Côté Plage : Le Cap Ferret

Cet été, les Rendez-vous des Arts Culinaires font le tour de France des plus belles plages ! De Deauville à l’île de Ré, du Cap Ferret à Saint-Tropez, nous irons chaque semaine à la découverte d’une ville côtière française ! Chaque étape sera l’occasion d’explorer la région, rencontrer les artisans et les grands chefs, déguster les spécialités culinaires et retenir les plus belles adresses… Direction l’extrémité sud de la presqu’île de Lège-Cap-Ferret en Gironde, à la découverte du Cap Ferret…

(c) Mairie du Lège Cap Ferret

3000 ans d’histoire géologique : c’est le jeune âge de la presqu’île du Cap Ferret, formation la plus récente de la côte gasconne. Le sous-sol, comme c’est le cas dans le reste des Landes de Gascogne, est composé d’une couche de grès qui résulte de la cimentation des grains de quartz entre eux. Cette cimentation est due à la décomposition de l’argile en présence de fer et de matière organique : la couche d’Alios. L’eau qui ruisselle dans les nappes phréatiques est alors très chargée en fer. Lorsqu’elle débouche sur la plage, elle provoque des traînées oxydées aux couleurs de rouille. Ce phénomène est à l’origine du nom « Cap Herré », la « pointe de fer » en gascon, qui avec le temps et les changements sémantiques est devenu le Cap Ferret.

Au XIXe siècle, la pointe n’est occupée que de façon temporaire. Quelques pêcheurs décident de s’installer dans d’autres endroits de la presqu’île. Les pêcheurs de La Teste et de Gujan viennent en pinasse (embarcation typique du bassin d’Arcachon, longue, étroite, à l’avant très relevé et traditionnellement en bois de pin des Landes) pour traquer les poissons à l’entrée du bassin. Pour pouvoir accoster plus facilement par un chenal, ils érigent quelques cabanes de fortune sur les plages. Protégés par la pointe du Cap Ferret, les pêcheurs étaient à l’abri des vents d’ouest et à proximité des bancs de poissons.

(c) Mairie du Lège Cap Ferret

Une douzaine de cabanes sont déjà présentes sur les plages à proximité du phare en 1857. C’est la naissance du fameux « Quartier des Pêcheurs ». La seconde moitié du XIXème siècle voit l’arrivée de fonctionnaires, de douaniers, de gardiens de phare et d’employés forestiers qui rejoignent la population de pêcheurs déjà installés.

Napoléon III décide de généraliser l’ostréiculture à partir de 1860. Des parcelles ostréicoles sont vendues et installées sur les estrans vaseux du bassin. A cette période charnière, l’ostréiculture, la sylviculture (développement, gestion et mise en valeur d’une forêt ou d’un boisement) à travers le gemmage (récolte de la sève de pin), puis le tourisme s’imposent comme moteurs forts du développement du paysage économique local.

(c) Mairie du Lège Cap Ferret

Du fait de sa difficulté d’accès, la presqu’île du Cap Ferret est longtemps restée un lieu peu fréquenté et difficilement fréquentable par d’autres qu’une poignée de pécheurs et de chasseurs passionnés. C’est dans ce contexte que s’est développée une certaine « culture d’aventuriers », des hommes rudes, peu enclins au dialogue et ayant peu de comptes à rendre. Cet état d’esprit a perduré et coexiste encore aujourd’hui avec une activité touristique de plus en plus développée. Le temps d’un week-end ou de quelques jours, le touriste aime se transformer en « pied-noir » – expression retenue par certains pour qualifier une forme de liberté conservée ici, car il est de coutume de marcher nu-pieds.

Le Cap Ferret est aujourd’hui l’une des stations balnéaires les plus touristiques de la côte Atlantique. Par sa situation géographique originale, les paysages se succèdent et rivalisent de beauté : d’un côté les paysages du bassin d’Arcachon, de l’autre les vagues et l’immensité de la Côte d’Argent et à la pointe, où s’effectue la jonction entre le bassin d’Arcachon et l’océan Atlantique, la dune du Pyla et le banc d’Arguin.

(c) Mairie du Lège Cap Ferret

Côté gastronomie, la spécialité du bassin d’Arcachon est la Crassostrea Gigas, une huitre creuse typique du bassin. D’une saveur et d’une fraîcheur incomparables, l’huître est également classée parmi les meilleurs aliments d’origine animale, car elle apporte sous un faible volume l’ensemble des éléments indispensables à notre métabolisme : Sels minéraux (fer, calcium et iode à forte dose), vitamines, glucides, protéines et lipides (faible cholestérol et bons acides gras polyinsaturés).

Côté dégustation, les grands amateurs de belles huitres fraîches les apprécieront au naturel, accompagnées d’un trait de citron et de pain de seigle beurré. Une crépinette bien grillée entre deux huîtres redonnera au plat ses couleurs locales. Plus gastronomiques, les recettes d’huitres chaudes : un jus d’huitres accompagnant une daurade royale en tartare, des ballotins d’huitres pour sublimer un filet de loubine au vin de graves, des huîtres chaudes glacées au champagne ou des petites brochettes de gambas et d’huîtres au beurre de poireaux. Les associations sont infinies ! En saison touristique, les ostréiculteurs et pêcheurs proposent de les suivre sur leurs pinasses à la découverte des parcs ostréicoles puis de déguster leurs productions directement à la cabane.

(c) Mairie du Lège Cap Ferret

Nature, simple, serein le Cap Ferret est l’occasion idéale de passer des vacances la tête au repos et les pieds dans l’eau…

Visuels : © Mairie du Lège Cap Ferret

Daniel Massé : « La cuisine du Chat Botté a un message porteur. »

Au Chabot, hameau de Saint Clément des Baleines, dans l’île de Ré, se situe un restaurant gastronomique presque centenaire : Le Chat Botté. Tenu par Daniel Massé, cet établissement ne propose que des produits frais et des poissons sauvages choisis par le chef lui-même à la criée de La Rochelle. Entretien avec un artiste du terroir charentais…

Quelle est l’histoire du Chat Botté ?

Daniel Massé : Le Chat Botté est un restaurant gastronomique. Je suis la troisième génération. L’établissement a été créé le 23 août 1921 par mon grand-père et ma grand-mère, Florent et Olga. Déjà, à l’époque, ils faisaient une cuisine du terroir, puisqu’ils achetaient tous leurs produits sur place. Ma mère a ensuite repris les fourneaux dans les années 1960 et la clientèle a commencé à évoluer, l’île prenant un essor touristique. Ils ont alors décidé d’agrandir l’hôtel et le restaurant et ont commencé à faire un peu plus de gastronomie, avec une carte et des plats plus variés. Ils allaient à la criée de La Rochelle acheter les poissons, alors qu’auparavant ils achetaient les poissons auprès des marins pêcheurs. En 1984, j’ai acheté l’établissement avec ma femme et je suis aujourd’hui propriétaire du Chat Botté.

(c) ÎledeRé.com

Quelles sont vos spécialités ?

DM : Nous ne faisons pratiquement que de la gastronomie. L’établissement marche bien, nous avons une très bonne renommée et nous sommes à 80 % axés sur les poissons de qualité : le bar en croûte, le homard, les soles, le saint-pierre ou le turbot que nous allons chercher chaque matin au port de pêche de La Rochelle. Nous avons également un attachement aux produits du terroir : la fleur de sel de l’île de Ré, le vin, le beurre, tous ces produits qui font partie de notre patrimoine.

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Vous avez une particularité, vous ne servez que des poissons sauvages. Pourquoi ce choix ?

DM : On s’est pris au jeu dans les années 80, de faire un peu de gastronomie et d’acheter les produits de qualité directement au port de pêche de La Rochelle. La clientèle, essentiellement parisienne, nous a suivi car elle cherchait autre chose. De ce fait, on est rentrés dans ce jeu-là. La clientèle nous a suivi, si bien qu’on a évolué dans ce sens-là, et la clientèle nous a poussé à nous engager dans cette direction. Cela nous a beaucoup plu et encouragé, puisque tous nos efforts étaient récompensés. Ensuite nous avons agrandi et rénové l’établissement. Ayant fait tous ces efforts-là, je me suis dit qu’il était hors de question de faire des produits d’élevage, qu’il fallait que je fasse uniquement du poisson sauvage. Depuis, les clients qui viennent au Chat Botté savent qu’ils ne mangent que des produits sauvages. J’attache beaucoup d’importance à cet engagement. C’est un « capital confiance » que j’accorde vis-à-vis de la clientèle, et qui est largement récompensé car il fidélise. Les clients réservent longtemps à l’avance pour venir manger chez moi. C’est une rigueur que je me suis imposée, pour la clientèle comme pour le personnel, mais qui a permis un retour très favorable de qualité.

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Le restaurant a été créé par votre grand-père. La cuisine est-ce un moyen de transmettre son patrimoine culinaire régional ?

DM : Absolument. J’ai récemment été sollicité pour un sondage par la région Poitou-Charentes. Elle sait très bien que nous faisons de gros efforts pour la clientèle et pour les produits régionaux. Notre cuisine a un message porteur qui est très positif et qui se transmet très loin.

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A travers la cuisine, faites-vous découvrir de nouveaux produits et producteurs aux visiteurs?

DM : Tout à fait. Tous les mois je reçois une délégation de Chinois ou de Japonais qui travaillent avec des maisons de cognac comme Camus, du cognac produit sur l’île de Ré. Ces délégations viennent faire des dégustations d’associations mets et spiritueux. On va par exemple associer un Carpaccio de Langoustines crues à un cognac refroidi à – 40°C, ce qui sublime aussi bien le cognac que le poisson cru. On allonge le cognac à l’eau, technique appelée « La fine à l’eau » et que l’on faisait il y a une cinquantaine d’années. Les gens découvrent ces produits avec grand plaisir. J’essaie de varier au maximum les produits pour embellir l’image Poitou-Charentes car nous avons vraiment de grands atouts dans notre région.

Vous considérez-vous comme un artiste des produits de la mer ?

DM : Oui. La cuisine c’est quand même de la voltige. Il faut être « à fond la forme » tout le temps, très rigoureux sur la façon de travailler les produits, quels qu’ils soient, et rigoureux avec la saison. Ce qui est le plus difficile, c’est de travailler avec les arrivages ; la mer a ses aléas et ne fournit parfois pas le poisson que l’on espère trouver. Cuisinier, c’est un vrai métier, c’est un travail de fond, un travail qu’il faut faire régulièrement et à l’année. La carte chez nous est très petite, mais les clients savent pourquoi ils mangent au Chat Botté.

Visuels : © Île de Ré.com

Le Chat Botté
Saint-Clément les Baleines
Île de Ré
05 46 29 42 09

Frédéric Compagnon : « Chez Via Maris, la passion de la mer se décline. »

Via Maris, c’est une histoire de passionnés: passionnés de la mer, passionnés du beau produit, passionnés par la transmission de belles histoires. Chaque magasin Via Maris est une invitation au voyage, un parcours balisé de découvertes où la mer et ses rivages en sont le fil rouge. Entretien avec Frédéric Compagnon, à l’origine de la création de Via Maris.

Qu’est-ce que Via Maris ?

Frédéric Compagnon : Via Maris a été créée par des gens passionnés de la mer en 1999. L’aventure est partie de Quiberon, au tout départ, avec des gens qui étaient plutôt orientés vers la conserverie, avec La Belle Iloise. Ces gens proches et passionnés de la mer étaient à l’origine plutôt axés sur l’alimentation fine et la conserverie. Ils se sont dit qu’ils pouvaient étendre leur champ d’investigation au-delà de l’alimentation fine et développer un concept et une thématique complètement tournée vers la mer en gardant bien entendu toutes les valeurs liées à la mer et typiquement marines : la qualité, l’authenticité, l’universalité, le partage.

(c) Via Maris

Aujourd’hui, quelle est la démarche de Via Maris ?

FC : Aujourd’hui, nous sommes encore dans la même démarche qu’à l’origine. Notre thématique c’est la mer, le bord de mer, sous tous ses axes. On a surtout un positionnement : partager une passion avec nos clients. Une passion qui se décline sous toutes ses formes et vocations, une passion pour la découverte des nouveaux produits et nouvelles cultures. Nous sommes constamment à la recherche de nouveautés produits à faire découvrir à nos clients, toujours dans l’univers marin. Nous avons donc trois axes : une passion pour la mer, une passion pour la découverte de nouveaux produits, une passion pour les produits de qualité, ceux qui sont beaux et ceux qui sont porteurs de sens. Notre ligne de démarcation, c’est la qualité, les belles choses, tout ce qui fait sens. Finalement, nous avons une passion pour le métier. On veut partager tous les trésors que l’on découvre et toutes ces petites nouveautés avec nos clients et publics.

(c) Via Maris

Sur votre site, ViaMaris.fr, vous expliquez qu’à travers vos produits et magasins, vous racontez des histoires de la mer et du rivage. Parlez-nous de cette invitation au voyage?

FC : Cela peut être un voyage émotionnel local. Effectivement, on peut aussi bien sélectionner des produits très locaux que des produits qui viennent du bout du monde. Prenons deux exemples. On va d’un côté sélectionner des produits de la Belle Iloise, de la Pointe de Penmarc’h, de la Maison d’Armorine, des biscuits bellilois de Belle-Ile, vraiment du local. En qualité nous sommes intransigeants et estimons que ce sont les meilleurs. De l’autre, quand on va être sur la partie sel et épices, bien entendu, on va à la fois faire du local, des choses à base de fleur de sel de l’île de Ré pour notre magasin de La Rochelle, des choses issues de Guérande pour le magasin de Nantes, et on va aller chercher des sels et épices un peu plus exotiques, solliciter d’autres partenaires, Quai Sud, ou Saveurs et Sens, qui eux, ont ce savoir-faire de dénicheur de nouveaux produits et de mélanges.

(c) Via Maris

Comment découvrez-vous et choisissez-vous vos produits ?

FC : On a en fait deux axes. On a un travail de « sélectionneur » des meilleurs produits et on a un travail de « développeur » quand il y a des produits que l’on aimerait avoir mais que l’on ne trouve pas. C’est dans ce deuxième axe que nous développons des produits de notre marque enseigne, y compris en alimentation fine. On a fait développer, par une conserverie bretonne, des rillettes de sardines au beurre marin, des rillettes de Saint-Jacques de Bretagne au poivre de Sichuan, des rillettes de maquereau au citron vert… On pousse aussi nos partenaires à aller développer des choses uniquement pour nous. Par exemple, dans notre magasin La Rochelle, les clients avaient envie de voir les produits du coin. Nous avons alors décidé de proposer des caramels au beurre frais du Poitou-Charentes, à la fleur de sel de l’île de Ré. La ligne de démarcation, que ce soit dans le choix des meilleurs produits ou le développement de notre marque-enseigne, c’est vraiment la sélection qualité.

(c) Via Maris

Pensez-vous qu’il est important de mettre en valeur le patrimoine culinaire de chaque région?

FC : Complètement. Je vais vous donner un exemple. Nous avons un partenariat avec le chef Grégory Coutanceau à La Rochelle. On va promouvoir ce chef et ses activités. Il fait des coffrets, propose des cours de cuisine, et tout ça autour de la thématique marine et l’utilisation de produits locaux. Nous ne sommes pas juste des commerçants, nous voulons donner du sens à ce que nous faisons. La passion doit se décliner. Ça peut être une passion pour les produits, mais aussi une passion pour les services.

(c) Via Maris

La passion est-elle donc la ligne directrice de Via Maris ?

FC : Il y a une thématique : la mer. Un positionnement produit : la qualité, la découverte. Une valeur et une personnalité de la marque : partager notre passion avec la clientèle. Nous essayons de faire un vrai travail de transmission au client.

Visuels : © Via Maris

19 Place Hoche
56170 Quiberon
02 97 29 50 05

Passage Pommeraye
44000 NANTES
02 40 08 08 28

8 Bis Rue Chaudrier
17000 LA ROCHELLE
05 46 30 55 66

21 Quai des Voiliers
Port Crouesty
56640 ARZON
02 97 49 45 31

30 rue Levavasseur
35800 DINARD
02 99 16 41 63

La recette du jeudi : La Bouillabaisse façon cabourgeaise

A l’occasion de cette semaine consacrée à la basse-Normandie, première étape de notre Tour de France des plus Belles Plages, François Teissonnière, propriétaire du restaurant le Baligan, présente un classique du restaurant : la Bouillabaisse façon Cabourgeaise.

(c) Le Baligan

Les ingrédients pour 4 personnes :

La Bouillabaisse :

– 1 poireau
– 2 beaux fenouils
– 300 g de carottes
– 4 branches de céleri
– 8 petites pommes de terre vapeur (type Charlotte)
– 80cl de vin blanc
– 50 cl de fumet de poissons
– 1 litre de soupe de poissons
– Sel/poivre
– Thym/Laurier
– 4 tronçons de sole de 60 g
– 4 tronçons de lotte de 60 g
– 4 rougets barbets de 100 g
– Pistil de safran
– 2 anis étoilés
*2 homards pour une bouillabaisse dite « Royale »

L’aïoli :

– 2 gousses d’ail
– 1 belle pomme de terre cuite
– 25 cl d’huile d’olive
– 1 pincée de safran filament
– 1 jaune d’œuf cru

(c) Le Baligan

Réalisation :

– Éplucher tous les légumes, puis les tailler en biseau d’une épaisseur de ¾ mm, à l’exception des pommes de terre, à garder entières.
– Dans une grande casserole, porter à ébullition le vin blanc, le fumet de poisson, la soupe, l’assaisonnement et les épices.
– Ajouter alors tous les légumes et cuire à couvert une quinzaine de minutes.
– Lorsque les légumes sont presque cuits, ajouter les poissons, une pincée de sel et un tour de moulin à poivre.
– Remettre le couvercle et cuire 6 à 8 minutes à feu doux. La cuisson des poissons est terminée, lorsque la chair de la sole se détache de l’arête. Pour une bouillabaisse dite « Royale, ajouter le homard cru en même temps que les poissons, les couper en deux. Casser les pattes à l’aide d’un marteau.
– Pour l’aïoli, écraser la pomme de terre avec le jaune d’œuf, l’ail et le safran, montés à l’huile d’olive.
– Servir dans une assiette creuse, avec des croûtons et de l’aïoli.

 Visuels: © Le Baligan