Cet été, les Rendez-vous des Arts Culinaires font le tour de France des plus belles plages ! De Deauville à l’île de Ré, du Cap Ferret à Saint-Tropez, nous irons chaque semaine à la découverte d’une ville côtière française ! Chaque étape sera l’occasion d’explorer la région, rencontrer les artisans et les grands chefs, déguster les spécialités culinaires et retenir les plus belles adresses… Sur la plage abandonnée, coquillages et crustacés : cette semaine, «do you, do you» Saint-Tropez ?
L’histoire de Saint-Tropez est étroitement liée à la mer. En 599 avant J.C., les Phocéens s’installent à Marseille. Ces Hellènes originaires d’Asie Mineure créent alors un chapelet de stations de mouillage en Méditerranée, dont Athenapolis. Les marchands de passage, les Etrusques et les Grecs exportent par les voies maritimes le vin, l’huile et d’autres denrées alimentaires. La romanisation de la Gaule, elle, commence au milieu du deuxième siècle avant J.C. Dès le règne d’Auguste, les Romains développent la colonisation de la Presqu’île avec l’implantation de «villas» et l’extension des vignobles et des fermes tout au long du premier siècle de cette ère.

La ville de Saint-Tropez, anciennement San Torpes, doit son nom aux moines de l’Abbaye de Saint-Victor de Marseille. Propriétaires au XIème siècle de la presqu’île et de toutes les terres adjacentes, ces religieux bâtissent une chapelle qu’ils baptisent «Ecclesia Sancti Torpetis», en souvenir du martyr Torpes. Torpes, intendant de Néron fut martyrisé et décapité à Pise sur ordre de ce dernier, pour ne pas avoir voulu abjurer sa récente foi chrétienne. Son corps fut ensuite livré aux flots avec un coq et un chien dans une barque, portée par le courant Ligure, qui aurait alors échoué sur les rivages du golf en l’an 68 après J.C.
Au Moyen-âge, les hommes de la presqu’île de Saint Tropez délaissent la mer. Celle-ci revient cependant au cœur des préoccupations des nouveaux habitants qui s’installent à la fin du XVe siècle. L’activité de Saint-Tropez est alors entièrement tournée vers le large : pêche, petit cabotage (transport maritime), long cours et chantiers navals occupent la plupart des hommes du lieu. Même l’agriculture est conditionnée à l’activité maritime : les Tropéziens privilégient la culture de la vigne, le vin étant une marchandise riche la plus simple à exporter en grande quantité.

Au XIXe, puis au XXe siècle, l’espace maritime est le véritable moteur de la vie économique, sociale et culturelle de Saint-Tropez. Le passage de Maupassant et l’arrivée de Paul Signac marquent le début d’un nouvel âge d’or pour Saint-Tropez. Plus qu’un port de plaisance, Saint Tropez devient le rendez-vous de nombreux artistes, peintres, auteurs et cinéastes.
En 1470, alors que la presqu’île est désertée depuis un siècle, une convention est établie entre Jean Cossa, grand sénéchal de Provence, seigneur de Grimaud, et un gentilhomme génois, Raphaël di Garezzio qui s’installe avec une vingtaine de familles génoises. La nouvelle communauté s’engage à relever la ville et à la défendre, ainsi que les rivages avoisinants. En contrepartie, les habitants seront francs, libres et exempts de tout impôt. La renaissance est rapide : Saint-Tropez devient une petite cité dirigée par le seigneur et les consuls élus chaque année.

Après la Révolution, l’activité des chantiers navals de la marine marchande demeure forte jusqu’à l’avènement des bateaux à vapeur. L’arrivée du chemin de fer à Fréjus/Saint-Raphaël déplace le centre de gravité maritime vers l’est du département. En 1791, l’école d’hydrographie est créée ; elle forme jusqu’en 1914 les maîtres en cabotage et les capitaines au long cours.
A la fin du XIXe siècle et début du XXe siècle, Guy de Maupassant et Paul Signac découvrent Saint-Tropez et la font connaître au monde entier. Au moment où la marine en fer remplace la marine en bois, Saint-Tropez connait un nouveau destin artistique et culturel qui va préluder à l’engouement touristique, engouement encore vif aujourd’hui.

En gastronomie, Saint-Tropez est l’héritière d’une cuisine ensoleillée et épicée, où l’huile d’olive, l’ail et les produits de la mer en sont la base. Aïoli, anchoïade, tapenade, pistou : la cuisine du sud met en avant les produits et saveurs régionaux.
Il est cependant une spécialité qui est absolument indissociable de Saint Tropez et de son glamour : la Tarte Tropézienne. Ce gâteau composé d’une brioche au sucre garnie d’un mélange de trois crèmes a été créé au début des années 1950. Alexandre Micka, pâtissier d’origine polonaise débarqué en Provence, décide d’ouvrir une boulangerie pâtisserie à Saint-Tropez. Il ramène de Pologne la recette d’un gâteau brioché à la crème de sa grand-mère qu’il vend dans sa pâtisserie. En 1955, le film de Roger Vadim, Et Dieu… créa la femme est tourné à Saint-Tropez. Alexandre Micka est alors chargé de réaliser les repas pour toute l’équipe. Il présente cette fameuse tarte qui plaît à l’unanimité. Brigitte Bardot lui suggère même de la nommer « Tarte de Saint-Tropez » ; le pâtissier, lui, opta pour « Tarte Tropézienne ». La légende et la renommée de ce gâteau est née…

De petit port de pêcheurs à destination privilégiée, Saint-Tropez est aujourd’hui une ville côtière incontournable. Sable fin, eaux chaudes, vieille ville, culture du soleil, Saint-Tropez symbolise les vacances de luxe et la détente haut de gamme. Il ne reste plus qu’à choisir son « Itsi Bitsi Petit Bikini »…
Visuels : © Ville de Saint Tropez
Source : © Ville de Saint Tropez