La recette du jeudi : Foie gras chaud, citron caviar et betterave par le chef Jean-Louis Nomicos

A l’occasion de cette semaine esthétique, en compagnie des auteurs de L’Analytique de l’Aliment, voici une recette colorée qui plaira aux esthètes de la cuisine : Foie gras chaud, citron caviar et betterave.

Les ingrédients pour 4 personnes:

– 4 escalopes de foie gras de 200g chacune
– 2 poires William
– 1 citron vert
– 1 citron jaune
– 1 citron confit
– 2 pièces de citron caviar
– 1 betterave jaune
– 1 betterave cuite à l’eau
– 1 échalote
– 5cl de vinaigre balsamique blanc
– Pousses de réglisse (1 barquette)
– Caramel de vinaigre balsamique

(c) Rdv Communication

Réalisation :

Chutney poire/citron

Éplucher les poires et les couper en quartiers. Les cuire dans une poêle avec quelques gouttes de jus de citron sans coloration. Les passer au tamis.
Prélever dans le citron confit, 12g d’écorce ainsi que 15g de pulpe, puis passer au tamis. Les incorporer à la pulpe de poires.

Chutney Betterave

Détailler dans chaque betterave des lamelles de 3mm d’épaisseur. Les tailler avec un emporte-pièce de 5cm de diamètre.
Ciseler l’échalote et la faire suer dans un filet d’huile d’olive. Ajouter les parures de betterave, poursuivre la cuisson, déglacer au vinaigre balsamique blanc.
Hacher au cutter, assaisonner.

Foie gras

Cuire les escalopes de foie gras chaud, les assaisonner avec du sel et poivre. Les égoutter sur un torchon.

Dresser sur chaque assiette en alternant par couche successive chutney betterave et lamelle de betterave. Disposer le foie gras au centre, assaisonner avec le chutney poire/citron, le balsamique et terminer avec le caramel balsamique et les graines de citron caviar.

Visuels : © Rdv Communication

Une recette du chef Jean-Louis Nomicos.

L’Analytique de l’Aliment : «S’intéresser à la culture culinaire aujourd’hui, c’est bien plus qu’aimer manger et cuisiner. »

Derrière l’Analytique de l’Aliment se cachent Eve et Julien. Au départ, ce couple de blogueurs voulait philosopher sur la culture culinaire, parler de tendances et de découvertes. De fil en article, L’Analytique de l’Aliment est devenu une référence dans la blogosphère culinaire : une source inépuisable d’anecdotes, de réflexions et de nouveautés sur l’aliment, au sens large. Entretien.

Quelques mots de présentation pour nos lecteurs qui ne vous connaîtraient pas ?

L’Analytique de l’Aliment : Nous sommes deux derrière L’Analytique de l’Aliment, Eve & Julien, amoureux l’un de l’autre et de la bonne chaire. Dans la « vraie vie » on fait des jobs plutôt très sérieux à tendance rasoir : webmarketing dans la finance en ligne pour l’un, conseil en innovation pour l’autre. Du coup le soir et le week-end, on prend un grand plaisir à se consacrer à notre blog dont le seul mot d’ordre est, justement, de se faire plaisir.

(c) L'Analytique de l'Aliment

Quelle est la genèse de l’Analytique de l’Aliment ?

LADLA : Au départ, c’est l’histoire d’un petit Blogger né lors de longues vacances d’été qui n’en finissaient pas. Les blogs culinaires commençaient à gagner du terrain, et on s’est dit que ça serait une occupation marrante, qui permettrait d’allier écriture, photo, et alimentation, trois trucs qui nous parlent. On a mis une petite dose de philo là-dedans, en choisissant un nom complètement pourri pour le référencement, mais finalement, nous avons dépassé Kant et son Analytique Transcendantale dans Google (ce qui est quand même un peu scandaleux).

Très vite on s’est aperçu qu’il y avait énormément de choses à dire sur la place de l’aliment dans la société, les évolutions et les nouvelles cultures culinaires, le travail des artistes, photographes, designers autour de la food…

Au début on faisait ça uniquement pour s’amuser, et puis petit à petit, on a développé un peu le projet, le design du blog, les réseaux sociaux, les interviews d’entrepreneurs ou d’artistes culinaires, la Carte du Tendre, les reportages en immersion, le lancement de notre ligne de tabliers… et aujourd’hui ça occupe la majeure partie de notre temps libre !

(c) L'Analytique de l'Aliment

Contrairement aux nombreux blogs existants sur internet, pourquoi souhaitez-vous explorer une approche alternative des tendances culinaires ?

LADLA : Ce n’est pas spécialement une volonté de notre part d’être « en marge », mais on ne veut pas non plus refaire ce que d’autres font très bien, on veut proposer un autre point de vue, une autre manière de voir les aliments. L’idée de monter un blog « culinaire » qui ne parle pas de cuisine est venue très naturellement : la culture food touche tout le monde, pas seulement les apprentis cuistots, ni même les fous de gastronomie. On peut adorer manger et être un piètre cuisinier, ou s’intéresser aux traditions gastronomiques sans être spécialement un gros gourmand. S’intéresser à la culture culinaire aujourd’hui, c’est bien plus qu’aimer manger et cuisiner.

(c) L'Analytique de l'Aliment

Comment dénichez-vous les tendances culinaires qui apparaissent sur votre blog ? Où se situe la limite des sujets dont vous parlez, et ceux que vous n’abordez pas ?

LADLA : Les tendances on les découvre comme tout le monde, dans la rue, en discutant avec les gens, et aussi, bien sur, sur les blogs ! Comme le sujet nous passionne, on est en veille permanente, mais on n’est pas tellement dans la recherche des tendances, plutôt dans l’imagination ou l’interprétation, comme quand on explore le premier degré du Food Porn, l’explosion des régimes mono-maniaques ou la force de la communication politico-culinaire en période d’élection.

On aime aussi traiter de choses beaucoup plus intemporelles : le quotidien d’un vigneron champenois ou d’un éleveur d’esturgeons, les œuvres d’une plasticienne de la gelée alimentaire

Des limites, on n’en a pas vraiment ! Le seul critère, c’est que ça doit nous amuser ou nous toucher. On revisite, à notre sauce, des sujets de tous les jours : et c’est comme ça qu’on en vient à parler politique, rap, ou éducation sexuelle… toujours en partant de l’aliment !

(c) L'Analytique de l'Aliment

Vidéos, projets artistiques, campagnes de pub… La culture food est donc bien plus que de simples recettes ?

LADLA : Ca fait bien longtemps maintenant que la food est sortie de la cuisine et a envahi les rues, le monde de l’art, la télé, la musique ou la politique… C’est devenu un phénomène ces dernières années, mais au fond rien n’est aussi universel que l’aliment et ça n’a rien d’un effet de mode. La food concerne tout le monde, et touche tous les secteurs d’une manière ou d’une autre. Il y a tellement de choses à dire et à faire avec l’aliment, et autour de l’aliment, et c’est ce qu’on essaye de montrer avec ce blog !

Expliquez-nous cette « esthétique de l’aliment » ?

LADLA : L’esthétique de l’aliment, c’est ce à quoi on s’est intéressés en premier, et c’est ce qu’on a le plus de plaisir à aborder. Pour nous l’aliment est, avant tout, beau, avant même d’être bon. C’est d’abord un visuel, et ça doit être pour ça que l’aliment est une source d’inspiration artistique sans bornes. On est très souvent bluffés par des projets artistiques hyper géniaux qui naissent en partant d’une tranche de lard ou d’un plateau repas. Le potentiel esthétique des aliments est vraiment énorme !

Visuels : © L’Analytique de L’Aliment

La recette du jeudi : Pigeonneau cocotte Endive / gingembre / gomasio

Cette semaine, le chef rennais Julien Lemarié nous régale d’une recette gourmande et colorée pour accueillir ces premiers jours de printemps : un Pigeonneau cocotte Endive / gingembre / gomasio.

Ingrédients pour 4 personnes :

• 4 pigeonneaux
• ½ carotte
• 1 échalote
• 1 gousse d’ail
• 1 bouquet garni
• vin blanc
• sel et poivre

Purée de pois chiches:

• 100 g de pois chiches
• huile de menthe

Caillette:

• cumin
• 50 g de crépine de porc
• 20 g de foie gras
• jus de pigeon
• persil
• piment d’Espelette
• foies et cœurs de pigeon
• cuisses désossées

Gomasio:

• Graine de sésame
• fleur de sel

Les endives:

• 2 belles endives blanches
• acide ascorbique ou jus de citron.

(c) Rdv Communication

Réalisation :

Le jus:

Préparer les pigeons: les flamber, tailler les bateaux, séparer les cuisses et les abats des carcasses, cous et ailes. Tailler ces dernières en petits cubes. Tailler la garniture aromatique. Marquer le jus de pigeon, déglacer au vin blanc, réduire de moitié, mouiller avec de l’eau à hauteur. Cuire à feu doux pendant 2 heures, écumer et ajouter de l’eau si besoin. Passer au chinois, réduire le jus de moitié. Corriger l’assaisonnement, citronner à l’envoi.

Purée de pois chiches:

Réhydrater les pois dans de l’eau 24 h. Les cuire à l’eau jusqu’à ce qu’ils deviennent fondants. Les passer au mixeur, détendre avec de l’eau de cuisson. Assaisonner de sel poivre et huile de menthe.

Les caillettes :

Hacher le persil, les pattes, les cœurs, les gésiers au couteau. Tailler en brunoise le foie gras. Mélanger tous les éléments. Assaisonner. Faire 4 boules de 20 g chacune et les rouler dans la crépine. Les braiser avec un peu de jus de pigeon à l’envoi.

Les endives :

Nettoyer les endives, les couper en 2, les mettre sous vide avec sel, sucre, jus de citron et huile d’olive. Cuire dans le four vapeur Gaggenau 30 min à 85°C. Les glacer. Les colorer avec un peu de sucre à l’envoi.

Le Gomasio :

Torréfier le sésame à la poêle, ajouter la fleur de sel. Refroidir. Piler le mélange.

Le pigeon :

Assaisonner les bateaux, les colorer dans une cocotte Staub, les cuire à couvert pendant 4 à 5 min. Les laisser « tirer » 5 min. Les lever. Dresser.

Visuel : © Rdv Communication

Julien Lemarié : « En cuisine, on prend des risques. »

Équilibrée, précise et actuelle, la cuisine de Julien Lemarié fait pétiller les papilles. De retour sur ses terres bretonnes, ce chef globe-trotter, riche de ses expériences auprès des plus grands, propose à sa Coquerie rennaise, une gastronomie sensuelle et limpide. Entretien avec un chef qui émerveille en permanence grâce à sa complicité avec les saisons, les producteurs locaux et les richesses du territoire breton.

Quelles sont les caractéristiques de la cuisine de la région Bretagne ? Ces caractéristiques se retrouvent-elles dans votre propre cuisine ?

Julien Lemarié : Nous sommes sur une cuisine généreuse, essentiellement sur une cuisine de produits de saison. C’est vraiment cela qui nous caractérise. Mon retour en France a été bénéfique à ce niveau-là. En Bretagne on a des poissonniers, des volaillers, des producteurs de légumes qui sont superbes. Nous avons la chance d’avoir ces petits producteurs à proximité. Et qui font les choses bien.

(c) Rdv Communication

Vos passages à la tête d’établissements à Tokyo, Singapour et en Angleterre influencent-ils encore votre carte aujourd’hui ?

JL : Je suis encore influencé par toutes les destinations par lesquelles je suis passé, mais pas seulement. Je suis marié à une japonaise, je mange japonais à la maison…cela transpire forcément ! Maintenant, je ne m’en rends pas trop compte quand je cuisine, car c’est devenu naturel. Au Coq-Gadby, on n’est pas, dans tous les cas, sur une cuisine fusion. On est vraiment sur une cuisine de saison, de produits, bretons essentiellement, avec des petites touches exotiques, des rappels, des virgules – un gingembre sur un pigeon, par exemple.

Quelles associations de produits et de saveurs ne vous lassez-vous jamais de cuisiner ?

JL : Les algues ! Le nori, le konbu, j’en mange et j’en cuisine tout le temps et il y en a tout le temps sur mon menu ! J’aime la texture, l’iode. Les produits de la mer, c’est quelque chose qui me tient à cœur.

(c) Rdv Communication

La cuisine n’est-elle finalement qu’une fusion d’éléments empruntés ?

JL : On essaie de se mettre en danger tous les jours. On a un menu de saison, où l’on propose des choses pendant un temps déterminé. Si l’on part sur un menu dégustation, on est sur un menu carte blanche, où c’est au gré des produits et de ce qu’il me passe par la tête !

Votre cuisine en trois mots ?

JL : Précise, saisonnière, bretonne.

Visuels : © Rdv Communication