Le coup de cœur de la semaine : les Moules de Bouchot

A l’approche des fêtes de fin d’année, il est un produit qui ne se démode jamais pour les repas festifs : les fruits de mer. Huîtres, langoustines, bulots, crevettes… le choix est aussi varié que l’océan est vaste. Focus sur les moules de bouchot, notre coup de cœur de la semaine.

Mettons tout d’abord les choses au point : qu’est-ce que le bouchot ? Ce n’est ni une ville, ni une région, mais un mode d’élevage. Patrick Walton, un voyageur irlandais, invente cette culture en 1235. Victime d’un naufrage dans la Baie de l’Aiguillon (réserve naturelle qui couvre une partie du domaine public maritime des départements de la Vendée et la Charente-Maritime), il s’installe et se consacre à la capture d’oiseaux d’eau à l’aide de filets. Il s’aperçoit alors que les piquets retenant ses filets, plantés dans la mer, se recouvrent de moules. Il multiplie les piquets et les réunit par des claies (des nasses). Il baptise son invention avec les mots « bout » et « choat » : la clôture en bois. Le mode de culture des moules de bouchot est né.

(c) Moules de Bouchot

Deux espèces sont cultivées pour produire les moules de bouchot : Mytilus edulis et Mytilus galloprovincialis. Cette culture se pratique sur le littoral Atlantique ou de la Manche, sur des alignements de pieux, les fameux bouchots. Il faut un an pour obtenir des moules de bouchot. Celles-ci naissent au début du printemps, entre la Charente et la Loire. Des cordes sont tendues horizontalement pour recueillir un naissain qui peut se fixer facilement. En juin, les cordes sont disposées sur des portiques en bois appelés chantiers. Le naissain se développe ainsi sur son support jusqu’à la fin de l’été. Les cordes sont ensuite enroulées en spirale autour des bouchots à partir du mois de septembre. Pour protéger les moules de bouchot contre l’invasion des crabes, les pieux sont habillés d’une « jupe » ou « tahitienne ». Les moules de bouchot se développent alors pendant l’hiver et le printemps suivants.

Les artisans producteurs suivent de près ce bon développement et interviennent tout au long de la croissance des moules pour leur garantir une qualité optimale. Les pieux sont par exemple entourés de « catinages », filets qui protègent les moules d’éventuelles tempêtes ; les algues sont également régulièrement enlevées et les invasions de prédateurs surveillées.

Après un an sur le bouchot, les moules sont cueillies mécaniquement par bateau amphibie ou tracteur pour être lavées, triées et conditionnées pour l’expédition et la vente.

(c) Moules de Bouchot

Grâce à leur technique d’élevage, les moules de bouchot sont une garantie de qualité pour le consommateur. La texture de la chair est onctueuse et non farineuse, puisque la coquille reste très bien fermée lors des étapes de conditionnement, de transport, de stockage et de mise en vente. Les moules d’élevage sont suffisamment espacées dans un volume environnemental où la nourriture phytoplanctonique se trouve abondante, ce qui leur confère une coloration de chair soutenue de crème à jaune orangé plus ou moins prononcée. Les « moules de bouchot » présentent également une coquille propre. Elles ne contiennent pas de corps étrangers (crabes, grains de sable), ni aucune odeur ou aucun goût de vase, car au moment de la pose d’une corde ou d’un boudin sur le pieu, une hauteur minimale de 30 centimètres est respectée entre le sol et le niveau inférieur de la corde ou du boudin, évitant ainsi tout contact avec le sol. La répartition homogène et la faible densité des pieux sur l’estran permettent que la charge de moules soit étalée régulièrement sur l’ensemble de la masse d’eau disponible sur l’estran. Les moules peuvent ainsi profiter des éléments nutritifs circulant aux différentes profondeurs de la lame d’eau, ce qui permet un remplissage homogène des coquilles. Le mode de production en zone d’exondation fréquente et l’exposition fréquente de la coquille à l’air libre et au soleil qu’il induit, entraînent son durcissement. C’est pourquoi la coquille des « moules de bouchot » présente une solidité importante.

(c) Moules de Bouchot

Côté nutrition, les moules sont riches en protéines (20 g pour 100 g) et contiennent peu de lipides et de glucides (environ 3 g). Elles figurent parmi les aliments les plus riches en calcium, en iode, en magnésium, en fer, en zinc et en sélénium. Elles apportent également de nombreuses vitamines B et ont, comme de nombreux coquillages, des propriétés antioxydantes.

Côté gastronomie, les moules ont de nombreuses propriétés gustatives. Au moment de les choisir, elles doivent être fraîches et vivantes, donc fermées, et consommées dans les 48h après l’achat. Avant la cuisson, les moules sont grattées (algues, particules calcaires collées sur la coquille…) et le filament détaché. Elles sont ensuite rapidement passées sous l’eau froide, ce qui permet d’éliminer le sable. Les moules sont idéalement cuites dans un grand faitout à feu vif, quelques minutes seulement. A chacun de les accompagner de sauces ou bouillons aux saveurs diverses – vin blanc, pineau, curry, crème et lardons – pour le plus grand plaisir des papilles…

Visuels et source : © Moules de Bouchot

Patrice Lucine : « Chaque secteur de pêche a son produit phare. »

La famille Lucine est étroitement liée à la mer et au Cap-Ferret. Pêcheurs de père en fils, les Lucine revendiquent leur terroir arcachonnais au travers de leurs produits ; huîtres, soles, rougets, mules, bars, daurades royales sont pêchés quotidiennement dans le bassin par les frères Lucine embarqués sur le « Puma » et le « Paul-luce ». Entretien avec Patrice Lucine, à la tête de la poissonnerie du même nom, passionné du beau produit…

(c) Poissonnerie Lucine

Quelle est l’histoire de la création de la poissonnerie Lucine ?

Patrice Lucine : Nous sommes trois générations de pêcheurs dans ma famille, de père en fils. Mon père a eu cinq garçons et des cinq, je suis le seul qui a fait autre chose que la pêche. J’ai ouvert en 1982 une petite poissonnerie au Cap-Ferret. Cela fait maintenant 30 ans que cette poissonnerie existe au pied du phare. Nous en avons ouvert une autre à Mérignac. Tous mes frères pêchaient, donc j’achetais du poisson à mes frères, chaque frère ayant sa zone et sa méthode de pêche. En plus d’acheter du poisson à mes frères, j’achète du poisson aux pêcheurs du bassin, à la criée d’Arcachon et dans quelques autres villes de France. Je vends de préférence le poisson de la pêche du jour pris sur des petits bateaux.

(c) Poissonnerie Lucine

Vous limitez-vous uniquement au poisson pris dans le bassin d’Arcachon ?

PL : Non, j’achète par exemple du merlu de ligne et du thon de ligne à Saint-Jean-de-Luz. J’achète du maigre, des langoustines vivantes et du bar de ligne à la criée de La Cotinière et à Royan. Ce sont des criées qui vendent des poissons du jour quotidiennement. J’achète tous les poissons fins à La Cotinière ou Royan. Les langoustines, par exemple, je les prends aux criées du soir comme ça j’ai des langoustines qui sautent sur l’étalage le lendemain matin ! Plus au nord, je me fournis à Guilvinec, Concarneau ou Roscoff pour des crustacés et des poissons un peu moins nobles comme le cabillaud, le lieu, la lotte.

(c) Poissonnerie Lucine

Vous ne proposez que du poisson sauvage sur vos étals ?

PL : Oui, je ne sers que du poisson sauvage sauf un poisson d’élevage, qui est le Saumon d’Ecosse Label Rouge, que j’achète directement dans une ferme en Ecosse.

Quels sont les produits que les clients préfèrent pendant la période estivale ?

PL : Tout ce qui est à griller ! Tout ce qui peut se faire à la plancha, au barbecue. Les poissons entiers comme le bar, le maigre, les mules, ou des poissons pêchés dans le bassin d’Arcachon. Des émincés aussi, de thon ou de saumon par exemple. On fait également beaucoup de plateaux de fruits de mer. Je travaille exclusivement avec des huîtres du bassin d’Arcachon et je fais aussi quelques huîtres spéciales de Marennes-Oléron. Nous avons une clientèle sur le Cap-Ferret qui nous demande des huîtres haut de gamme. Nous combinons ces plateaux composés avec des bulots, des bigorneaux, des coquillages tels que les praires, les palourdes du bassin, des langoustines de La Cotinière ou des crevettes de Madagascar Label Rouge. D’ailleurs, notre écailler qui prépare les plateaux de fruits de mer a été sacré Champion de France des Écaillers et il part cette année au Championnat du Monde 2013 !

(c) Poissonnerie Lucine

Des produits labels rouges, des poissons issus de la pêche quotidienne… La qualité est-elle le moteur de la Poissonnerie Lucine ?

PL : Oui, tout à fait. Surtout que les clients ne se trompent pas. Nous avons une véritable clientèle de connaisseurs sur le Cap-Ferret et sur le bassin d’Arcachon. Habitant au bord de mer, les gens sont habitués à avoir de beaux produits, quel que soit le produit. Ils connaissent le poisson et il ne faut pas se tromper. On essaie d’être un gage de qualité pour le client.

(c) Poissonnerie Lucine

Pensez-vous qu’il est important que les artisans mettent en avant la région et le terroir à travers leurs produits locaux ?

PL : Bien sûr. C’est le charme de tous ces bords de côte. Les soles, les rougets, les mules, les bars, les daurades royales et les huîtres proviennent du bassin d’Arcachon. C’est évident qu’il faut les mettre en avant. Chaque produit régional a un goût particulier et les gens en sont amateurs, ils apprécient énormément ces caractéristiques. En Charente, il y a les huîtres de Marennes-Oléron, les langoustines de La Cotinière ; au Mont-Saint-Michel on retrouve les moules de bouchot ; en Bretagne les homards, les tourteaux et les langoustes … Chaque secteur de pêche, chaque région a son produit.

Visuels : © Poissonnerie Lucine

Poissonnerie Lucine
5 rue Forestière
33970 LE CAP-FERRET
05 56 60 47 07

Frédéric Compagnon : « Chez Via Maris, la passion de la mer se décline. »

Via Maris, c’est une histoire de passionnés: passionnés de la mer, passionnés du beau produit, passionnés par la transmission de belles histoires. Chaque magasin Via Maris est une invitation au voyage, un parcours balisé de découvertes où la mer et ses rivages en sont le fil rouge. Entretien avec Frédéric Compagnon, à l’origine de la création de Via Maris.

Qu’est-ce que Via Maris ?

Frédéric Compagnon : Via Maris a été créée par des gens passionnés de la mer en 1999. L’aventure est partie de Quiberon, au tout départ, avec des gens qui étaient plutôt orientés vers la conserverie, avec La Belle Iloise. Ces gens proches et passionnés de la mer étaient à l’origine plutôt axés sur l’alimentation fine et la conserverie. Ils se sont dit qu’ils pouvaient étendre leur champ d’investigation au-delà de l’alimentation fine et développer un concept et une thématique complètement tournée vers la mer en gardant bien entendu toutes les valeurs liées à la mer et typiquement marines : la qualité, l’authenticité, l’universalité, le partage.

(c) Via Maris

Aujourd’hui, quelle est la démarche de Via Maris ?

FC : Aujourd’hui, nous sommes encore dans la même démarche qu’à l’origine. Notre thématique c’est la mer, le bord de mer, sous tous ses axes. On a surtout un positionnement : partager une passion avec nos clients. Une passion qui se décline sous toutes ses formes et vocations, une passion pour la découverte des nouveaux produits et nouvelles cultures. Nous sommes constamment à la recherche de nouveautés produits à faire découvrir à nos clients, toujours dans l’univers marin. Nous avons donc trois axes : une passion pour la mer, une passion pour la découverte de nouveaux produits, une passion pour les produits de qualité, ceux qui sont beaux et ceux qui sont porteurs de sens. Notre ligne de démarcation, c’est la qualité, les belles choses, tout ce qui fait sens. Finalement, nous avons une passion pour le métier. On veut partager tous les trésors que l’on découvre et toutes ces petites nouveautés avec nos clients et publics.

(c) Via Maris

Sur votre site, ViaMaris.fr, vous expliquez qu’à travers vos produits et magasins, vous racontez des histoires de la mer et du rivage. Parlez-nous de cette invitation au voyage?

FC : Cela peut être un voyage émotionnel local. Effectivement, on peut aussi bien sélectionner des produits très locaux que des produits qui viennent du bout du monde. Prenons deux exemples. On va d’un côté sélectionner des produits de la Belle Iloise, de la Pointe de Penmarc’h, de la Maison d’Armorine, des biscuits bellilois de Belle-Ile, vraiment du local. En qualité nous sommes intransigeants et estimons que ce sont les meilleurs. De l’autre, quand on va être sur la partie sel et épices, bien entendu, on va à la fois faire du local, des choses à base de fleur de sel de l’île de Ré pour notre magasin de La Rochelle, des choses issues de Guérande pour le magasin de Nantes, et on va aller chercher des sels et épices un peu plus exotiques, solliciter d’autres partenaires, Quai Sud, ou Saveurs et Sens, qui eux, ont ce savoir-faire de dénicheur de nouveaux produits et de mélanges.

(c) Via Maris

Comment découvrez-vous et choisissez-vous vos produits ?

FC : On a en fait deux axes. On a un travail de « sélectionneur » des meilleurs produits et on a un travail de « développeur » quand il y a des produits que l’on aimerait avoir mais que l’on ne trouve pas. C’est dans ce deuxième axe que nous développons des produits de notre marque enseigne, y compris en alimentation fine. On a fait développer, par une conserverie bretonne, des rillettes de sardines au beurre marin, des rillettes de Saint-Jacques de Bretagne au poivre de Sichuan, des rillettes de maquereau au citron vert… On pousse aussi nos partenaires à aller développer des choses uniquement pour nous. Par exemple, dans notre magasin La Rochelle, les clients avaient envie de voir les produits du coin. Nous avons alors décidé de proposer des caramels au beurre frais du Poitou-Charentes, à la fleur de sel de l’île de Ré. La ligne de démarcation, que ce soit dans le choix des meilleurs produits ou le développement de notre marque-enseigne, c’est vraiment la sélection qualité.

(c) Via Maris

Pensez-vous qu’il est important de mettre en valeur le patrimoine culinaire de chaque région?

FC : Complètement. Je vais vous donner un exemple. Nous avons un partenariat avec le chef Grégory Coutanceau à La Rochelle. On va promouvoir ce chef et ses activités. Il fait des coffrets, propose des cours de cuisine, et tout ça autour de la thématique marine et l’utilisation de produits locaux. Nous ne sommes pas juste des commerçants, nous voulons donner du sens à ce que nous faisons. La passion doit se décliner. Ça peut être une passion pour les produits, mais aussi une passion pour les services.

(c) Via Maris

La passion est-elle donc la ligne directrice de Via Maris ?

FC : Il y a une thématique : la mer. Un positionnement produit : la qualité, la découverte. Une valeur et une personnalité de la marque : partager notre passion avec la clientèle. Nous essayons de faire un vrai travail de transmission au client.

Visuels : © Via Maris

19 Place Hoche
56170 Quiberon
02 97 29 50 05

Passage Pommeraye
44000 NANTES
02 40 08 08 28

8 Bis Rue Chaudrier
17000 LA ROCHELLE
05 46 30 55 66

21 Quai des Voiliers
Port Crouesty
56640 ARZON
02 97 49 45 31

30 rue Levavasseur
35800 DINARD
02 99 16 41 63