(c) Jean RiZ

Philippe Ragot : « L’art animalier est très tendance »

Philippe Ragot est un artiste peintre référencé animalier depuis environs vingt-cinq ans. Issu d’une formation artistique, il est un ancien de la haute couture parisienne, travaillant chez Givenchy au Japon en tant que directeur artistique, puis chez Schiaparelli comme premier d’atelier. Un changement de carrière le pousse à revenir vers sa passion première : la peinture. Rencontre.

D’où vous vient cette passion pour la peinture animalière?

Philippe Ragot : J’ai toujours été peintre, depuis que je suis gamin. Pourquoi animalier ? La faune africaine m’a toujours passionné. J’y vais pour faire des photos, que je reproduis. Je me suis fait un nom, une clientèle, pour la plupart, issue du milieu de la chasse africaine.

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Quel est votre processus artistique ?

PR: Je fais des photos sur place, ensuite je travaille mes images. Je joue sur des effets optiques, sur l’interaction des couleurs. C’est pratiquement de l’ophtalmologie ! Pour certains tableaux, on retrouve des effets 3D, avec des éclairages spéciaux, notamment à travers des papiers bleus, des films. Généralement, ça se limite hors effets 3D.

J’ai une façon de travailler qui donne des tableaux extrêmement modernes, un peu déco, ce qui me permet de sortir un peu du contexte habituel de l’art animalier, qui est plutôt classique. Je travaille à l’huile sur toile et pas à l’acrylique. C’est un peu laborieux pour moi, dans la mesure où les couleurs sont juxtaposées, il n’y a pas de démarcation franche. Je dois attendre qu’une couche sèche avant d’appliquer la seconde. Le même travail à l’acrylique prendrait beaucoup moins de temps, mais on n’aurait pas tout à fait le même résultat.

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Aux yeux du public, la peinture à l’huile est plus valorisée que la peinture acrylique. C’est un peu la différence entre un siège en cuir et un siège en sky. Il y a une notoriété de l’huile. L’acrylique…tout le monde peut faire de l’acrylique. Pour travailler l’huile, il faut connaitre la « cuisine » malgré tout. Un débutant qui n’a jamais touché à la peinture à l’huile ne va pas s’en sortir, au niveau de la façon d’utiliser la matière. Il y a des phénomènes chimiques importants, chose qu’on n’a pas avec l’acrylique qui est parfaitement neutre. Nous, on peut avoir de très gros soucis dans le futur : si vous vendez un tableau des milliers d’euros et que trois ans après on vous téléphone en vous disant « mon tableau est devenu tout blanc ou tout gris », c’est pas forcément agréable. Il faut connaitre cette cuisine et cela s’apprend.

L’art animalier, est-ce répandu en France?

PR : L’art animalier je l’ai découvert en France il y a vingt-cinq ans. Un salon, qui a l’époque était représentatif pour nous, s’appelait le Country Show de la Porte d’Auteuil. On était six ou sept artistes animaliers à cette époque-là. Il y a quatre ans, à Rambouillet, sur un autre salon, j’ai compté trente-huit artistes. Aujourd’hui, quand on compte ceux qui sont sortis de l’ombre, il y a au moins 300 personnes. Il y a de tout là-dedans : certains peignent des petits chats (rires) et d’autres des choses très pointues. Dans les salons notoires, il y a une petite vingtaine de figures qu’on connait tous et qui sont reconnues.

Concernant le nombre exact d’artistes, il est difficile à déterminer. L’artiste est un peu indépendant. Il aime bien rester dans son coin, pas tout divulguer. C’est donc difficile d’avoir des chiffres.

Nous avons monté une association qui s’appelle Arthémis, où sont regroupés une vingtaine d’artistes. Cette association ne regroupe que des artistes animaliers, ce qui me permet d’avoir des interlocuteurs de poids lors de grosses expositions, éventuellement discuter des tarifs et faire valoir notre façon de penser.

(c) Jean RiZ

Depuis combien de temps cette association existe-t-elle ?

PR : Depuis huit ans. Nous sommes 50 membres, 50 artistes animaliers, pour la plupart issus du monde de la chasse. Le monde cynégétique, c’est la grosse majorité de notre clientèle. Cependant, j’ai une façon de travailler un peu différente et une peinture extrêmement moderne, ce qui m’a ouvert des portes hors milieu cynégétique. Pour les autres artistes qui sont plus classiques, ils vont avoir beaucoup de mal à sortir du milieu cynégétique. Mettre un tableau d’une bécasse pendue par les pattes chez quelqu’un qui n’a jamais touché un fusil de sa vie ce n’est pas évident. On ne rentre pas dans le cadre. Ces gens ne peuvent pas sortir de leur secteur d’activité.

Pensez-vous surfer sur un phénomène de mode?

PR : Ce que je fais est très déco. En ce moment il faut en profiter : l’art animalier, il semblerait que ce soit très tendance. On voit les animaux en sculpture, dans les impressions de tissus, dans la mode, les plumes, les impressions léopard. Le léopard c’est un truc qui est demandé absolument partout. C’est peut-être une compensation de l’urbain… Allez savoir!

 Visuels : © Jean RiZ

2 réflexions au sujet de « Philippe Ragot : « L’art animalier est très tendance » »

  1. Bonsoir la famille, je me nomme kouassi Mélaine De Sales, je suis un jeune artiste peintre débutant, je suis en Côte d’Ivoire, et je fais la peintre animalier.

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