Patrice Lucine : « Chaque secteur de pêche a son produit phare. »

La famille Lucine est étroitement liée à la mer et au Cap-Ferret. Pêcheurs de père en fils, les Lucine revendiquent leur terroir arcachonnais au travers de leurs produits ; huîtres, soles, rougets, mules, bars, daurades royales sont pêchés quotidiennement dans le bassin par les frères Lucine embarqués sur le « Puma » et le « Paul-luce ». Entretien avec Patrice Lucine, à la tête de la poissonnerie du même nom, passionné du beau produit…

(c) Poissonnerie Lucine

Quelle est l’histoire de la création de la poissonnerie Lucine ?

Patrice Lucine : Nous sommes trois générations de pêcheurs dans ma famille, de père en fils. Mon père a eu cinq garçons et des cinq, je suis le seul qui a fait autre chose que la pêche. J’ai ouvert en 1982 une petite poissonnerie au Cap-Ferret. Cela fait maintenant 30 ans que cette poissonnerie existe au pied du phare. Nous en avons ouvert une autre à Mérignac. Tous mes frères pêchaient, donc j’achetais du poisson à mes frères, chaque frère ayant sa zone et sa méthode de pêche. En plus d’acheter du poisson à mes frères, j’achète du poisson aux pêcheurs du bassin, à la criée d’Arcachon et dans quelques autres villes de France. Je vends de préférence le poisson de la pêche du jour pris sur des petits bateaux.

(c) Poissonnerie Lucine

Vous limitez-vous uniquement au poisson pris dans le bassin d’Arcachon ?

PL : Non, j’achète par exemple du merlu de ligne et du thon de ligne à Saint-Jean-de-Luz. J’achète du maigre, des langoustines vivantes et du bar de ligne à la criée de La Cotinière et à Royan. Ce sont des criées qui vendent des poissons du jour quotidiennement. J’achète tous les poissons fins à La Cotinière ou Royan. Les langoustines, par exemple, je les prends aux criées du soir comme ça j’ai des langoustines qui sautent sur l’étalage le lendemain matin ! Plus au nord, je me fournis à Guilvinec, Concarneau ou Roscoff pour des crustacés et des poissons un peu moins nobles comme le cabillaud, le lieu, la lotte.

(c) Poissonnerie Lucine

Vous ne proposez que du poisson sauvage sur vos étals ?

PL : Oui, je ne sers que du poisson sauvage sauf un poisson d’élevage, qui est le Saumon d’Ecosse Label Rouge, que j’achète directement dans une ferme en Ecosse.

Quels sont les produits que les clients préfèrent pendant la période estivale ?

PL : Tout ce qui est à griller ! Tout ce qui peut se faire à la plancha, au barbecue. Les poissons entiers comme le bar, le maigre, les mules, ou des poissons pêchés dans le bassin d’Arcachon. Des émincés aussi, de thon ou de saumon par exemple. On fait également beaucoup de plateaux de fruits de mer. Je travaille exclusivement avec des huîtres du bassin d’Arcachon et je fais aussi quelques huîtres spéciales de Marennes-Oléron. Nous avons une clientèle sur le Cap-Ferret qui nous demande des huîtres haut de gamme. Nous combinons ces plateaux composés avec des bulots, des bigorneaux, des coquillages tels que les praires, les palourdes du bassin, des langoustines de La Cotinière ou des crevettes de Madagascar Label Rouge. D’ailleurs, notre écailler qui prépare les plateaux de fruits de mer a été sacré Champion de France des Écaillers et il part cette année au Championnat du Monde 2013 !

(c) Poissonnerie Lucine

Des produits labels rouges, des poissons issus de la pêche quotidienne… La qualité est-elle le moteur de la Poissonnerie Lucine ?

PL : Oui, tout à fait. Surtout que les clients ne se trompent pas. Nous avons une véritable clientèle de connaisseurs sur le Cap-Ferret et sur le bassin d’Arcachon. Habitant au bord de mer, les gens sont habitués à avoir de beaux produits, quel que soit le produit. Ils connaissent le poisson et il ne faut pas se tromper. On essaie d’être un gage de qualité pour le client.

(c) Poissonnerie Lucine

Pensez-vous qu’il est important que les artisans mettent en avant la région et le terroir à travers leurs produits locaux ?

PL : Bien sûr. C’est le charme de tous ces bords de côte. Les soles, les rougets, les mules, les bars, les daurades royales et les huîtres proviennent du bassin d’Arcachon. C’est évident qu’il faut les mettre en avant. Chaque produit régional a un goût particulier et les gens en sont amateurs, ils apprécient énormément ces caractéristiques. En Charente, il y a les huîtres de Marennes-Oléron, les langoustines de La Cotinière ; au Mont-Saint-Michel on retrouve les moules de bouchot ; en Bretagne les homards, les tourteaux et les langoustes … Chaque secteur de pêche, chaque région a son produit.

Visuels : © Poissonnerie Lucine

Poissonnerie Lucine
5 rue Forestière
33970 LE CAP-FERRET
05 56 60 47 07

Côté Plage : Le Cap Ferret

Cet été, les Rendez-vous des Arts Culinaires font le tour de France des plus belles plages ! De Deauville à l’île de Ré, du Cap Ferret à Saint-Tropez, nous irons chaque semaine à la découverte d’une ville côtière française ! Chaque étape sera l’occasion d’explorer la région, rencontrer les artisans et les grands chefs, déguster les spécialités culinaires et retenir les plus belles adresses… Direction l’extrémité sud de la presqu’île de Lège-Cap-Ferret en Gironde, à la découverte du Cap Ferret…

(c) Mairie du Lège Cap Ferret

3000 ans d’histoire géologique : c’est le jeune âge de la presqu’île du Cap Ferret, formation la plus récente de la côte gasconne. Le sous-sol, comme c’est le cas dans le reste des Landes de Gascogne, est composé d’une couche de grès qui résulte de la cimentation des grains de quartz entre eux. Cette cimentation est due à la décomposition de l’argile en présence de fer et de matière organique : la couche d’Alios. L’eau qui ruisselle dans les nappes phréatiques est alors très chargée en fer. Lorsqu’elle débouche sur la plage, elle provoque des traînées oxydées aux couleurs de rouille. Ce phénomène est à l’origine du nom « Cap Herré », la « pointe de fer » en gascon, qui avec le temps et les changements sémantiques est devenu le Cap Ferret.

Au XIXe siècle, la pointe n’est occupée que de façon temporaire. Quelques pêcheurs décident de s’installer dans d’autres endroits de la presqu’île. Les pêcheurs de La Teste et de Gujan viennent en pinasse (embarcation typique du bassin d’Arcachon, longue, étroite, à l’avant très relevé et traditionnellement en bois de pin des Landes) pour traquer les poissons à l’entrée du bassin. Pour pouvoir accoster plus facilement par un chenal, ils érigent quelques cabanes de fortune sur les plages. Protégés par la pointe du Cap Ferret, les pêcheurs étaient à l’abri des vents d’ouest et à proximité des bancs de poissons.

(c) Mairie du Lège Cap Ferret

Une douzaine de cabanes sont déjà présentes sur les plages à proximité du phare en 1857. C’est la naissance du fameux « Quartier des Pêcheurs ». La seconde moitié du XIXème siècle voit l’arrivée de fonctionnaires, de douaniers, de gardiens de phare et d’employés forestiers qui rejoignent la population de pêcheurs déjà installés.

Napoléon III décide de généraliser l’ostréiculture à partir de 1860. Des parcelles ostréicoles sont vendues et installées sur les estrans vaseux du bassin. A cette période charnière, l’ostréiculture, la sylviculture (développement, gestion et mise en valeur d’une forêt ou d’un boisement) à travers le gemmage (récolte de la sève de pin), puis le tourisme s’imposent comme moteurs forts du développement du paysage économique local.

(c) Mairie du Lège Cap Ferret

Du fait de sa difficulté d’accès, la presqu’île du Cap Ferret est longtemps restée un lieu peu fréquenté et difficilement fréquentable par d’autres qu’une poignée de pécheurs et de chasseurs passionnés. C’est dans ce contexte que s’est développée une certaine « culture d’aventuriers », des hommes rudes, peu enclins au dialogue et ayant peu de comptes à rendre. Cet état d’esprit a perduré et coexiste encore aujourd’hui avec une activité touristique de plus en plus développée. Le temps d’un week-end ou de quelques jours, le touriste aime se transformer en « pied-noir » – expression retenue par certains pour qualifier une forme de liberté conservée ici, car il est de coutume de marcher nu-pieds.

Le Cap Ferret est aujourd’hui l’une des stations balnéaires les plus touristiques de la côte Atlantique. Par sa situation géographique originale, les paysages se succèdent et rivalisent de beauté : d’un côté les paysages du bassin d’Arcachon, de l’autre les vagues et l’immensité de la Côte d’Argent et à la pointe, où s’effectue la jonction entre le bassin d’Arcachon et l’océan Atlantique, la dune du Pyla et le banc d’Arguin.

(c) Mairie du Lège Cap Ferret

Côté gastronomie, la spécialité du bassin d’Arcachon est la Crassostrea Gigas, une huitre creuse typique du bassin. D’une saveur et d’une fraîcheur incomparables, l’huître est également classée parmi les meilleurs aliments d’origine animale, car elle apporte sous un faible volume l’ensemble des éléments indispensables à notre métabolisme : Sels minéraux (fer, calcium et iode à forte dose), vitamines, glucides, protéines et lipides (faible cholestérol et bons acides gras polyinsaturés).

Côté dégustation, les grands amateurs de belles huitres fraîches les apprécieront au naturel, accompagnées d’un trait de citron et de pain de seigle beurré. Une crépinette bien grillée entre deux huîtres redonnera au plat ses couleurs locales. Plus gastronomiques, les recettes d’huitres chaudes : un jus d’huitres accompagnant une daurade royale en tartare, des ballotins d’huitres pour sublimer un filet de loubine au vin de graves, des huîtres chaudes glacées au champagne ou des petites brochettes de gambas et d’huîtres au beurre de poireaux. Les associations sont infinies ! En saison touristique, les ostréiculteurs et pêcheurs proposent de les suivre sur leurs pinasses à la découverte des parcs ostréicoles puis de déguster leurs productions directement à la cabane.

(c) Mairie du Lège Cap Ferret

Nature, simple, serein le Cap Ferret est l’occasion idéale de passer des vacances la tête au repos et les pieds dans l’eau…

Visuels : © Mairie du Lège Cap Ferret