Christophe Curien, le peintre des bouteilles à la mer …

Christophe Curien, auteur de tableaux décalés portant sur des objets œnologiques; des bouteilles, des casiers de bouteilles, est un peintre pluridisciplinaire et talentueux. Rencontre avec cet artiste tour à tour gastronome, sommelier, vagabond …

Monsieur Curien, pouvez-vous svp nous parler de votre art et de vos œuvres ?

Je suis peintre mais je fais aussi des choses qui ont à voir aussi bien avec la peinture que l’art décoratif. J’ai eu l’occasion de faire des tapisseries, des sculptures pour des trophées, des médailles, de réaliser des travaux de commande… plusieurs petites activités parallèles. Aussi, à une époque, je réalisais des décorations pour des bâtiments publics ou privés.

Et alors quand il s’agit de créer, quelles sont vos sources d’inspiration ?

Mon sujet préféré et récurrent est la chasse. J’ai été très amateur de chasse à courre. C’est un sujet qui m’a beaucoup inspiré et qui m’inspire encore beaucoup. J’aime travailler autour du cerf.

Pourquoi cet animal en particulier ?

Je trouve que c’est un animal assez étonnant. Ses bois m’ont toujours fasciné. Je travaille d’ailleurs beaucoup avec de vrais trophées de cerf, c’est-à-dire des bois ou des massacres de cerf et de chevreuil que je transforme, customise.

Après la chasse, d’autres thèmes ?

Les chaises longues et les chaises de transatlantique en toile. J’ai fait beaucoup de chaises longues à signification insolite. Les décorations et les uniformes des institutions françaises, est un autre thème qui m’est très cher.

Oui, vous avez réalisé une œuvre sur laquelle sont disposés des uniformes de la Marine nationale ?

Oui mais cela se rapporte plutôt au thème suivant qui est mon intérêt pour les placards, les armoires et les bibliothèques en désordre. Cette peinture peut se lire dans les deux sens.

Dans quelles conditions créez-vous ?

La pièce principale de mon appartement parisien est un vrai atelier avec une verrière à l’ancienne. C’est un endroit dans lequel j’aime bien travailler. Sinon je travaille aussi dans ma maison près de Montpellier. Là-bas je suis plus équipé pour faire mes sculptures d’assemblage, mes œuvres plus importantes qui nécessitent de l’outillage.

Vous avez un lieu d’exposition ? Où peut-on voir et admirer vos toiles ?

Alors je n’ai plus de galerie attitrée. Aujourd’hui je fais des expositions au coup par coup comme ici aujourd’hui. Par exemple, je viens de faire une grande exposition près de Montpellier où je présentais un nombre d’œuvres très important dans un très bel endroit ; l’ancienne résidence des Évêques de Montpellier. Je participe donc à différentes expositions collectives.

Noël Suédois / Svensk Jul

Cette semaine, les Rendez-vous des Arts Culinaires laissent les rênes de l’éditorial à la blogueuse Annika Panika ! A l’occasion du lancement de notre nouvelle rubrique, « L’invité de la semaine », cette blogueuse culinaire franco-suédoise et incontournable dans la blogosphère nous invite à passer un Noël Suédois en sa compagnie. Embarquement immédiat pour le grand nord…

Noël est un grand moment en Suède. Il fait froid et sombre, la nuit tombe très tôt. Dès le début du mois de décembre les festivités commencent pour garder le moral. Chacun organise alors des fêtes pour la famille et les amis.

Pour moi, les deux éléments importants de cette période sont la décoration et tout ce qui tourne autour de la nourriture. On prépare la maison pour les festivités de Noël ainsi que les gourmandises. On profite aussi de cette période pour inviter les amis à la maison boire du vin chaud et manger divers gâteaux.

On décore la maison avec des bougies partout. Des bougies vivantes (Levande ljus, entendez par là des vraies bougies) et des bougies électriques. Il est très courant de voir des chandeliers électriques à 7 branches sur les rebords des fenêtres. Les maisons sont très jolies et accueillantes avec cet éclairage nocturne (dès le début de l’après-midi…).

(c) DR

On prépare un bougeoir pour l’Avent avec 4 emplacements de bougies. Traditionnellement ces bougeoirs sont de forme rectangulaire, mais on en trouve des ronds également, et souvent en écorce de bouleau tressé. Le mien me vient de ma grand-mère et il est en cuivre. On remplit le bougeoir avec de la mousse et des brins de plants d’airelles pour représenter les sous-bois Suédois. Chaque dimanche de l’avent on allume une nouvelle bougie. C’est une manière de compter les jours qui restent avant Noël, la quatrième bougie étant allumée le dimanche avant Noël.

Le jour le plus attendu reste celui de la Sainte Lucie, le 13 décembre, qui est dit « la nuit la plus longue » dans la tradition. Une jeune fille (qui représente Lucia) suivi par d’autres jeunes filles, les tärnor (demoiselles d’honneur) et des jeunes hommes, les stärngossar (garçons aux étoiles). Les jeunes filles sont vêtus d’une longue robe blanche avec une ceinture rouge et tiennent une bougie à la main. Santa Lucia a également une couronne de bougies sur la tête. L’avènement des bougies électriques à sauvé plus d’une chevelure blonde ! Les garçons sont habillés d’une longue robe blanche également et sur la tête un chapeau conique recouvert d’étoiles. Ils tiennent à la main un bâton surmonté d’une étoile dorée.

On trouve des bougeoirs ou autres objets de décoration pour représenter cette journée, Lucia et la procession.

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Le personnage qui correspond au Père Noël est le Jultomte (Lutin de Noël). Petit bonhomme barbu habillé de rouge. Cela vous rappelle quelque chose ?

(c) DR

Tomten Grot Jenny-Nyström

Jultomte

Il a en général l’air moins jovial que le Père Noël français. C’est un lutin (tomte) qui est bien capable de faire des bêtises. D’ailleurs, il faut lui laisser un bol de gröt (sorte de porridge) pour qu’il soit gentil ! On retrouve plusieurs sortes de représentations de ce bonhomme. Les illustrations de Jenny Nyström étant les plus connues.

On trouve des Jultomte sous toutes leurs formes : papier, tissus ou autres. Il est accompagné d’un bouc, le Stenbock, qui est présent pendant les fêtes de Noël fabriqué en paille, dans toutes les tailles. L’une des matières très souvent utilisée est l’écorce de bouleau qui peut être tressée ou juste utilisée telle quelle.

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Comme toute l’année, en Suède on boit du café, beaucoup de café, mais en cette période on trouve du glögg ou vin chaud épicé. Un vin chauffé avec du sucre, du jus d’orange et des épices. On le sert avec des raisins secs et des amandes. J’aime bien le préparer quelques jours à l’avance pour que les épices infusent bien le vin. Avec le vin chaud, on grignote des Pepparkakor ou sablé aux épices. En forme de cœur, d’étoiles ou de petits bonhommes. Egalement les Lussekatter, ou brioches au safran. Curieuses ces petites brioches sucrées au safran pour le palais Français, mais un régal avec le vin chaud !

Joyeux Noël – God Jul !

Merci à AnnikaPanika ! Retrouvez tous les invités de la semaine ici.

Visuels : © AnnikaPanika ; Jenny-Nyström ; Ikea.

Traditions et superstitions de Noël

S’il y a bien un moment dans l’année où l’art culinaire est à son apogée, c’est bien à Noël. Une multitude de produits, de saveurs et de couleurs s’offrent à nous. L’occasion de se régaler sans compter, pour ce jour de fête où on ne regarde ni le prix ni les calories. Focus sur une période qui ravit petits et grands…

© Designmag.fr

La fête de Noël, pour tous ceux qui ne le sauraient pas, existe depuis le IIIe siècle et fête la naissance de Jésus-Christ. Au départ, les premières fête de Noël ne se déroulaient pas sur un seul jour mais sur plusieurs, dans une période allant du mois de novembre au mois de janvier. Mais alors, pourquoi avoir arrêté la date du 25 décembre ? Le choix de cette période était un choix stratégique de l’Eglise, permettant de faire disparaître d’anciennes coutumes et traditions païennes en y substituant l’une des fêtes les plus importantes de la chrétienté : la nativité.

Côté ambiance, la coutume en Europe est d’allumer une bûche dans l’âtre la veille de Noël. Une douce chaleur et lumière rayonnent alors dans la pièce à vivre. Sous le sapin sont empilés des tonnes de cadeaux aux emballages multicolores, des friandises patientent sur la table, l’odeur du repas envahit les lieux, et des enfants excités courent partout en gesticulant. C’est ça, l’esprit de Noël ! Une fête que l’on célèbre en famille, où toutes les générations sont réunies et profitent d’un bon moment. Les couleurs traditionnelles sont le rouge pour la chaleur et le vert pour rappeler l’espérance, toutes deux coordonnées avec l’or pour le soleil et la lumière.

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En ce qui concerne la représentation du Père Noël, toute la symbolique vient du personnage de Saint Nicolas. Saint Nicolas a été importé aux Etats-Unis au XVIIe siècle par les immigrés allemands ou hollandais où il aurait pris l’ampleur commerciale que nous connaissons aujourd’hui. Il a subi des transformations vestimentaires et culturelles pour se transformer en un Père Noël, personnage plus convivial ! La mitre s’est transformée en bonnet de fourrure, la longue barbe blanche et le grand manteau rouge ont complété le tout. Le Père Noël voyage dans un traîneau tiré par des rênes, alors que Saint Nicolas voyageait sur le dos d’un âne. Chaque région de France donna au Père Noël un nom très différent que celui qu’on lui donne aujourd’hui : en Savoie, il était appelé « Chalande », en Bourgogne, « Père janvieré », dans le pays basque, « Olentzaro », et en Normandie, « Barbassionné ».

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La couronne est un ancien symbole aux significations multiples : les couronnes rondes de l’Avent évoquent le soleil et annoncent son retour. Un pasteur allemand a d’ailleurs décidé d’allumer chaque jour une bougie disposée sur une roue pour marquer les 24 jours qui précédent Noël. La roue fût remplacée par du sapin et les bougies réduites à quatre. Elles marquent les quatre dimanches qui précédent Noël. Les quatre dimanches symbolisent aussi les quatre saisons et les quatre points cardinaux. Noël sera là lorsque la dernière bougie sera allumée. Le plus souvent les bougies sont rouges pour évoquer le feu et la lumière. Sur les couronnes d’inspiration suédoise, les bougies sont blanches, couleur de fête et de pureté. En Autriche, on les choisit violettes car cette couleur est symbole de pénitence.

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Les marchés de Noël font partie intégrante des dernières semaines de l’Avent. On retrouve tous les produits et objets qui vont faire de Noël une superbe fête : décorations, nourriture pour le réveillon, friandises, cadeaux, calendriers, bougies, santons pour la crèche etc.

Chaque repas de Noël se termine sur une note sucrée, qui varie selon les pays. Un Noël anglais ne serait pas complet sans un pudding en fin de repas. Ce dessert est riche et sucré et permet de tenir au corps lors des grands froids de l’hiver. Les Américains sont pour leur part friands de cakes aux fruits, les Italiens, de panettone, et les Français, de la fameuse et traditionnelle bûche de Noël, dont la recette de base est un simple gâteau enroulé avec une purée de marron, du chocolat fondu et de la crème au beurre.

© Recettenoel.files.wordpress

Pour terminer ce petit tour du monde des traditions et des saveurs, la période de Noël est aussi sujette à de nombreuses superstitions. Elles viennent tout droit des fêtes païennes et révèlent que la nuit de Noël est la nuit de tous les dangers mais aussi de toutes les chances. Sorcières et démons resurgissent de nulle part, les fantômes, pour leur part, redoutent cette date et préfèrent disparaître. On raconte que plusieurs familles se dirigeant vers la messe de Noël se sont égarées la nuit du 24 décembre, et pourtant le cocher expérimenté connaissait bien la route. Le carrosse ainsi que tous les passagers ont été engloutis dans les marécages. Par la suite, leurs fantômes rodaient chaque veille de Noël.

Durant cette période, l’or est partout. Dans les cimetières, il est dit que si l’on creuse un trou à minuit le soir de Noël, on trouvera une fortune en or. Il est dit aussi qu’un enfant né le jour de Noël est voué à un avenir prometteur. Il jouira toute sa vie de la chance et du bonheur. Et selon le dicton, « givre à Noël, cent écus dans votre escarcelle ». Alors croisons les doigts et appelons le froid !

Visuels : © DR

Histoire de fruits de mer et de mois en « R »

La consommation des huîtres n’est pas réservée à la fin de l’année et aux fameux mois en « R », mais concerne aussi les mois en « BRE ». Alors est-ce une histoire de saison ou simplement de culture française ? Nous allons voir que cette croyance correspond à une règle ancienne… Reportage au milieu des coquillages et crustacés.

Dès 1759, un édit royal interdit la pêche, le colportage et la vente des huîtres du 1er avril au 31 octobre, suite à de nombreuses intoxications mortelles à la cour. Les transports sont lents et la conservation par le froid inexistante. Cet édit avait également pour objectif d’éviter les prélèvements sur les bancs d’huîtres mères pendant la période de reproduction, afin de préserver la ressource et de laisser le temps au précieux coquillage de se reproduire. D’où la légende des mois sans « R » adoptée pour les coquillages.

Aujourd’hui, les huîtres sont consommées toute l’année car les méthodes de transport et de conservation ont bien évolué. La cueillette est remplacée par la culture ou l’ostréiculture, qui demande patience et savoir-faire pour obtenir une production quasi permanente.

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Pour ce qui est des mois en « R », sans « R », ou en « BRE », tout est une question de goût. Entre mai et août, les huîtres sont simplement plus grasses et laiteuses, ce qui peut déplaire à certains. Actuellement, deux types d’huîtres sont élevés sur le littoral français : l’huître plate (Ostrea edulis) et l’huître creuse (Crassostrea gigas). Selon la région et le mode d’élevage, elles sont qualifiées de Belon, Gravette, Fines de Claires…

Vous l’aurez donc compris, si la consommation des coquillages est déconseillée pendant les mois sans « R », ce n’est pas parce qu’ils sont moins bons, c’est seulement pour éviter de perturber la saison de reproduction. Cette notion des mois en « R » a d’ailleurs été étendue à d’autre espèces marines, comme l’araignée de mer, l’encornet, le blanc de seiche, les bulots, les palourdes, les coquilles saint-jacques, ou encore les oursins.

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L’oursin, ou paracentrotus lividus, est présent sur le littoral méditerranéen. A la différence des huîtres, le choix de la période d’interdiction de la pêche correspond à une période de repos sexuel et de protection sanitaire des consommateurs, plutôt qu’à une période de reproduction. Nous consommons les oursins lorsqu’ils sont pleins, et uniquement le « corail », autrement dit leurs organes reproducteurs.

De juin à septembre, un autre oursin, beaucoup plus volumineux cette fois-ci, est consommable mais possède un fort goût iodé. On l’appelle le sphaerechinus granularis, dont la coloration varie du blanc au bleu. Il est assez rare et donc rarement dégusté. La collecte est permise entre le 1er novembre et le 15 avril sur le littoral de la Méditerranée continentale et du 1er décembre au 30 mars sur le littoral de la Corse.

Si vous voulez déguster des coquillages délicieux, mieux vaut donc suivre la saison des fruits de mer et des poissons et apprendre, une fois de plus, à respecter la nature!

Visuels : © DR