Nathalie Boisse : « La simplicité donne de l’authenticité à une recette. »

Derrière Cuisiner…tout simplement se cache Nathalie Boisse. Passionnée de cuisine, elle décide en 2006 de se lancer dans l’aventure du blog culinaire et d’ouvrir son propre espace d’expression. Depuis, tantôt derrière l’objectif, tantôt derrière les fourneaux, elle livre à ses lecteurs des recettes simples mais toujours réussies. Entretien.

Quelques mots de présentation pour nos lecteurs qui ne vous connaîtraient pas ?

Nathalie Boisse : Informaticienne et maman de 2 garçons, j’anime depuis plusieurs années le blog culinaire : « Cuisiner…tout simplement ». Originaire de la Bourgogne, j’habite maintenant la région Bordelaise. Par ce blog, je veux partager ma passion de la cuisine et montrer qu’il est possible de faire de bons petits plats même si on n’a pas forcement beaucoup de temps.

(c) Cuisiner Tout Simplement

Quand est-ce que vous avez commencé à vous intéresser à la photographie culinaire ?

NB : J’ai créé mon blog en Novembre 2006. Au début, le plus important pour moi, c’était la recette. Je prenais mes plats en photo au dernier moment, sans réfléchir à la présentation. En lisant les magazines et les livres de cuisine, j’ai essayé plus de choses au niveau de mes photos : j’ai plus soigné la présentation, j’ai utilisé plus d’accessoires mais toujours avec les moyens du bord. Je me suis rendu compte que ce n’était pas évident : manque de luminosité, problème de cadrage. J’ai donc fait quelques recherches sur le net, lu quelques livres concernant la macro. J’ai investi au niveau appareil et objectifs. Le matériel est important pour la photo culinaire, comme par exemple utiliser un zoom macro pour un meilleur rendu. Au fil des années, ma façon de photographier a évolué. Certains magazines de cuisine me faisaient complètement rêver. Combien de photos j’ai pu prendre pour arriver à la photo … Il n’y a pas de secret, il faut essayer, essayer et essayer ! C’est comme ça que l’on avance. Je ne maitrise pas la photographie culinaire. Je sais que j’ai encore plein de choses à apprendre, mais je prends vraiment plaisir à photographier mes plats.

(c) Cuisiner tout simplement

La photographie a-t-elle toujours été une part essentielle à vos recettes ?

NB : Non pas vraiment. Au début, je passais plus de temps à réaliser et à tester mes recettes.
Je n’étais pas très douée pour la présentation. Toujours maintenant d’ailleurs … Je ne passais pas beaucoup de temps pour présenter mes plats. Je voulais tout simplement que ce soit bon. La photo arrivait après. Je réalisais ma photo rapidement et à cette époque, je ne prenais pas beaucoup de clichés par rapport à maintenant. Je réalisais mes photos à l’intérieur avec un flash alors que maintenant, j’utilise la lumière naturelle. Je n’hésite plus à prendre mes photos dehors. En général, je réalise une trentaine de clichés par recette. Je prends beaucoup plus de plaisir maintenant à réaliser les photos de mes plats. Ça me prend aussi plus de temps car je réfléchis en amont à la présentation. Je choisi la couleur des accessoires en fonction des ingrédients de la recette tout en restant dans la simplicité.

En quoi le visuel final d’une recette est-il aussi important que le déroulé ?

NB : Au niveau de mes billets, je place la photo finale en début de recette, c’est la première chose que les internautes voient en la lisant. La photo doit donner envie de manger le plat, doit donner envie de se mettre aux fourneaux tout simplement.

(c) Cuisiner tout simplement

Quels sont, pour vous, les aliments ou les recettes qui sont les plus esthétiques et les plus simples à mettre en scène ?

NB : Pour moi, les recettes les plus faciles à mettre en scène, sont sans hésiter les recettes sucrées, en priorité les gâteaux. Un cake est très facile à mettre en valeur et à rendre gourmand. Il suffit de le trancher et de déposer le tout sur un simple plat à cake, un couteau, une petite serviette et le tour est joué. Pas besoin de plus de choses … de la simplicité pour donner de l’authenticité à la recette.

La photographie culinaire en trois mots ?

NB : Gourmandise, plaisir et simplicité.

Visuels : © Cuisiner tout simplement

L’Analytique de l’Aliment : «S’intéresser à la culture culinaire aujourd’hui, c’est bien plus qu’aimer manger et cuisiner. »

Derrière l’Analytique de l’Aliment se cachent Eve et Julien. Au départ, ce couple de blogueurs voulait philosopher sur la culture culinaire, parler de tendances et de découvertes. De fil en article, L’Analytique de l’Aliment est devenu une référence dans la blogosphère culinaire : une source inépuisable d’anecdotes, de réflexions et de nouveautés sur l’aliment, au sens large. Entretien.

Quelques mots de présentation pour nos lecteurs qui ne vous connaîtraient pas ?

L’Analytique de l’Aliment : Nous sommes deux derrière L’Analytique de l’Aliment, Eve & Julien, amoureux l’un de l’autre et de la bonne chaire. Dans la « vraie vie » on fait des jobs plutôt très sérieux à tendance rasoir : webmarketing dans la finance en ligne pour l’un, conseil en innovation pour l’autre. Du coup le soir et le week-end, on prend un grand plaisir à se consacrer à notre blog dont le seul mot d’ordre est, justement, de se faire plaisir.

(c) L'Analytique de l'Aliment

Quelle est la genèse de l’Analytique de l’Aliment ?

LADLA : Au départ, c’est l’histoire d’un petit Blogger né lors de longues vacances d’été qui n’en finissaient pas. Les blogs culinaires commençaient à gagner du terrain, et on s’est dit que ça serait une occupation marrante, qui permettrait d’allier écriture, photo, et alimentation, trois trucs qui nous parlent. On a mis une petite dose de philo là-dedans, en choisissant un nom complètement pourri pour le référencement, mais finalement, nous avons dépassé Kant et son Analytique Transcendantale dans Google (ce qui est quand même un peu scandaleux).

Très vite on s’est aperçu qu’il y avait énormément de choses à dire sur la place de l’aliment dans la société, les évolutions et les nouvelles cultures culinaires, le travail des artistes, photographes, designers autour de la food…

Au début on faisait ça uniquement pour s’amuser, et puis petit à petit, on a développé un peu le projet, le design du blog, les réseaux sociaux, les interviews d’entrepreneurs ou d’artistes culinaires, la Carte du Tendre, les reportages en immersion, le lancement de notre ligne de tabliers… et aujourd’hui ça occupe la majeure partie de notre temps libre !

(c) L'Analytique de l'Aliment

Contrairement aux nombreux blogs existants sur internet, pourquoi souhaitez-vous explorer une approche alternative des tendances culinaires ?

LADLA : Ce n’est pas spécialement une volonté de notre part d’être « en marge », mais on ne veut pas non plus refaire ce que d’autres font très bien, on veut proposer un autre point de vue, une autre manière de voir les aliments. L’idée de monter un blog « culinaire » qui ne parle pas de cuisine est venue très naturellement : la culture food touche tout le monde, pas seulement les apprentis cuistots, ni même les fous de gastronomie. On peut adorer manger et être un piètre cuisinier, ou s’intéresser aux traditions gastronomiques sans être spécialement un gros gourmand. S’intéresser à la culture culinaire aujourd’hui, c’est bien plus qu’aimer manger et cuisiner.

(c) L'Analytique de l'Aliment

Comment dénichez-vous les tendances culinaires qui apparaissent sur votre blog ? Où se situe la limite des sujets dont vous parlez, et ceux que vous n’abordez pas ?

LADLA : Les tendances on les découvre comme tout le monde, dans la rue, en discutant avec les gens, et aussi, bien sur, sur les blogs ! Comme le sujet nous passionne, on est en veille permanente, mais on n’est pas tellement dans la recherche des tendances, plutôt dans l’imagination ou l’interprétation, comme quand on explore le premier degré du Food Porn, l’explosion des régimes mono-maniaques ou la force de la communication politico-culinaire en période d’élection.

On aime aussi traiter de choses beaucoup plus intemporelles : le quotidien d’un vigneron champenois ou d’un éleveur d’esturgeons, les œuvres d’une plasticienne de la gelée alimentaire

Des limites, on n’en a pas vraiment ! Le seul critère, c’est que ça doit nous amuser ou nous toucher. On revisite, à notre sauce, des sujets de tous les jours : et c’est comme ça qu’on en vient à parler politique, rap, ou éducation sexuelle… toujours en partant de l’aliment !

(c) L'Analytique de l'Aliment

Vidéos, projets artistiques, campagnes de pub… La culture food est donc bien plus que de simples recettes ?

LADLA : Ca fait bien longtemps maintenant que la food est sortie de la cuisine et a envahi les rues, le monde de l’art, la télé, la musique ou la politique… C’est devenu un phénomène ces dernières années, mais au fond rien n’est aussi universel que l’aliment et ça n’a rien d’un effet de mode. La food concerne tout le monde, et touche tous les secteurs d’une manière ou d’une autre. Il y a tellement de choses à dire et à faire avec l’aliment, et autour de l’aliment, et c’est ce qu’on essaye de montrer avec ce blog !

Expliquez-nous cette « esthétique de l’aliment » ?

LADLA : L’esthétique de l’aliment, c’est ce à quoi on s’est intéressés en premier, et c’est ce qu’on a le plus de plaisir à aborder. Pour nous l’aliment est, avant tout, beau, avant même d’être bon. C’est d’abord un visuel, et ça doit être pour ça que l’aliment est une source d’inspiration artistique sans bornes. On est très souvent bluffés par des projets artistiques hyper géniaux qui naissent en partant d’une tranche de lard ou d’un plateau repas. Le potentiel esthétique des aliments est vraiment énorme !

Visuels : © L’Analytique de L’Aliment

La recette du jeudi : le gâteau au cacao

Cette semaine c’est une recette aussi esthétique que gourmande que Virginie Fouquet, alias Chef Nini, partage sur les Rendez-vous des Arts Culinaires : un délicieux gâteau au cacao…

Les ingrédients pour 6 personnes :

• 2 oeufs
• 70 g de sucre Muscovado (ou en poudre classique)
• 60 g de farine de riz (ou de blé T45)
• 1/2 sachet de levure chimique
• 60 g de beurre
• 7,5 cl de lait
• 60 g de cacao amer en poudre
• 50 g de noix de coco râpée non sucrée

(c) Virginie Fouquet alias chefNini

La réalisation:

Faites fondre le beurre dans une petite casserole avec le lait.
Versez dans un saladier la farine, la levure, le sucre, la noix de coco, le cacao.
Ajoutez les œufs et versez petit à petit le mélange beurre/lait tout en mélangeant au fouet. Vous devez obtenir un mélange homogène.
Répartissez la pâte dans des moules à muffins et saupoudrez éventuellement de noix de coco.
Faites préchauffer votre four à 180°C et enfournez pour 10 min.
Laissez tiédir avant de démouler et de laisser refroidir à température ambiante.
À servir avec des framboises tout juste compotées avec du sucre dans une casserole.

Visuel: © Virginie Fouquet alias chefNini

Virginie Fouquet : « La photographie culinaire doit mettre en appétit. »

Virginie Fouquet, alias chefNini, est notre invitée cette semaine ! Photographe culinaire, auteure de plusieurs ouvrages, elle nous parle de stylisme culinaire, d’image et de gourmandise…

Quelques mots de présentation pour nos lecteurs qui ne vous connaîtraient pas ?

Virginie Fouquet : Je m’appelle Virginie, j’ai 29 ans et je vis en région Parisienne. Je suis blogueuse culinaire sous le pseudonyme chefNini (ndlr: sur le blog www.chefnini.com) depuis 6 ans. Anciennement développeur web, je me suis lancée dans l’aventure auto-entrepreneuriale pour devenir créatrice, rédactrice et photographe culinaire. Je suis également l’auteure d’un livre sur la photographie culinaire.

(c) DR

La photo était-elle une passion avant de devenir votre métier ? Pourquoi le changement de carrière ?

VF: Oui, tout à fait, mais c’est une passion qui est arrivée bien tard. Lorsque j’ai commencé à bloguer, je ne m’y intéressais pas vraiment. Je n’avais pas le temps, ni l’envie car mon blog était un simple passe-temps. Et puis, lorsque j’ai arrêté de travailler, j’ai décidé de m’occuper de mon blog très sérieusement. M’améliorer en photographie faisait partie de mes priorités. J’ai eu la chance de recevoir en cadeau un reflex et ce fut un déclic ! J’ai commencé à prendre plaisir à faire des photos, à lire des livres et des sites sur ce sujet, à essayer différentes choses pour trouver mon style. La photo, pas uniquement culinaire, devenait une véritable passion. Elle ne m’a plus quitté depuis.

En 2011, je décide de me lancer dans l’auto-édition d’un livre de cuisine. C’est également à la même période que l’on m’a confié la réalisation d’un ebook de recettes pour une boutique en ligne. C’est ainsi que je suis devenue auto-entrepreneur. À ce moment-là, je ne savais pas comment tout cela allait évoluer. Deux ans après, je ne regrette rien.

Quelles sont les qualités nécessaires à un photographe culinaire ?

VF: Les qualités primordiales pour devenir photographe culinaire sont le sens de l’organisation, l’écoute et la patience. Il faut être disponible pour répondre aux demandes rapidement, pouvoir s’adapter aux changements de planning et savoir travailler dans l’urgence. Être photographe culinaire, c’est aussi travailler de temps en temps les week-ends.

Comment faire passer la gourmandise à travers une photographie ?

VF: La gourmandise passe d’abord par la vue. La présentation est donc très importante. Ajouter quelques herbes, saupoudrer de sucre glace, faire couler du chocolat fondu, ajouter de la sauce, donner de la brillance sont autant d’astuces pour rendre une recette visuellement plus attractive.

Il ne faut pas non plus hésiter à jouer avec la nourriture pour donner vie à la scène. Mordez dans un biscuit, tranchez un coulant, entamez une crème vanille, enroulez des spaghettis sur une fourchette, etc…

Comment s’organise le stylisme culinaire autour de la photo ?

VF: Chaque séance photo est différente. Il y a certains plats qui peuvent tout à fait attendre et d’autres non. Il faut donc s’adapter et préparer sa scène et ses accessoires en amont.

Le plat va bien évidemment être le point de départ de la construction de ma scène. Je réfléchis au style que je vais donner : campagnard, coloré, lumineux, épuré… Je m’inspire de la recette, je réfléchis comment la mettre en valeur, dans quel contexte je l’ai cuisiné. À partir de là, je compose ma scène en choisissant mes accessoires, ma vaisselle, toujours en gardant une harmonie dans le style.

Par la suite, au moment de la séance photo, je joue beaucoup avec la lumière, je la déplace par rapport à ma scène pour avoir des résultats différents.

(c) Virginie Fouquet alias chefNini

Pour vous, qu’est-ce qu’une photographie culinaire réussie ?

VF: Une photo culinaire réussie, selon moi, est une photo qui va immédiatement me donner envie de passer aux fourneaux. Une belle lumière, une jolie mise en scène, de jolies couleurs. Ce sont des critères qui comptent beaucoup. Je suis moins attirée par les photographies “studio” trop propres, trop statiques. Elles peuvent être très jolies mais elles ne reflètent pas l’authenticité de la recette et le plaisir que la personne a pris en cuisine. Tout cela est bien évidemment très subjectif.

Quelles sont vos astuces pour réussir sa photo culinaire ?

VF: Il est primordial de faire attention à la lumière. Je photographie uniquement à la lumière du jour. Je déconseille de photographier le soir, à la lumière artificielle. Les couleurs seront jaunies, les ombres marquées. Le résultat ne sera pas naturel, ni appétissant.

Quand on débute en photographie culinaire, je conseille de commencer par des mises en scène simples et de faire attention au choix de la vaisselle. Il faut garder une harmonie dans le style, dans les couleurs. Ne pas en faire de trop, c’est la clef pour un débutant.

La photographie est-elle une forme d’art culinaire ? Pourquoi ?

VF: La photographie est avant tout un art à mon sens. L’image est partout, à la télé, dans les livres, sur les affiches publicitaires, sur les packagings. Pourriez-vous vous intéresser à un magazine ou un livre de recettes s’ils ne contenaient aucune image ? N’est-ce pas l’image culinaire qui va vous inciter à acheter tel ouvrage, n’est-ce pas l’image culinaire qui va vous inciter à passer en cuisine ?

La photographie est là pour mettre en appétit, pour attirer le regard, pour donner envie, au même titre qu’un chef va apporter un soin particulier à l’esthétisme et à la présentation de son plat.

Visuels : © Virginie Fouquet alias chefNini