Je ne devais plus seulement créer des pièces d’exception mais aussi des bonbons de chocolat pour la Maison. Je suis arrivé par la petite porte il y a 17 ans et aujourd’hui je suis en charge de tous les produits de la Maison du Chocolat. Quand je regarde en arrière je me dis que c’est un beau parcours et qu’il est encore possible de grandir dans de telles grandes maisons.

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Pourquoi le chocolat vous inspire-il tant ?

NC : Le chocolat a cette faculté de s’adapter et s’associer à tous les parfums qu’on peut y mettre. C’est très intéressant au niveau de la dégustation, même si le chocolat en lui-même a déjà des typicités très différentes d’une provenance à une autre. On peut associer le chocolat à tous types de parfums, ce qui est très intéressant au niveau de la dégustation. Artistiquement, on peut faire des choses extraordinaires avec le chocolat : du moulage, de la sculpture à partir d’un bloc, du modelage – si l’on mixe le chocolat dans un mixeur on aura un chocolat qui aura la consistance d’une pâte à modeler. Pour mon concours de meilleur ouvrier de France, j’ai même fait du tour à bois : j’ai mis un gros bloc de chocolat sur un tour à bois et je l’ai travaillé comme un tourneur sur bois. Il y a des possibilités infinies dans le chocolat, aussi bien dans le gustatif que dans l’artistique. C’est ce que je trouve extraordinaire : une seule matière première qui permet de faire une variété de choses.

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Le travail du chocolat est-il comparable à la création d’une œuvre d’art ?

NC : Oui. Je mets autant d’exigence et de passion à créer un bonbon de chocolat qu’une pièce artistique. Certes, une pièce doit être visuellement belle, mais un bonbon se doit d’être dans l’équilibre. Ce sont beaucoup d’essais de recettes pour avoir un véritable équilibre entre le chocolat et le parfum, et faire attention que le parfum ne prenne pas sur le chocolat tout en étant présent. C’est un travail d’équilibriste, très pointu finalement. De plus, comme par nature je suis un éternel insatisfait, je suis toujours à la recherche d’un nouveau producteur, toujours à la recherche d’un produit qui soit encore meilleur pour demain.

Vous êtes toujours à la recherche de produits d’exception pour vos créations de chocolat. Comment s’organise votre travail de sourcing ?

NC : Aujourd’hui, je porte beaucoup d’exigence sur ma sélection de matières premières. Je passe énormément de temps à chercher les meilleurs citrons qui soient, les meilleures framboises, la meilleure cannelle, la meilleure menthe… Pour le cacao, je travaille en collaboration avec un sourceur. Un sourceur c’est un agronome de formation. Il parcourt toute la ceinture équatoriale, de vingt degrés de latitude nord et sud de chaque côté de l’Equateur. On passe en Amérique Centrale, en Amérique du Sud, en Afrique et en Papouasie Nouvelle-Guinée. Selon mes créations et mes inspirations du moment, je suis toujours en contact avec ce sourceur qui me trouve les fèves de cacao qui ont les typicités que je recherche. Quand il les trouve, je vais le rejoindre sur les plantations en question et on travaille ensemble sur la fermentation et le séchage, deux étapes qui ont lieu sur les plantations. On ouvre la cabosse, on fait fermenter les fèves de cacao et après on les fait sécher. Selon comment on va les faire fermenter et sécher, on va justement avoir ces typicités qui vont plus ou moins ressortir. C’est un travail en amont qui est vraiment essentiel avant de transformer les fèves en chocolat, un travail à part entière.

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Quelles créations de la Maison du Chocolat sont indémodables ?

NC : Ce n’est pas compliqué : les ganaches nature ! On a une clientèle qui est très sensible aux différentes typicités que l’on fait ressortir dans nos chocolats aujourd’hui. C’est ce qui a fait la force de la Maison du Chocolat et vraiment la signature de goût et de qualité.

Vous avez créé une collection spéciale à l’occasion des fêtes de Pâques. Pourquoi le chocolat est-il indissociable de cette fête ?

NC : Quand je pense Pâques et le chocolat, toute mon enfance me revient en mémoire. Les pièces que je créé aujourd’hui y sont encore attachées. Dans mon enfance, quand je recevais l’œuf de Pâques et la poule en chocolat, j’allais les cacher dans mon armoire parmi mon linge car je ne voulais pas les casser. Mes parents retrouvaient alors les moulages dans les pantalons et les pulls ! Pour moi, le chocolat est associé à cette fête car c’est une tradition ancrée dans les enfances de chacun.

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Dans les coulisses de la Maison du Chocolat

Pâques sans chocolat est comme la « Pizza sans olive » du chanteur Thomas Dutronc: impensable. A l’occasion de cette fête que la plupart des Français fêtent à coups de kilos de chocolat, nous nous sommes rendus dans un atelier qui fabrique depuis plus de 35 ans ses bonbons de manière artisanale. Reportage dans les coulisses de la Maison du Chocolat

Il est 9 heures. Les ateliers de la Maison du Chocolat, situés à Nanterre, s’apprêtent à ouvrir leurs portes à une poignée de blogueurs culinaires venus expressément pour l’occasion. C’est la première fois que la Maison du Chocolat ouvre ses ateliers au grand public, chaque personne présente se sent donc privilégiée. Telle une classe de découverte, les cahiers de notes et les stylos sont de sortie, les Smartphones et tablettes sont connectés au web et aux appareils photo, et les oreilles sont avides de savoir.

Après un petit déjeuner tout chocolaté offert par la maison – chocolat chaud traditionnel délicieusement épais et gâteau moelleux au chocolat noir ultra-gourmand – direction le rez-de-chaussée. Souci de l’hygiène oblige, qui se doit d’être irréprochable à tout moment de la journée, les mains sont savonnées et nettoyées à grande eau puis séchées dans des sèche-mains antibactériens. Chacun enfile une blouse blanche, des chaussons en plastique par-dessus les chaussures et place une charlotte sur les cheveux. Les ateliers de la Maison du Chocolat sont des lieux stériles ; rien de doit donc dépasser.

Le chef de la Maison du Chocolat et Meilleur Ouvrier de France Chocolatier 2007 Nicolas Cloiseau est notre guide le temps de la visite. L’odeur du chocolat prend au nez à l’instant même où nous franchissons les portes de l’atelier. Suave, gourmand, exotique, il séduit instantanément.
35 sortes de chocolat sont fabriquées à l’atelier, tous fabriqués à la main, réparties en différents bonbons : pralinés, ganaches natures, ganaches parfumées, gourmandises. Chaque année, une douzaine de chocolats éphémères sont également créés, destinés aux fêtes familiales, aux coffrets de saison et aux pièces de prestige. Les 35 sortes de chocolat se répartissent en 1/3 de chocolat au lait, pour 2/3 de chocolat noir. Ainsi, près de 200 tonnes de chocolat sort des ateliers chaque année.

En cette journée découverte, nous allons suivre toutes les étapes de la fabrication d’une ganache, le chocolat signature de la maison. Le chocolat brut est à la base de la ganache. De la marque Valrhona, il est sous forme de pastilles, plus faciles à travailler.

Autre produit de base de la ganache, le lait. Il doit être bouilli avant d’être mélangé au chocolat.
Le chocolat et le lait sont ensuite mélangés dans une machine qui incorpore de l’air à l’émulsion, la rendant plus légère et plus onctueuse.

La ganache est ensuite versée sur de longues tables en marbre dans une salle de repos à la température de 10°C.

Les chocolatiers étalent ensuite la ganache à l’aide de spatules afin que l’épaisseur soit égale sur toute la longueur. Le geste est précis et rapide, le chocolat durcissant lorsqu’il se refroidit, ou se « cristallise ».

Direction ensuite la salle « des musiciens » quand le point de cristallisation est atteint. Ces « musiciens » chocolatiers découpent la ganache en petits carrés avec une guitare, machine aux fils tendus qui rappellent l’instrument à corde.

Ces bonbons découpés s’en vont ensuite se faire beaux. En effet, selon sa saveur, chaque bonbon est marqué d’un décor : un fruit sec, un morceau de sucre coloré, un dessin dans le chocolat.

Toutes sortes d’outils sont utilisés pour créer des décors tous les plus originaux que les autres.

Tous les bonbons sont travaillés un à un à la main et il faut entre dix et quinze étapes à chaque bonbon avant d’être commercialisé. Soucieuse quant à la qualité de chaque bonbon qui sort de ses ateliers, la Maison du Chocolat contrôle chaque produit. Un travail pointilleux qui reflète le devoir de perfection que s’est donnée la Maison.

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Passion, savoir-faire et amour du produit font partie de chacun des bonbons qui sortent de la Maison du Chocolat. Depuis 35 ans, ils régalent le monde entier, de New York à Tokyo, en passant par Londres. Les gourmands ne pourront que fondre de plaisir…

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