Il Carpaccio, l’Italie en plein cœur de Paris

Les chefs cuisiniers des deux restaurants du Royal Monceau peuvent être fiers : ils viennent tous deux d’obtenir une étoile au Guide Michelin 2013, un fait rare pour deux restaurants issus d’un même établissement. Avec cette reconnaissance, Il Carpaccio devient le seul restaurant italien étoilé de Paris. Reportage au cœur du Royal Monceau…

Dwight David Eisenhower, Winston Churchill, Maurice Chevalier, Walt Disney, Coco Chanel, Ernest Hemingway, Joséphine Baker, Joseph Kessel, Hô Chi Minh ou encore Michel Polnareff, Madonna, Michael Jackson, Robert de Niro et Christina Aguilera – de nombreux artistes, célébrités et intellectuels ont, au moins une fois dans leur vie, goûté au plaisir d’un séjour au Royal Monceau.

Inauguré en 1928, cet hôtel de luxe parisien, situé dans le 8ème arrondissement, a été fondé par Pierre Bermond et André Jugnot, deux personnalités connues pour avoir créé notamment Le Carlton de Paris et le Miramar de Cannes et est devenu, au fil des années, un lieu incontournable. Racheté par le Qatari Diar en 2007, le Royal Monceau a fermé ses portes deux ans durant pour une cure de jeunesse, et s’est laissé intégralement transformer par les mains de Philippe Starck, designer de renom.

Réputé pour son cadre, son service et son emplacement, le Royal Monceau l’est également pour sa gastronomie: ses deux restaurants, La Cuisine et Il Carpaccio viennent tous deux d’obtenir une étoile au Guide Michelin 2013. Il Carpaccio, restaurant italien piloté par le chef Roberto Rispoli, est d’ailleurs, suite à l’obtention de cette reconnaissance, devenu le seul restaurant italien étoilé à Paris.

Le long couloir qui mène à Il Carpaccio est ponctué de longs et légers rideaux qui laissent entrevoir les salons de l’hôtel. A l’entrée du restaurant se dresse un couloir de dix mètres orné de milliers de coquillages, oeuvre de l’artiste Thomas Boog, évoquant les nymphes de la renaissance italienne, loin des peintures murales florentines et des imposantes statues romaines.

La décoration se veut élégante sans jamais être ostentatoire. L’atmosphère et l’ambiance d’une Italie contemporaine se retrouve dans tous les détails du décor signé Philippe Starck. L’inspiration de style baroque se reflète dans les œuvres de l’artiste Thomas Boog: tapis aux motifs de moules et d’huîtres, carrelage bicolore, chandeliers et un mur de dix mètres de long recouverts de bigorneaux…Les coquillages et les coraux sont pour l’artiste une source d’inspiration intarissable. En collaboration avec Philippe Starck, l’artiste contemporain a créé des variations poétiques enrichissant la palette de l’évocation de l’Italie. Les chaises du Il Carpaccio proviennent de la maison Drucker, la première à importer du rotin d’Asie en France. Pour le Royal Monceau, Drucker a travaillé les sièges du restaurant italien, sur un mélange de couleurs composé de bordeaux, de blanc, de noir et de verre d’eau.

La vaisselle en porcelaine dorée est décorée de photographies miniatures des plus grands monuments historiques italiens : la Tour de Pise, le Duomo de Florence, la Vatican à Rome. Ces mêmes photographies se retrouvent sur les abat-jour, créant cette impression d’être enveloppé par l’Italie. Même le linge de table blanc, signé Quagliotti, en double fil retors chaîne et trame et à la finition parfaite, fait écho au savoir-faire irréprochable des artisans italiens.

Les couverts choisis pour le restaurant Il Carpaccio sont issus de la collection Guéthary par Puiforcat, aux lignes Art Déco. L’originalité de ces couverts réside dans les matériaux employés. Un acier massif argenté, plus dur et résistant que l’habituel maillechort. La lame facettée au tranchant parfait, montée à la main, fait quant à elle honneur au passé de coutelier de la maison. Avec un polissage complexe à réaliser, le résultat, tout dans l’épure, n’en est que plus étincelant.

En termes de gastronomie, celle du Il Carpaccio est gourmande et sophistiquée, basée autour de produits ultra-frais et de recettes traditionnelles venues de toutes les régions d’Italie. Adaptant sa carte selon les saisons, le chef Roberto Rispoli a souhaité capturer l’essence de l’Italie dans ses créations tout en lui apportant une touche de cuisine à la française. Pour les palais plus sucrés, Pierre Hermé s’est chargé de réinterpréter les desserts classiques italiens : le Tiramisu se pare d’une gelée de café et d’un biscuit à la fleur de sel, la Pannacotta s’orne d’un granité au chocolat blanc et de fruits rouges écrasés et les Gnocchis se dégustent tièdes, agrémentés d’agrumes, de vanille et de basilic.

Par la fenêtre de la veranda l’on aperçoit la terrasse, petit Eden au cœur de la ville, véritable échappatoire pour celui qui sait s’y arrêter. Certes les arbustes n’ont pas encore enfilé leurs tenues printanières, mais il n’est pas difficile d’imaginer la verdoyance et le charme du lieu sous les premiers rayons de soleil. C’est l’artiste paysagiste Louis Benech qui a pensé ces jardins qui évoluent et s’adaptent au fil des heures et des saisons.

Un lieu emblématique, une décoration sophistiquée et contemporaine inspirée des plus grands artistes italiens, un chef talentueux qui revisite les saveurs de son enfance, Il Carpaccio est un grand restaurant italien au coeur de Paris, les pieds dans la Capitale et la tête dans son étoile …

Visuels: © RDV Communication; Le Royal Monceau.

Bruno Richard : « Quagliotti est dans la différence, non dans la concurrence »

Bruno Richard est un grand passionné. Passionné du beau produit, de la qualité d’une trame, de la finesse d’un coton peigné, de la suavité d’une teinte. Spécialiste sur l’éponge depuis trente ans avec la société Bailliencourt, professionnel du linge de maison «double fil retors chaîne et trame» avec Quagliotti, Bruno Richard se démarque par son savoir-faire. Rencontre avec un expert technique, esthétique et perfectionniste des intérieurs haut de gamme…

Quel est votre cœur de métier?

Bruno Richard: Bailliencourt est l’associée de Quagliotti, tisseur et producteur de tissus italiens, situé dans le Piémont, à quinze kilomètres d’Alba. Quagliotti est l’un des seuls producteurs qui possède un savoir-faire dans le tissage, notamment dans la construction de produits faits en double fil retors, en chaîne et en trame. Cette technique donne un aspect incomparable aux produits. Tout le monde a les mêmes machines mais il y a une patte à part que nous utilisons dans la finition du produit. Toutes les finitions, les « pipings », sont coordonnées, les satins de coton sont trempés dans les mêmes bains de teinture que les tissus, les ourlets sont parfaits, les contrastes élégants et dans les mêmes couleurs. Nous avons un savoir-faire qui date d’une centaine d’années et en cela, nous sommes uniques.

Quelles matières premières utilisez-vous?

BR: On utilise deux provenances de coton : un coton qui vient d’Egypte, qui est un coton peigné longues fibres, qualité Maco, et un autre coton qui vient du Pérou, qui s’appelle coton Pima, très utilisé pour faire des chemises en popeline très haut de gamme. Notre coton est ensuite filé, tissé, puis teint, soit en pièce, soit en fil. On est sur un produit très pointu, très exclusif.

Le tissage varie-il d’un produit à l’autre ?

BR: Bien sûr. La construction est différente. On doit donc ajuster les métiers (ndlr. à tisser) et changer quotidiennement le nombre de fils en trame et en chaîne quand on monte les métiers selon les différents produits. Quagliotti produit également des tissages selon la méthode Jacquard, du nom de son inventeur français, qui permet de faire des inserts et des reliefs dans le tissu. Traditionnellement, les métiers utilisaient des cartes perforées: on faisait la carte du dessin, avec des piquages, à l’image des cartes utilisées dans les Orgues de Barbarie, et en fonction de la chaîne et de la trame, on obtenait des dessins. Aujourd’hui, les techniques sont automatisées mais le résultat est traditionnel.

Ces techniques traditionnelles de tissage trouvent-elles leur place dans les styles de vie d’aujourd’hui ?

BR: On a un style qui est devenu contemporain depuis sept à huit années. Nous sommes les seuls à faire des produits très contemporains en linge de maison. Nous n’avons rien de vraiment très classique. Nous avons, en parallèle du linge de maison, développé une ligne d’éponge et de peignoirs, de sortie de bain, avec des coupes créées par des designers à Milan. Des produits de «Home Interior», très légers, qui correspondent à la vie d’aujourd’hui. On équipe des villas, des appartements, des maisons, des hôtels très haut de gamme et on s’est beaucoup développés ces dernières années dans le «yachting». On équipe donc beaucoup de bateaux de 60 à 140 mètres, cabine par cabine. Avec tout le linge de lit et le linge de bain, on peut équiper toute la chambre. Mon associée Judith et moi-même sommes positionnés très en avant des clients et nous faisons souvent les installations. Notre savoir-faire, c’est également notre conseil, mais c’est un métier difficile. Nous rentrons dans l’intimité des gens, nous les conseillons et nous travaillons en cohésion avec les propriétaires ou les décorateurs. On est la solution industrielle textile pour ce genre de secteur d’activités. On apporte des solutions techniques que les clients ne connaissent pas forcément.

Comment intégrez-vous des produits dans un intérieur ?

BR: On est comme un architecte qui s’occupe d’un environnement et créé un projet. On est toujours en phase avec le décorateur. Dans chaque environnement, on fait des décors différents. Il n’y a pas de standard. Nous adaptons tous nos produits en fonction des lieux. Pour le Ritz Paris, par exemple, on a fait les 180 chambres, les salles de bains, les nappages et toute la collection Ritz Boutique. Nous avons fait les produits un par un, pour une clientèle très exigeante. Quand on travaille avec Hermès, on fait de l’Hermès. Pour Hermès d’ailleurs, on a fait des Twill soie et coton, et on développe actuellement une collection. On propose ainsi une « Histoire de Soie » avec un drap soie-coton qui a une très belle durée de vie et correspond complètement à leur image. Quand on travaille avec Gucci, on fait du Gucci. On travaille également pour Louis Vuitton, pour Fendi et pour Missoni, et on leur construit des produits. On travaille avec des designers des différentes maisons. Eux nous donnent leur voix, on les écoute, et on essaie de construire un produit qui leur correspond, tout en apportant le côté technique. Le décorateur a de très bonnes idées mais il est plus dans l’esthétique; nous sommes dans la technique et le savoir-faire. Nous voulons que les produits durent, qu’ils aient zéro défaut, qu’ils soient parfaits. On ne peut pas se permettre de faire des produits qui ne correspondent pas à ça. Notre métier c’est de construire des tissus pour des designers et pour un environnement.

Ce savoir-faire, cette qualité du tissu, rendent-ils les clients dépendants aux produits ?

BR: Oui, tout à fait. Par leur construction et leur renouvellement régulier, nous faisons de nos produits des produits sensuels. Quand vous dormez dans nos draps, vous revenez ! Pourquoi ? Parce-que le produit est différent. C’est pour cela que nous nous positionnons dans la différence et non la concurrence. On a un produit que les clients redemandent en particulier : Smeraldo. Il est tissé en 120a2, c’est-à-dire que c’est un tissage fait à partir d’un fil au numéro métrique très fin. Il y a donc beaucoup de fils dans la chaîne et dans la trame, ce qui en fait un tissu comme une seconde peau. Ce tissage a une construction phénoménale. J’ai créé ce produit il y a vingt ans et j’ai décidé de le refaire cette année en le rendant plus contemporain en revisitant les couleurs et en ajoutant des rayures. Et le produit trouve une nouvelle jeunesse.

Comment faire, justement, pour que les produits gardent leur jeunesse éternelle ?

BR: On fait un produit que l’on estime abouti. En revanche, il y a un maillon de la chaîne, vis-à-vis du consommateur, que l’on ne maitrise pas: le lavage. Dans le lavage, et on le remarque avec l’hôtellerie, on voit de tout. Et il y a des gens capables du meilleur comme du pire ! Le lavage est un peu l’ennemi de notre produit. Bien que l’on donne des conseils d’entretien très pointus pour éviter d’altérer les fibres, il est difficile de respecter ces conseils, dans l’hôtellerie en particulier. Il y en a qui vont faire 50 lavages sur un produit ; nous on va en faire 100. Nous sommes plus chers au départ mais nous avons produit qui dure plus et qui ne réserve aucune mauvaise surprise. On a des retours positifs de la part des utilisateurs. Chaque produit a reçu des analyses techniques. On étudie par exemple le degré de polymérisation de la cellulose, qui rentre dans la composition du coton, et après on fait des tests techniques et chimiques sur nos produits, comme le test des cendres (ndlr. Savonnage à la cendre), pour que le consommateur ait, entre le premier lavage et le vingt-cinquième lavage, un produit de qualité identique. Notre philosophie est d’avoir un produit qui résiste au fil du temps et on s’engage sur cette durabilité. Tous les jours on progresse, tous les jours on s’enrichit de plein de choses, et on peut toujours faire mieux. Je suis très exigeant sur les détails, sur tout. On a un œil expert maintenant . C’est notre métier.


Comment réussissez-vous à vous renouveler ?

BR: Les produits de linge de maison sont des produits qui vivent, qui bougent. Avec l’un de nos partenaires de l’Himalaya, on a fait des couvre-lits en yack, animal qui se trouve à 5000 mètres d’altitude, dans les montages de l’Himalaya et on a fait la teinture qui correspond à nos produits existants pour que tout soit en harmonie. Nous travaillons en ce moment avec une société suisse, Elite Bed, un fabriquant de lits où tout est fait à la main dans les ateliers suisse. On a créé notre lit, avec nos produits, nos tissus, notre « piping ». Aujourd’hui, notre philosophie est d’apporter à un décorateur une chambre ou une suite complète: il y aura le lit, que l’on dressera avec les draps, les taies et les couvertures, les plaids et on s’occupera ensuite de la salle de bains avec les draps de bain et les peignoirs. Nous allons vers des projets globaux qui nous correspondent, qui sont à notre image.

© RDV Communication

Maison et Objet, un salon bien « Vivant »

Charme à la française, luxe à l’italienne, épuré à la scandinave, opulence à l’orientale… Tous les styles, les tendances et les ambiances se retrouvent au Salon professionnel Maison & Objet. Reportage au cœur de la création « Made in Home ».

Rendez-vous incontournable des professionnels de la mode de la maison, de la décoration intérieure et de l’art de vivre, le salon Maison & Objet à Paris Nord Villepinte rassemble à chaque édition plus de 3100 exposants, fabricants de meubles, architectes, créateurs et artisans de 137 pays différents et attire près de 87 000 visiteurs. Lieu de présentation des dernières nouveautés et tendances, le salon Maison & Objet est également un lieu de création et d’innovation en matière de design et de décoration haut de gamme.

Le salon explore, dans ses collections printemps-été et automne-hiver, tous les secteurs de la maison dont le luxe, le design, l’architecture d’intérieur et les accessoires de maison, et présente les dernières tendances en matière d’ameublement, de décoration intérieure, d’arts plastiques, d’accessoires de mode et de maison, d’arts de la table, de linge de maison et de solutions d’aménagement.

A la recherche d’un mode de vie plus harmonieux, ancré dans le réel, en opposition avec notre monde de plus en plus dématérialisé et virtuel, le salon a cette année pour thème, le «Vivant». L’art de vivre aspire au mieux-vivre, la création se fait désormais « bio-inspirée », les matériaux sont organiques et épurés, la nature reprend le dessus dans l’univers de la maison qui devient à son tour un véritable organisme vivant et mouvant.

Nous débutons notre visite de cette édition 2013 du salon Maison & Objet avec le « Parcours d’Inspirations », trois expositions qui permettent aux visiteurs de (re)découvrir le thème du vivant et de la nature.

La première, « Nourritures Premières », est consacrée aux aliments primaires : pain, lait, miel, légumes et viande. Ces nourritures originelles deviennent alors l’inspiration des créateurs et prennent une forme autre entre leurs mains. Ainsi, le pain se métamorphose en assiettes et couverts, le sel devient abat-jour, le lait se fige en photographie.

Deuxième exposition, « Renaiscience », ode à la nature passée au microscope, sorte de laboratoire de l’étrange, entre métamorphose et renaissance. Tubes à essais transformés en photophores, trombones devenus chandeliers, chaises inspirées d’assemblages moléculaires, les installations éphémères de « Renaiscience » secouent la routine et donnent aux objets des formes et fonctions belles et bizarres, explorant les confins de la création.

« Pionnier » est la dernière exposition et reconsidère les modes de vie et les comportements à travers des objets plus durables. « Pionnier » incarne une énergie physique, où chacun ressent le besoin de se connecter au vivant, où les objets se recyclent et se réparent, où les frontières entre neuf et ancien se floutent, où la proximité se substitue à la grande échelle et où la simplicité de l’échange règne en maître.

C’est en emportant la réflexion sur le « Vivant » que nous nous enfonçons dans le dédale d’allées du Parc des Expositions de Paris Nord Villepinte, direction l’espace Ethnic Chic, tour du monde de l’artisanat. Travail des matières nobles, comme le bois, le cuir, les peaux et les fourrures, accessoires faits à la main, tables et chaises en fer recyclé de bidons, toute la « World Déco » est rassemblée en un espace. Le savoir-faire mondial s’expose fièrement, qu’il soit concrétisé par des portes décorées de Chine, des meubles importés d’Inde, des casques de Samouraï, des bijoux du Brésil faits en « Golden Grass », des tissages et accessoires Singapouriens d’Artisans, des vêtements du Népal ou par des mètres carrés de tapis turcs recyclés.

Ethnic Chic c’est également un voyage sensoriel et temporel. Sensoriel, car chacun des cinq sens est sollicité pour découvrir et véritablement apprécier chacune des pièces présentes au salon : le travail du cuivre et de diffusion de la lumière dans les créations d’Hollander, l’utilisation novatrice et urbaine des appliques en acier de Marie Baratte, les services à thé dessinés et faits à la main.

Temporel, car l’Ethnic Chic laisse une place de choix aux intérieurs d’inspiration coloniale, aux sacs à mains, accessoires et bijoux estampillés « L’Indochineur », à l’art de Via Pondichery, aux fleurs en tissu d’Adornment ou aux créations géantes de Aangenaam XXL.

Ce sont les textiles en tous genres qui prennent le relai sur l’Ethnic Chic. Les plus grandes maisons sont d’ailleurs réunies pour l’occasion et exposent avec passion leurs produits emblématiques : l’opulence animalière de Roberto Cavalli, les rayures signature de Sonia Rykiel, l’art du tissage de Kenzo, le savoir-faire de Quagliotti.

Ici se trouvent tous les représentants du « Bed, Bath and Fashion », des peignoirs en soie au linge de maison en coton égyptien, des serviettes colorées pour les enfants aux coussins décoratifs pour l’intérieur, du tweed classique anglais au luxe à l’italienne.

Direction ensuite les arts de la table où les Italiens Guzzi, Alessi et Bugatti côtoient les classiques de Laguiole, Revol ou Mauviel.

Les ateliers de découverte et de dégustation se succèdent : les arômes naturels, huiles, sirops et confitures de Crazy O prennent vie, la fourchette Handy© anti-roulis fait son show, les lunch-box Bento en convainquent plus d’un et le porte-couteau « Fakir » ne laisse aucun cuisinier insensible. Ici, la création s’exprime librement, les inventions en tous genres se perdent dans l’immensité du choix et tous les objets, qu’ils soient fonctionnels ou décoratifs, deviennent des objets d’art culinaire.

Après une courte pause et une baguette sur le pouce, c’est vers la décoration intérieure que nous mènent nos pas. Le savoir-faire de chaque artisan se traduit dans les luminaires, les accessoires, les meubles et les décorations de table.

Quelques rencontres se font insolites, comme les tables de jeux en cuir de crocodile ou les « Objets de Curiosité », instants de nature capturés et mis sous verre.

 

S’en suivent les accessoires de maison en tous genres, de la nouvelle ligne cosmétique de Durance à l’huile d’olive bio, aux décorations florales de la collection Samion, sans oublier les parfums d’intérieur des plus grandes maisons, telles que Christian Lacroix.

C’est sur un feu d’artifice de luxe et de beauté que se termine la visite de cette édition 2013 de Maison & Objet. Daniel Echter, Kenzo Maison, Ralph Lauren, Armani Home, le Thé Mariage Frères, Rina Menardi, le verre de Murano, le Crystal Baccarat et Haviland-Daum, entre autres, se servent, à perfection, de la décoration intérieure comme prétexte à la création et à l’innovation.

Même si à Maison & Objet chacun apporte sa touche d’innovation, de création et d’originalité, tous semblent avoir usé du fil rouge du salon pour explorer à leur tour cette idée du « Vivant ». La tendance cette année est véritablement une ode à la nature.

Les matières recyclées, les matières « vivantes », comme le bois, la laine et le cuir font un retour prononcé. La tendance est également à l’association du beau et de l’utile et à la revalorisation d’objets anciens, également présente dans la mode du vintage, ces objets devenant des phœnix de l’art de vivre, renaissant continuellement de leurs cendres.

Après l’apocalypse en 2012, serait-ce donc la (re)naissance de l’art de vivre en 2013 ?

Visuels : © RDV Communication

Vincent Rozenberg: « Grâce aux décorations florales, les tables peuvent se décliner à l’infini »

250 000: c’est le nombre d’espèces végétales qui produisent des fleurs. Les fleurs ont également leurs codes, leur langage et sont souvent porteuses de messages. René Veyrat Event, nouvelle entité du célèbre fleuriste René Veyrat, explore cette richesse florale en proposant des décorations personnalisées haut de gamme aux entreprises, aux hôtels, aux commerçants et aux particuliers.

Pour les Rendez-vous des Arts Culinaires, René Veyrat Event a décliné chaque pays mis à l’honneur en fleurs, créant une véritable harmonie entre le nappage, les décorations florales et la vaisselle. Entretien avec Vincent Rozenberg, l’artiste fleuriste de l’évènement.

Quelles ont été vos diverses inspirations pour chaque table du Rendez-vous des Arts Culinaires?

Commençons par le Japon. Pourquoi être partis sur les orchidées? Car ces fleurs ont une connotation très japonisante, asiatique. On a choisi ces vases aussi parce qu’ils étaient incurvés, donnant un côté vraiment très élancé à la composition, et puis on les a imbriqués les uns dans les autres. Le noir des vases n’était pas forcément voulu mais il s’est finalement bien mélangé avec les assiettes, qui avaient un petit côté écaille.

On a également rapporté un fil métallique or et brun pour rechercher le côté écaille avec le marron et le liseré or des assiettes. Après on a rajouté des baguettes pour créer cet effet de mikado et renforcer ce côté asiatique. On voulait un ensemble de base qui soit cohérent et qui soit tout en superpositions. On a donc joué sur les hauteurs et le relief sur la table.

Pour l’Angleterre, c’était beaucoup plus facile car les assiettes étaient déjà très fleuries. J’imaginais une « Lady » anglaise, comme l’une de mes clientes, avec une table où tout un tas de petits objets lui donnent un caractère romantique. La rose anglaise a été choisie pour renforcer cette ambiance romantico-anglaise, très caractérisée par ce type de table. Nous avons sélectionné différents types de roses qui s’accordaient bien pour renforcer ce côté fleuri. Si on n’avait pris qu’une seule variété de fleurs, ça aurait été un peu plus fade, surtout que les assiettes étaient très fleuries.

On a joué avec des bonbonnières en verre et en partenariat avec Haviland, nous avons eu des verres Royal de Champagne de différentes tailles pour vraiment avoir l’impression d’une table de grand-mère faite de plein de choses, d’éléments qui sont amassés, qui font partie de la vaisselle de la maison et qui sont placés sur la table.

Pour ce qui est de l’Espagne, on est partis sur un fil conducteur avec la nappe ocre et orangée de Quagliotti: le côté méditerranéen représenté par le piment. On est partis sur des physalis, car ils donnent cet aspect piment mais plus relevé en terme de couleur, et sur les piments, qui sont orangés et étaient assortis à la nappe.

On a également choisi des branches qui vont graviter autour de ces compositions, pour que là aussi il y ait une liaison avec les plats de risotto à couvercle d’Haviland. Ces plats m’ont inspiré pour faire une corolle de piments, tantôt le pointu du piment sorti, tantôt la tige du piment qui ressort. Il y a également une variété d’orchidée, le gloriosa, une fleur assez volatile, légère, volubile, qui tourne autour des branchages et autour des plats. On est dans quelque chose d’un petit peu plus contemporain, très différent des deux premiers jours. Le but du jeu c’est qu’on ait des ambiances qui soient diverses, afin de montrer qu’une table se décline à l’infini.

Sur l’Italie, nous sommes partis sur un fil conducteur précis: l’olivier. Dans les grands vases, on avait de grands branchages d’olivier, c’était très simple. On voulait de la couleur et on est partis sur une variété d’orchidées jaunes miniatures, sur quelque chose d’assez fluide.

J’avais pensé faire comme un feuilleté, avec des fleurs qui vont sortir de manière très légère. L’olivier étant gris et argent, avec les fleurs jaunes on est allés rechercher la nappe, également jaune. La vaisselle était moins marquée sur cette table, il était donc plus facile de relever et de rajouter du tempérament par les fleurs.

Avec la dernière table, la France, et plus précisément la Bretagne, c’était une évidence qu’il fallait utiliser des hortensias. On est partis sans contenant, pour dérouter un petit peu. On n’avait que des boules d’hortensias de différentes tailles, qui sont directement posées sur la table.

On est allés rechercher le thème des assiettes aux teintes de bleu et de parme, avec des nuances de fleurs bleues, bleu étain et vert. A travers cette dernière table, on a vraiment essayé d’incarner la Bretagne.

Comment avez-vous pensé chaque ambiance?

Nous avons eu des rendez-vous au préalable avec Haviland et Quagliotti. On était donc au courant des nappages et de la vaisselle, et on a essayé de surfer avec tous ces éléments. Pour certaines tables, les fils conducteurs partaient plus les assiettes; pour d’autres, c’était la nappe qui a donné le ton de couleurs. Mais en fait, tout est imbriqué, l’un ne va pas sans l’autre. Même dans le travail de recherche, nous avons été intimement liés avec Haviland et Quagliotti. Ils m’ont à chaque fois demandé mon avis par rapport aux assiettes et aux nappes, pour que nous puissions véritablement construire une harmonie entre chacun des éléments d’art de la table.

Visuels: (c) Yada Photographies