La recette du jeudi: Blanquette de Veau en Paella

Une Blanquette de Veau en Paella ? Voici une recette qui peut paraître éloignée de l’originale, car elle contient du beurre et de la crème fraîche, des ingrédients inhabituels dans la cuisine méditerranéenne. Cependant, Alberto Herraiz, le chef espagnol du restaurant El Fogon a choisi d’adapter cette technique de cuisson à une recette typiquement française et crée une véritable fusion entre deux cultures culinaires…

Héritier d’une lignée de quatre générations de cuisiniers castillans, Alberto Herráiz a choisi en 1997 de venir vivre et travailler en France. Dans ce pays qui a inventé et codifié la grande cuisine, il ouvre son restaurant « Fogón Saint-Julien », une arroceria, ultra-spécialisée, où le riz «bomba» règne en maître et mijote en paellas raffinées. Loin des clichés touristiques, il entame sa riz-volution de la paella, «le plat le plus connu et le moins compris de la gastronomie espagnole !».

Il retourne aux sources du traditionnel «arroz en paella» (le riz en paella): cuit avec peu d’ingrédients différents, dans un bouillon spécifique pour chaque recette, pour former une harmonie de textures et de saveurs identifiables dès le premier grain de riz porté à la bouche. L’exact opposé de la paella «mixte», qu’il considère comme une caricature frelatée de la paella originelle.

En effet, la paella est avant tout une poêle et une technique de cuisson dans laquelle on cuit normalement le riz et les pâtes. La paella a des origines romaines et mauresques: les Romains ont apporté l’ustensile (la fameuse poêle) et la riziculture par un système d’irrigation; les Maures ont d’une part perfectionné ce système d’irrigation et apporté de leurs traditions culinaires festives des plats de riz cuisinés avec du poisson et des épices, dont le safran.

Mais les vrais créateurs de la paella sont les travailleurs des rizières de Valence. La paella était alors cuisinée directement sur leur lieu de travail et préparée avec divers restes de repas. Il n’existe donc pas de vraie recette de la paella, car on y met les ingrédients régionaux, de saison. Ainsi, dans les terres la paella peut comporter du poulet, du lapin, du porc, même parfois du canard. Sur les côtes méditerranéennes, la paella sera enrichie de poissons et de fruits de mer. Du côté des légumes, elle ne se limite pas à quelques petits pois, tomates et poivrons, mais s’agrémente avec les légumes de saison. On peut donc trouver dans la paella des cœurs d’artichauts, des haricots fins ou plats, des pois gourmands, des cardes, des haricots blancs et autres légumes, légumineuses, selon la région et la saison.

Ce qui semble invariable toutefois, c’est la manière de la cuisiner et quelques ingrédients: la paella doit être préparée de manière à ce que les sucs libérés par la cuisson des produits parfument le plat, elle est toujours préparée avec du riz rond car il s’imprègne des arômes et des liquides, et s’agrémente d’huile d’olive et de safran.

Dans tous les cas, la paella d’origine était un plat populaire par excellence. De fait, elle n’était pas aussi richement préparée que celle qu’on retrouve dans les restaurants et les traiteurs, avec une abondance de viandes et de produits de la mer. Il s’agissait d’un plat rural, élaboré par les paysans avec le peu de ressources dont ils disposaient.

La dégustation se fait usuellement directement dans la paella .A l’origine, chacun mangeait sa part avec une cuillère en bois, partant du centre vers le bord, en formant un triangle. C’était un peu une ligne virtuelle départageant la paella comme des parts de tarte. Ce plat unique est idéal pour les fêtes champêtres, les pique-niques et repas plein air, ou les tables nombreuses, les réunions entre amis, en famille. La paella porte en elle une chaleur communicative.

Pour cette recette du jeudi, Alberto Herraiz a choisi de retravailler un classique de la cuisine française en paella…

Blanquette de Veau en Paella

Préparation : 25 min Cuisson : 17 mn + 25 mn pour le veau

Ingrédients pour 2 personnes :

1 jarret de veau désossé, coupé en 2, chaque moitié ficelée en rôti
3 dl de vin blanc
70 g de carotte
70 g de navet
100 g de petits champignons de Paris
75 g de beurre
50 g de farine tamisée
200 g de riz bomba ou de tout autre riz rond
1 cuillère à soupe de moutarde de Meaux (ou de moutarde à l’ancienne)
10 cl de crème fraîche
Sel

La réalisation :

– Porter de l’eau à ébullition dans une grande casserole. Y plonger le jarret de veau et, à partir de la reprise de l’ébullition, le faire blanchir quelques minutes, puis l’égoutter.
– Vider l’eau de la casserole, y verser 2 litres d’eau, porter à ébullition, saler très légèrement et y faire cuire le jarret pendant 25 minutes à frémissement.
– Pendant ce temps, couper la carotte et le navet en bâtonnets. Nettoyer et laver les champignons de Paris.
– Quand la viande est presque cuite, la retirer, enlever la ficelle et la réserver.
Faire bouillir le jus de cuisson afin de le réduire à 1 litre. Filtrer ce jus à travers une passoire fine et le maintenir au chaud.
– Préchauffer le four à 150 °C (th. 5).
– Faire fondre 50 grammes de beurre dans une cocotte. Y faire revenir doucement la viande sans la laisser colorer. La saupoudrer de farine, faire cuire encore quelques minutes, déglacer au vin blanc et réduire puis ajouter le jus de cuisson bien chaud. Sur feu vif, faire bouillir et laisser réduire le jus à 50 centilitres, puis retirer la viande et la réserver. Maintenir le jus de cuisson au chaud.
– Dans la paella, faire fondre le beurre restant et y mettre à suer les légumes quelques minutes sur feu doux. Ajouter la viande, puis le riz, et nacrer celui-ci jusqu’à ce que les grains soient translucides, sans les laisser brûler. Ajouter la moutarde et mélanger le tout en raclant le fond de la paella avec une spatule en bois. Verser le jus de cuisson bien chaud et porter le tout à ébullition.
– Mélanger les ingrédients et les répartir harmonieusement dans la paella. Programmer un minuteur sur 17 minutes. Au bout de 5 minutes, le riz doit affleurer à la surface du liquide.
Goûter et saler en tenant compte de l’évaporation qui concentrera toutes les saveurs.
– Poursuivre la cuisson sur feu très doux.
– Ajouter la crème et la mélanger intimement avec le bouillon.
– Ajouter le jarret et mettre la paella au four.
– Au bout de 12 minutes, retirer la paella du four.
– La laisser reposer et servir.

Visuels : (c) RDV Communication

Rendez-vous des Arts Culinaires in pictures

Three words sum up this first edition of the Rendez-vous des Arts Culinaires: Gastronomy, Discovery, Exchange. During a week, Chefs, Houses of wines and spirits and leaders in the tableware industry like Haviland, Daum and Quagliotti played the sharing game and presented their products and their savoir-faire, delighting the guests. Flashback on a unique event…

The Rendez-vous des Arts Culinaires week opened by honouring Japan. Takashi Kato, Chef of the restaurant Stella Maris*, prepared, with his team, three appetizers where both the Asian and European continent were represented : Sea Sardine with a daikon cannelloni, Red Tuna Tartar and wasabi cream, Sautéed Foie Gras cutlets with spices and a chocolate sauce.

Workshop Issé, gourmet food store exclusively dedicated to authentic Japanese products, had organised a tasting of sparkling Sake and Yuzu wine, Japanese citrus fruit, which matched beautifully the Chef’s creations.

The Suntory house, oldest Japanese distillery, organised a tasting around its three emblematic whiskies, two of which were appointed Best World Whisky: Hakushu, green and fresh, Hibiki, aged in the very rare Japanese oak Mizunara, and Yamakazi, both intense and delicate.

Pink orchids, chiselled black porcelain vases with butterflies, René Veyrat, Haviland and Quagliotti created a Japanese inspired table whose unequalled refinement opened the week.

It was Great-Britain’s turn to present its gastronomy and go against preconceptions with Jon Irwin, Chef of the Alain Milliat restaurant. He had prepared a Scottish Salmon «Label Rouge» with its «Devon Clotted cream», grilled beef with a «Victorian Spiced Marrow and Whisky Chutney», and a lemon curd meringue tartlet.


The Glenmorangie Scottish whisky, with its spicy character, and Ardbeg, rich and with a peat flavour, blended marvellously the chef’s preparations and gave a peak of the Scottish savoir-faire when it comes to spirits.

The owners of the Epicerie Anglaise also came to present their quality products, all from the British territory and representative of a land: scones, tea, haggis, mint sauce, lemon curd, Marmite, stilton, clotted cream, Devon custard…

Roses were the flowers of honour on the table thought by Haviland, René Veyrat Event and Quagliotti. Of Victorian inspiration, the decoration echoed the British “Tea-Time”. Only the Queen was missing…

The third day of the Rendez-vous des Arts Culinaires was dedicated to Spain. Alberto Herraiz, Chef of the Fogon, warmed the middle of the week by preparing an anchovy and salted butter caramel toast, a “del piquillo” pepper tarte tatin and a black pudding with an Spanish ham sauerkraut.

Elite Gourmet, association which created the first quality label given to high-end Spanish products, came to present their products of exception: tender tuna meat, lomo, asparagus and olive oil, pimientos del piquillo, fleur de sel, Boffard cheese, tomato juice as well as Spanish wines and gin mare.

A Spanish product tasting would not be complete without cava, sparkling wine made with the Champagne method. The Codorniu house presented the Cava Codorníu 1551, traditional cava, Anna de Codorníu, pure, feminine and striking cava, and Reina Maria Cristina, first cava Blanc de Noirs produced in Spain.

To conclude the Spanish day, Haviland, René Veyrat and Quagliotti decided to introduce ground cherries on the table for a presentation with orange tones, rather spicy!

The Thursday was dedicated to Italy. The executive chef of the Romantica Caffe restaurants, Enrico Masia, prepared the appetizers: boletus and parmesan risotto, Gnochetti Sardi with Bolognaise, and bread crostini with gorgonzola, nut and pear. For his risotto, the chef used fresh boletus from the Butet house, seasonal fruit, vegetables and edible flower business.

Cocktails with Campari and Apérol were made on demand by the bartender, who revisited centenary classics and gave them a modem twist: Apérol Spritz, Vodka Campari and Americano.

To stay close to the very summery theme of the day, Haviland, Quagliotti and René Veyrat Event chose to explore olive tree branches and associate them with miniature yellow orchids for a successful Mediterranean look.

The last country of the Rendez-vous des Arts Culinaires week was France and the Brittany region. The Michelin Star Chef Frédéric Simonin* chose to work simple products and honour the national land: a scallop cooked in its shell with seaweed butter from Jean-Yves Bordier, slightly acidic, a royal sea bream tartar with cider vinegar and walnut oil, and salted-butter caramel crêpes with a vanilla cream and candied apples.

The guests at the Rendez-vous des Arts Culinaires could also taste the four Bordier butters, created by Jean-Yves Bordier, last artisan to beat the butter in a wooden beater and salt his butter on demand: butter with Madagascar vanilla, Espelette chilli butter, lemon olive oil butter and smoked butter.

To accompany these appetizers, the Breton cider house Loïc Raison came to present their traditional, dry and sweet ciders, all made in Brittany.

For their last table, Haviland, René Veyrat Event and Quagliotti shaped a simple table, with pastoral colours and giant purple, blue and green hydrangea spheres.

Even if this first edition is over, the community lives all year round on FacebookTwitter and here, on the blog.

5 countries, 5 Chefs, 5 Arts de Vivre, 20 official partners and 50 journalists, this first successful edition of the Rendez-vous des Arts Culinaires was the must-see event to Share our passion!

Pictures : (c) Aurore Lucas et Louise Barillec

Interview: Alberto Herraiz, maître de la cuisine espagnole

La journée de l’Espagne au Rendez-vous des Arts Culinaires ne serait pas complète sans la présence de Alberto Herraiz, chef du restaurant parisien El Fogón. Artiste de la gastronomie espagnole, il réinvente en permanence les traditions et renouvelle les plats classiques espagnols. Rencontre avec le chef qui cuisine l’Espagne directement dans l’assiette.

Quelles sont les mises en bouche que vous avez choisi de présenter aujourd’hui?

J’ai tout d’abord fait des Tartines d’anchois au caramel salé, avec des anchois à l’huile d’olive. Les anchois sont vraiment un produit qualitatif et nous sommes très fiers de faire connaître ce produit. C’est une anchois en boîte, haut de gamme. En Espagne, les conserves sont importantes. Nous avons une culture de la boîte. Pas seulement pour conserver les aliments, on y gagne beaucoup en qualité, à l’image du foie gras ou du caviar. Les anchois aujourd’hui sont posés sur des canapés de caramel salé, pour obtenir cet aspect salé-sucré.

Ensuite, j’ai fait une tarte tatin au poivron del piquillo. Ces poivrons proviennent également d’une conserve mais il ne sont pas cuits. Ils sont seulement chauffés, pour pouvoir enlever la peau facilement. Pour les rendre digestes, il faut les confire. Sauf qu’une fois qu’ils sont confits, ils se cassent facilement et sont problématiques à manipuler. C’est pour cela que j’ai fait une tarte tatin avec des tomates et des poivrons confits, et une petite pâte, pour que l’ensemble se tienne.

La dernière mise en bouche est à base de boudin avec de choucroute. Chez nous, le boudin est décliné de 6 ou 7 manières différentes, dépendant des régions. J’ai choisi la région de Castille et la ville de Burgos car c’est l’un des boudins les plus connus, la mortilla de Burgos, mélangée avec de la choucroute à base de dés de jambon ibérique. Je l’appelle Stras-Burgos, pour faire un clin d’œil à l’aller retour entre les deux villes. Voilà les tapas que j’ai choisies aujourd’hui.

Existe-il une véritable gastronomie espagnole?
Bien sûr! Et il y a plusieurs gastronomies espagnoles, car il y a plusieurs Espagne. Comme en France d’ailleurs: chaque région a sa culture et donc sa gastronomie.

Dans votre restaurant le Fogón, vous explorez la paella, un plat traditionnel et classique espagnol. Pourquoi?

Nous sommes un restaurant monothématique et nous travaillons surtout le riz en paella. Mais la culture espagnole c’est beaucoup plus que ça. Nous voulons faire quelque chose de parfait et nous ne pouvons donc pas tout faire au niveau culinaire. Nous avons choisi de faire un restaurant spécialisé dans le riz, et surtout dans le riz en paella. Cette spécialisation nous a amené à rechercher le produit et faire plus de quinze ans de travail autour de la paella.

Pour vous, qu’est-ce que l’art culinaire?

La cuisine ce sont des codes, des expériences et des choses que l’on ne peut pas apprendre dans les livres. L’art c’est autre chose. Pour moi, la cuisine ce n’est pas un art, c’est un métier.

Visuels: (c) Aurore Lucas

Retrouvez le chef Alberto Herraiz au restaurant El Fogón