La recette du jeudi : Fricassée de calamars sautés en senteur grassoise

A l’occasion de cette semaine toute provençale, le chef Jacques Chibois met du soleil dans nos assiettes avec une fricassée de calamars sautés en senteur grassoise…

Ingrédients pour 4 personnes : 

• 400 g de pommes de terre
• 100 g de tomates
• 100g de petits Calamars coupés en dés
• 1 gousse d’ail
• 4 branches de fenouil sec
• du laurier
• du romarin
• 16 olives noires
• 50g de poivrons rouges en dés
• 10 feuilles de basilic
• de l’huile d’olive

(c) Rdv Communication

Réalisation :

– Cuire les pommes de terre dans 1 litre d’eau pendant environ 15mn selon grosseur. Les égoutter. Quand elles sont tièdes, les éplucher et les couper en 4 ou 8 triangles selon grosseur. Couvrir de papier film et réserver.
– Dans un poêle, mettre sur un feu vif l’huile d’olive, les olives, la branche de romarin, la branche de laurier, les branches de fenouil sec, la gousse d’ail légèrement écrasée et les dés de poivrons rouges.
– Cuire pendant une minute après ébullition en tournant en permanence.
– Ajouter les calamars salés et poivrés.
– Les rôtir pendant une minute puis incorporer les pommes de terre avec les dés de tomates salés et poivrés.
– Poêler tout en remuant pendant 4 minutes et ajouter le basilic.
– Servir.
Visuels : © RDV Communication

Jacques Chibois : « Autour du goût se développent une connaissance et une culture. »

Jacques Chibois, chef de cuisine de La Bastide Saint Antoine* et Grand Chef Relais & Châteaux, est un véritable artisan du goût. Originaire de Limoges, le chef étoilé est tombé amoureux de Grasse, la Capitale Mondiale du Parfum, et a décidé de se consacrer entièrement aux saveurs qu’offre la région. Entretien en tête à tête pour parler de son Ecole du Goût, du lien entre gastronomie et culture, et du besoin de promouvoir une éducation du goût.

(c) RDV Communication

Parlez-nous de votre «Ecole du Goût»  qui va ouvrir ses portes en 2014 à la Bastide Saint Antoine? Quels sont ses objectifs ?

Jacques Chibois: L’objectif, c’est surtout de retransmettre le goût car on le perd. Quand on habite dans une ville comme Grasse, où le goût pour nous c’est la cuisine, l’arôme et les parfumeurs, on s’aperçoit que sans le nez on ne peut pas goûter et que sans la bouche on ne peut pas goûter non plus. Les deux sont mariés ensemble. On a décidé de faire cette Ecole du Goût pour justement définir ce qu’est le goût. Cette définition est toujours difficile. Prenons un exemple : en cuisine, la grand-mère va dire « Tu fais comme ça !». Vous allez refaire la recette de la même manière mais cela ne va pas être exactement pareil car la Grand-Mère n’a pas su traduire son goût. Dans cette Ecole du Goût, on va retraduire ce qu’est le goût, l’arôme et toute la fusion qui se fait dans notre bouche et dans notre nez. Cette démarche va se traduire avec le mélange et la cuisine. Si l’on fait cuire plus ou moins, rôtir plus ou moins, ajouter plus de ceci ou cela, il va y avoir une transformation. C’est là que l’on va comprendre beaucoup plus comment cuisiner, comment pouvoir refaire un plat et comprendre les différentes étapes qui amènent au goût.

(c) RDV Communication

Vous avez dit : «Autour du goût peut se développer une connaissance et une culture». La gastronomie est-elle donc un moyen d’étoffer ses connaissances sur un lieu, une région, un pays?

JC: La première culture qu’a un enfant, c’est le goût. On lui apprend à faire des différences. Comme avec les couleurs, les goûts changent et l’enfant les associe. En même temps, le goût c’est le sens des origines. Voltaire disait : « Dis-moi ce que tu manges, je te dirais qui tu es ». Il est donc normal d’associer lieu et goût. S’il mange du piment et de l’huile d’olive, on dira que c’est une Méditerranéen ; s’il mange de la crème et du turbot, on dira que c’est un Breton ; s’il est en Limousin ou en Dordogne, il mangera de la truffe. Les identités et les cultures ressortent par le goût et l’alimentation des pays. C’est donc très enrichissant. En même temps, si vous voulez connaître un pays, vous allez voir un marché et la culture de l’alimentation et la culture du goût de celui-ci. Tout de suite, vous y retrouvez les mentalités des pays. Par ailleurs, quand on dit à une personne « Qu’est-ce que tu as bon goût, tu es bien habillé ! », on se rend compte que le goût joue sur plusieurs tableaux. Il y a les saveurs et les couleurs.

(c) RDV Communication

L’ « Ecole du Goût » ouvrira ses portes à tous les âges. Le goût est-il un sens qui se travaille tout au long de la vie ? Pourquoi ?

JC: Oui, le goût se travaille tout au long de sa vie. Quand on est enfant, on a des goûts. Parce qu’on a besoin de s’alimenter, notre instinct nous apporte des goûts tout à fait simples, basés sur les féculents et le lait. En grandissant, nos goûts changent et évoluent, nos connaissances également. On a toujours besoin d’être émus, de connaître des nouveautés, des nouveaux goûts et d’être aussi dirigés. C’est tout l’apprentissage du goût. Faire évoluer son goût c’est comprendre cette évolution. Et on en a besoin ! On ne mange pas pareil selon la saison, ni selon l’époque. Si on revient trente ans en arrière, ce qui n’est pas loin, on voit qu’on ne mangeait pourtant pas du tout comme aujourd’hui ! Ca a évolué. Et qu’est-ce qui a évolué ? C’est le goût, la manière de cuisiner et le modernisme.

(c) RDV Communication

Le goût en trois mots ?

JC: Quand on pose la question à quelqu’un de ce qu’est le goût, là vous avez un blanc. Les gens y réfléchissent. Alors qu’est-ce que le goût ? Ce que l’on va émettre et ce que l’on va reconnaître, c’est sensoriel. La manière dont on va cuisiner va donner un goût délicat, sensible ou bien brutal, très fort, très puissant. On a besoin de ces enseignements pour se cultiver encore et mieux parler du goût. Le goût, quand on en parle, il est vulgarisé. Personne n’arrive à vraiment le définir. Notre travail c’est vraiment cela, apporter le goût. Ce qu’il va donner après cuisson ainsi que la manière de le reconnaître au départ. Quand vous goûtez un bon produit, vous avez un goût complètement différent. Il est intéressant de reconnaître l’identité de la qualité par le goût. Cela n’a rien à voir avec les couleurs, ni avec la forme parfois biscornue ou les taches sur les fruits ou les légumes. Ce n’est pas grave, au contraire. C’est signe que le produit a évolué, que l’on ne l’a pas mis dans une agriculture industrialisée. Vous prenez une pêche ou une tomate. Vous l’arrosez un maximum et elle sera très belle mais elle sera insipide. Elle n’aura aucun parfum. Voilà la vérité. On peut parler longtemps du goût ! Moi qui viens du Périgord-Limousin, j’ai appris dans le Sud à manger les tomates sans rien, assaisonné de sel, poivre et huile d’olive uniquement. Pas de vinaigre ! Ici, on a une tomate exceptionnelle et je n’avais jamais connu ça ! On l’a laissé vivre et on l’a aidé à vivre. C’est la raison pour laquelle on a des goûts complètement différents.

Visuels : © RDV Communication

Grasse, la culture des saveurs

Absolu de jasmin, rose centifolia, fleurs de rose de mai, iris pallida, poivre de Sichuan, tubéreuse, géranium rosat ou encore gardenia; Grasse, Capitale Mondiale du Parfum et laboratoire de découvertes olfactives est aussi une ville où la culture des saveurs et du goût est indissociable de son terroir. Focus.

Idéalement située entre la Méditerranée et les Alpes du sud, Grasse est une ville privilégiée au climat d’une douceur exceptionnelle et au carrefour d’influences provençales et génoises. Fière de son héritage, Grasse devrait d’ailleurs inscrire son savoir-faire lié aux métiers du parfum au Patrimoine Mondial de l’Unesco courant 2013, mettant en avant sa culture et sa technique de récolte des matières premières les plus recherchées au monde. Bien avant d’être proclamée Capitale Mondiale du Parfum, Grasse a basé son économie sur son artisanat local – l’huilerie, la culture du blé, des fleurs et des produits tropicaux, la savonnerie et la tannerie – devenant un lieu de fabrication unique réputé pour la qualité de ses produits.

(c) RDV Communication

L’histoire du parfum de Grasse débute au Moyen-âge. Le tannage des tissus et la préparation du cuir constituent les grandes spécialités de la ville. Les cuirs sont rapidement exportés vers l’Italie, Grasse ayant une alliance commerciale avec Gênes et Pise. Après plusieurs siècles d’une intense activité et de nombreux progrès techniques, les cuirs de Grasse acquièrent une renommée mondiale.

Seulement, malgré leur grande qualité, les cuirs de Grasse ont un énorme défaut : leur odeur. En effet, étant tannés avec des excréments d’animaux, le cuir sent mauvais, ce qui déplaît fortement à la noblesse. Galimard, un tanneur de Grasse a alors l’idée de créer des gants en cuir parfumé dans des «bains de senteur», à l’eau de rose et aux épices. L’innovation est un succès immédiat et le gant parfumé se répand à la Cour et dans toute la haute société.

(c) DR

Habiles artisans, commerçants et financiers avisés, tous profitent pleinement, aux XVIlème et XVIIIème siècles, de la mode des cuirs parfumés pour développer les cultures florales locales, la production des essences et des eaux parfumées. Les tanneurs de Grasse se spécialisent dans la ganterie fine et parfument délicatement aux graisses et huiles odoriférantes les gilets, les ceintures, les sacs et les éventails. En 1614, par une lettre patente, le roi introduit officiellement le titre de « Maître Gantier-Parfumeur ».

En 1724, la nouvelle corporation de «Maître Gantier-Parfumeur» se détache définitivement de la tannerie et fonde sa propre corporation, précurseur de l’association actuelle des Parfumeurs de Grasse. Les paysans locaux commencent à exploiter les plantes à parfum du pays. La Tubéreuse, le Jasmin, l’Oranger Sauvage de la Riviera Italienne, la Rose « Centifolia », la Violette, le Mimosa d’Afrique, la Jonquille, la Lavande de Provence; toutes les espèces rares sont plantées dans la campagne grassoise et le commerce des essences aromatiques entre les paysans et les « Gantiers Parfumeurs » participe à l’essor et l’épanouissement du métier de parfumeur.

(c) Les Echos

Vers 1750 apparaît le procédé de l’enfleurage à froid qui permet d’extraire le principe parfumé des fleurs les plus délicates. De cette industrie découle une grande prospérité. A partir de 1759, les impôts élevés mettent un point final à l’activité de la tannerie. La fabrication de produits en cuir parfumé cède la place durant ce siècle à la production exclusive des parfums; les parfumeurs se spécialisent alors dans la fabrication et la vente des matières premières pour les parfums. L’amélioration de la technique de production permet d’accélérer encore ce développement et la ville connaît un essor économique important. La Ganterie-Parfumerie évolue vers la Parfumerie.

Au XIXe siècle, de nouvelles machines et de nouvelles techniques d’extraction sont inventées, dont l’extraction par solvants volatils pour laquelle l’industriel grassois Léon Chiris acquiert les premiers brevets en 1894. Les années 1850 marquent également la conquête sans partage des marchés mondiaux et le développement des cultures aromatiques dans la région grassoise.

(c) RDV Communication

Aujourd’hui, le microclimat grassois et le savoir-faire acquis au fil des siècles permet de faire encore pousser sur place des fleurs aux parfums délicats : rose, jasmin, jonquille, œillet  tubéreuse, fleur d’oranger, violette. La capitale mondiale du parfum, forte de sa renommée, a su également profiter de ses relations internationales; la trentaine d’usines de parfums de la région envoie ses créations dans le monde entier.

Grasse a une véritable culture de l’arôme, c’est un fait. Mais les saveurs, dans cette capitale du parfum, sont toutes aussi importantes que les senteurs. En effet, Grasse est riche d’une gastronomie fine où, comme dans son architecture, se retrouvent influences provençales et italiennes.

La tarte à la courge, préparée seulement pour les fêtes de Noël ou lors de la réception de nombreux convives, est à l’origine un casse-croûte emporté par les cultivateurs lors du travail dans les champs. Généralement de forme ronde, elle est réalisée à partir d’une variété de courge appelée « courge de la tourte » à la chair jaune et récoltée en automne.

(c) Gain the Kitchen

Le beignet de fleur de courge, qui, lors de la friture, révèle une saveur irrésistible et incomparable d’abricot mûr.

(c) Elle

Le lou fassum, spécialité d’inspiration italienne, un chou farci à la viande dont les feuilles sont blanchies à l’eau bouillante dans des boules métalliques perforées spécialement fabriquées à cet effet. Le fassoum cuit dans son jus révèle un goût délicat qui réveille les papilles.

Les artichauts barigoule, grillés avec du sel, du poivre et de l’huile d’olive. A l’origine, cette recette paysanne consistait à faire cuire les artichauts comme des barigoules, un champignon cueilli sur les racines de chardons. Les cuisiniers de Provence ont ensuite élaboré une farce pour l’artichaut qui était farci de barigoule haché  et assaisonné avec divers aromates et du lard.

(c) Elle

Sou saussou, plat à base de concombres pelés en rondelles salés au gros sel, d’amandes, d’ail et de lait.

Les ganses, sortes de merveilles ou oreillettes provençales parfumées à la fleur d’oranger, dégustées essentiellement pendant la période du carnaval.

(c) Melty Food

La fougassette, fine et légère brioche ovale à 7 trous, parfumée à la fleur d’oranger. La fougassette est encore distribuée lors de la messe qui inaugure la fête du jasmin.

(c) Good-Cook

Les confits de fleurs, les pétales de roses et violettes cristallisés, les confitures d’agrumes ainsi que les orangettes au chocolat font également partie du patrimoine culinaire de Grasse.

(c) Parikkobento

La culture du goût et du parfum, au départ un artisanat, est devenu à Grasse un véritable art, où luxe, raffinement et qualité des produits créés se complètent ; Grasse a ainsi su trouver l’accord parfait entre saveurs, senteurs et savoir-faire…

Source : Ville de Grasse
Visuels : © RDV Communication; DR.